Quatrième album de Patrick Watson, j'attendais Wooden Arms avec fébrilité. Pouvait-il renouer avec les cimes atteintes lors de ses deux précédents opus : Just Another Ordinary Day (2005) et surtout Close To Paradise (2006) qui lui a permis d'obtenir une reconnaissance internationale amplement méritée ? J'avoue, j'admire ceux qui ont rapidement pu faire une chronique de cet opus, vraiment, une galette comme celle-là à chroniquer si rapidement après sa parution le 28 avril 2009 c'est presque une cadeau empoisonné. Car écouter Patrick Watson (sans oublier son équipe de musiciens, of course), ce n'est pas écouter n'importe quel chanteur, on le compare souvent à Jeff Buckley et à Radiohead pour son côté aventurier/expérimental. C'est justifié et en même temps pas vraiment... Patrick Watson possède davantage une voix que l'on peut rapprocher à celle d'Antony sans la puissance lyrique mais dans la même intention (+ intensité), Jeff Buckley est sans conteste unique et plus universel. Quand à la comparaison à Radiohead, elle tient la route, mais je préfère de loin la musique de Patrick Watson qui me semble à la fois plus abordable et fantasmagorique.
Si dans son précédent album, il s'approchait du paradis, il vient assurément avec ce nouvel album d'en découvrir les clefs pour y accéder. J'ai adoré Close to Paradise mais j'ai une légère préférence pour Wooden Arms qui me semble à la fois plus expérimental et accompli. C'est difficile à expliquer d'une façon intellectuelle car la musique est avant tout (pour moi) une expérience sensorielle inouïe, je n'arrive plus à réfléchir, c'est physique. La musique de Patrick Watson est typiquement une expérience sonore inoubliable, unique en son genre. Plongée en apnée dans son univers céleste sur le dreamy Fireweed qui est bouleversant de par sa beauté plastique. Plus expérimental, Tracy's Waters est un enchantement pour les oreilles avec une nouvelle gamme d'instruments incongrus venant enrichir l'univers musical de Patrick Watson. Bejing me fait furieusement penser à l'univers d'Ozark Henry (en écoute lors de ma chronique ici), une chanson qui oscille entre un refrain très puissant, fédérateur et des moments plus alternatifs avec des percussions prenantes. Un morceau unique, un petit chef d'oeuvre lumineux.
Wooden Arms est le duo attendu entre la sublime Lhasa et Patrick. Plein de poésie, aérien, magnifiquement arrangé, cette plage bohème est somptueuse. Un bijou. Hommage est un instrumental d'une élégance folle, remplie d'émotions. Traveling Salesman renoue avec une atmosphère foraine à la fois aérienne et sombre. Excellent. A Big Bird In a Small Cage est le deuxième duo folk partagé cette fois-ci avec Katie Moore qui fait partie des plus jolies voix féminines de la scène folk montréalaise (il faut absolument que je découvre ses travaux ! pour en rappeler ultérieurement). Encore une merveille à ajouter au catalogue de Patrick Watson ! Down At The Beach est un nouveau morceau instrumental riche, élégant, émouvant. Moi qui ne raffole pas de la musique intrumentale, j'y succombe avidement en la compagnie de ce groupe surprenant. Débutant sur un fil ténu, l'acoustique folk Man Like You s'avère d'un raffinement absolu. L'atmosphère de Where The Wild Things Are est orienté de façon plus cinématographique, à l'image d'un générique d'un film de Burton ou de Lynch. Envoûtant et inquiétant. Superbe. Machinery Of The Heavens clôture sur une note enlevée. Une fin folk roots des plus flamboyantes.
Un album magistral qui s'impose comme l'un des meilleurs de 2009. Incontournable.