Je l'annonce tout de suite, je ne vais pas faire preuve d'une objectivité imparable pour parler d'un film anglais, réalisé par Richard Curtis (le scénariste/réalisateur saint père de la comédie british : Bridget Jones, Love Actually, Mr. Bean, 4 mariages et un enterrement, Coup de foudre à Notting Hill ...) avec une bande son rock 60's. Mais tout de même Good Morning England est THE film à ne pas louper si vous aimez : le rock / les comédies déjantées / les répliques absurdes / les looks d'enfer. Le titre original - The boat that rocked- est beaucoup plus explicite sur le contenu du film que son titre franchouillard qui ne veut franchement rien dire.
Voici l'histoire : Carl est un gamin de 18 ans un peu paumé qui fume trop de joints, sa mère juge bon de l'envoyer réfléchir auprès de son parrain Quentin, big boss de Radio Rock, un paquebot émettant la radio pirate du même nom avec une bande de joyeux lurons, quelque part dans la mer du Nord. Mais nous sommes en 1966, et à l'époque, la BBC ne kiffe pas vraiment les riffs de Jimi ou les préparations à base de sucre roux des Stones (erreur chronologique de ma part, Brown Sugar est sorti en 1971 mais il faut bien trouver une référence à la drogue, et moi je fais ce que je peux voyez-vous !) et ne diffuse même pas une dizaine d'heures de rock'n roll par semaine (mais comment faisaient-ils ?).
Mission de Radio Rock : libérer les rosbifs obligés d'écouter leur musiques préférées sous un oreiller et leur donner du swing, du subversif. Rock'n roll attitude quoi !
Le boss de Radio Rock est le subtil Bill Nighy (prononcer Naïfi) alias Quentin, qui incarne le flegme britannique dans tout son génie, en annonçant un naufrage certain du bateau de la même façon qu'il préviendrait que les red beans du breakfast sont cuits. Celui-ci veille avec soin sur son équipage de DJs : Mark le ténébreux, Simon l'amoureux un peu niais, Gavin l'américain condescendant cinglé, Felicity la lesbienne un peu timide, bref tout ce petit monde cohabite dans la joie, la bonne humeur et la bonne musique of course ! Radio Rock est cependant menacée par le ministre du Labour Party incarné par un Kenneth Branagh désopilant, prêt à tout pour faire respecter le monopole de la radio d'état. Vous vous en doutez, l'équipe de fous furieux de Radio Rock a plus d'un tour dans son sac pour résister !
Good Morning England semble donc fortement inspiré de l'histoire de Radio Caroline, l'une des premières radio pirates qui émettait en anglais au large des côtes britanniques.
La BO est juste parfaite pour ce film, j'en aurais dansé dans la salle de ciné : on écoute the Who, Van Morrison, les Beach Boys, the Supremes, Otis Redding, David Bowie, The Kinks of course ... Et on remercie les anglais pour cela. Parce que s'ils ne sont pas doués pour faire cuire la viande rouge, on ne peut pas leur enlever leurs talents de musiciens !
En filigrane, on retrouve les thématiques plus « sérieuses » de l'évolution des mœurs, de la liberté d'expression et de la lutte contre un monopole d'état. Et lorsque le ministre prononce la phrase « lorsqu'une pratique devient trop gênante dans un pays, il suffit de créer une loi qui l'interdit », ça ne vous rappelle rien ?
Bref, for God's sake, courez voir ce film si vous ne l'avez pas encore fait, celui-ci est beaucoup plus palpitant que mon cours de « structure des médias » lorsque j'étais à la fac de lettres ! A suivre, les chroniques de ce que nous offre le cinéma britannique en ce moment : l'excellent Toute l'histoire de mes échecs sexuels, Looking for Eric, Un mariage de rêve ...