Lettre ouverte à Martine Aubry et aux dirigeants du Parti Socialiste

Publié le 08 juin 2009 par Jeunegarde

Voilà, c’était annoncé, prévu, envisagé : le PS a réussi son score le plus pitoyable hier lors des élections européennes. Ce parti européen, internationaliste n’a pas réussi à catalyser les voix des électeurs de gauche, car le parti socialiste n’apparaît plus aujourd’hui comme un débouché politique pour le peuple de gauche. Où est passé le PS de Jaurès, de Blum, de Mitterrand ? Où est passée la force d’un programme de gauche permettant d’offrir espoir et alternative à la droite ? L’heure est grave, et même s’il y a de l’espoir en germe dans le score d’Europe Ecologie ou du Front de Gauche, le Parti Socialiste, traditionnellement premier parti de gouvernement à gauche, ce parti est malade.

Cette maladie est en germe depuis longtemps. Depuis le 21 avril 2002, tout est là : les contradictions, les non-dits, la rupture entre une élite d’apparatchiks à Solférino et la base, les militants, le “peuple de gauche” auquel s’adresse le parti socialiste. Que s’est-il passé depuis 2002 ? Y a-t-il eu une profonde prise de conscience chez les socialistes? Y-a-t-il eu une révolution copernicienne permettant de retrouver les fondamentaux socialistes? Non, et c’est bien là le problème.

Où sont passé les héritiers de Jaurès, de Badinter, défenseurs des libertés publiques ? Même ce champ intimement lié à l’identité socialiste a été abandonné par le cénacle de dirigeants du PS aujourd’hui … Il n’y a qu’à voir le triste exemple de la loi HADOPI ou encore l’affaire Julien Coupat : quels engagements a pris le PS ? quelle bataille a-t-il menée sur ces fronts? Quelle “utopie”, quel projet de société au sens le plus noble du terme le Parti Socialiste a -t-il construit et proposé aux citoyens du 21ème siècle ? Quelle vision socialiste offre-t-on aux Français et aux européens d’aujourd’hui ?

Sarkozy ne peut et ne doit pas être une excuse à cet échec. Sarkozy est excellent, il dirige d’une main de fer l’UMP et a su rassembler son électorat. Cela ne peut pas être une excuse. L’échec du parti socialiste n’est dû qu’à lui-même, oui, comme l’a dit Martine Aurby hier soir “je ne cherche pas de raison à cet échec en-dehors du Parti Socialiste”. Mais après ? Le diagnostic est posé, il l’est depuis longtemps : dès 2007 le diagnostic était le même. Quelles solutions, quel débouché ? Taper sur François Hollande ou les dirigeants d’hier du PS n’est pas admissible. Les responsabilités sont collectives, mais il faut que la direction du parti en prenne toute la mesure. Etre un parti d’élus c’est bien, c’est indispensable. Mais être à l’écoute de la base, faire vivre la démocratie du parti, proposer un idéal socialiste, c’est encore mieux. Comment croire que les dirigeants du PS croient à leurs discours social quand ils apparaissent comme une élite coupée du peuple et de ses réalités, sans comprendre en aucune manière les souffrances et les enjeux du “petit peuple”. Il n’est pas ici question de faire du populisme, mais de retrouver l’essence même du socialisme ! Où sont passés les “rénovateurs” du NPS ? Que dire quand on voit aujourd’hui Montebourg devenir la caricature de ce qu’il dénonçait hier ?

Le Congrès de Reims a été un faux Congrès : aucune ligne politique n’en est sortie. Ce Congrès n’a pas tranché, le PS est empêtré dans ses contradictions, plus préoccupé des égo de ses dirigeants que des idées politiques à proposer. Quand  le PS renouera-t-il avec les artistes, les intellectuels, mais aussi les citoyens ? Quand les “éléphants” cesseront de penser davantage à leur carrière qu’à leurs convictions et leurs engagements? Quand aura-t-on des élus socialistes qui ne seront plus des “professionnels” de la politique ?

Il n’est pas possible que rien ne se passe aujourd’hui. Il n’est pas possible que des etats généraux ou un Congrès exceptionnel ne soient organisés. L’heure est grave, le désespoir des militants et des électeurs du Parti Socialiste est immense. Il n’est pas possible que cela ne débouche sur rien, que cela ne trouve aucun débouché. La défaite d’hier doit aboutir à de profonds changements. Il ne faut plus confondre la fin et les moyens. La question des alliances (Modem, gauche…) est un moyen, cela ne peut pas être l’objet d’un Congrès (comme à Reims). Où sont passés les débats sur la fin, sur le but du socialisme? Relisez Jaurès, revenez aux fondamentaux. S’il le faut, une scission ne pourra être évitée, Mélenchon l’a compris depuis longtemps. Le PS ne peut plus se voiler la face : “trancher” est aujourd’hui indispensable.


Tags: PS

Related posts