« Mais quand Spirou entre par hasard dans une mansarde, qu'il y croise une Anne Franck qui même recluse arbore son étoile jaune, sous une poitrine naissante, et quand elle supplie Spirou de lui donner un baiser où sommes-nous ? Nous sommes dans un moment qui combine de façon abominable une vision caricaturale de la femme, de l'amour, des juifs, de la déportation et de l'éveil des sens. »
ActuaLitté : « Le point le plus critiqué par Joan Sfar est le passage dans lequel Spirou croise et embrasse une Anne Franck de fiction : antisémitisme latent ou maladresse ? »
Pascal Ory : « Je ne trouve pas dans cette séquence de quoi fouetter un chat, même de rabbin. En revanche, je considère cet album, globalement, plus vulgaire que complaisant sur le plan politique. Je crois qu'on peut en faire une analyse plutôt stylistique, presque éthique, que franchement politique. Le point important devient alors le fait qu'un tel album, qui tape dans toutes les directions, est significatif du XXIe siècle. On en arrive à un stade où l'on pense pouvoir traiter cette période de façon grotesque. C'est un choix. Mais, il peut faire l'objet d'interprétations diverses et variées de chacun d'entre nous.
On peut penser par exemple à La traversée de Paris, sorti juste avant le retour au pouvoir du général De Gaulle, qui donnait déjà une image anarchiste de droite, je dirais, de la situation. Cette image est ensuite devenue insoutenable pendant un certain temps. Je crois que nous sommes entrain d'y revenir. »
En somme, entre l'antisémitisme latent et la maladresse, il y a le parti pris esthétique discutable...