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Mea culpa

Par Pierreh66
réalisé en atelier d'écriture. Expressions idiomatiques imposées: faire grise mine, feuille de chou, un gros bonnet, être bon prince , dire amen, avoir l'heur de plaire, nuit blanche, en à crever les yeux et main de maître.
Le commissaire avait introduit la pièce peu avant l’aube, il fit grise mine à ses collègues et, d’un œil averti, observa la scène du crime. La voiturette du célèbre écrivain était postée juste devant le bureau. Perplexe, il se demanda comment ce paraplégique avait bien pu se retrouver ainsi à quinze pieds de sa chaise, baignant dans son sang.
Philippe Lanctôt avait commencé sa carrière en écrivant des textes dans les journaux locaux et dans des magazines spécialisés que l’on pouvait qualifier de feuilles de chou notoires. Dans son parcours chancelant, la fatalité lui fit le pied de nez, il fut victime d’un accident de Harley qui lui fit perdre l’usage de ses quatre membres. Sa vie bascula dans un enfer, dans une tourmente insidieuse, dans une avenue sans issue.
Après des mois d’acharnements et de durs labeurs, il prit du gallon. Fort du succès de son premier livre traitant de la pensée positive, un gros bonnet du monde de l’édition lui proposa une alliance alléchante et lucrative. Il ne fut pas difficile d’être bon prince et de dire amen à la proposition et il se retrouva célèbre et riche, se pavanant, avec sa BMW électrique, devant des caméras et dans des banquets de cravates et de marées d’étudiants. Il avait l’heur de plaire à ces auditeurs et ce fut le début de son ascension, son ascension qui l’éleva vers les hauts sommets depuis bientôt trente ans.
Une autre nuit blanche s’acheva, il prit son Mont-Blanc et inscrit le titre sur la page du manuscrit de son dernier rejeton. Il qualifia ce dernier d’authentique et digne de mention, les autres étant plus que médiocres à ses yeux, mais ses lecteurs n’y voyaient que du feu. Cela crevait les yeux, son succès était basé sur son handicap et il avait joué de main de maître avec ce constat, il avait bâti son empire, maintenant devenu sa prison, son donjon.
C’était l’heure, il se leva de sa chaise et s’avança dans la chambre. Face au miroir, il fit une révérence et sortit un Colt de la poche de son Armani et l’enfonça dans sa bouche. Il tomba face contre terre.
L’inspecteur s’agenouilla près du cadavre et tira sur le document ensanglanté. Il l’ignorait à ce moment, mais il tenait toute l’énigme du mystère dans ses mains. En gros caractères, nous pouvions lire : Autobiographie de Philippe Lanctôt - Autopsie d’un mensonge.

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