Arabology : Yasmine a voté !

Publié le 07 juin 2009 par Gonzo


Pour ceux qui l’auraient manqué, les principaux extraits d’un article (texte complet ici) publié dans Le Monde du samedi 6 juin, à propos de la sortie d’Arabology, un disque réalisé par YAS, à savoir le musicien électronique Mirwais et Yasmine Hamdan, la chanteuse du groupe Soap Kills (par ailleurs compagne du cinéaste palestinien Elia Suleiman).

Les deux journalistes, Odile de Plas et Véronique Mortaigne, saluent la sortie du disque avec cette formule, particulièrement bien trouvée  : “un disque géopolitique” !

Déjà diffusé sur Internet, le clip Get It Right a été réalisé par le photographe basé à New York Stéphane Sednaoui. Tourné au Caire, il donne le ton : celui de l’émancipation. Sur rythmes robotiques et mélodie veloutée, Yasmine y incarne une femme libre, motarde casquée, vêtue de cuir, fêtarde de night-clubs cairotes, cosmonaute aux cheveux volants. Pour le final, deux images : la pyramide de Gizeh face aux antennes satellitaires. Ce traité d’arabité moderne n’hésite pas à sampler les pionniers tatillons de l’électronique allemande, Kraftwerk, notamment dans le titre qui clôt l’album, A-Man. Les paroles, en arabe, ont été inspirées à Yasmine “par Ella Fitzgerald et Louis Amstrong, qui chantaient “I like potato, you like potaato, I like tomato, you like tomaato”. Les tomates sont importantes, parce que pendant la guerre au Liban les miliciens demandaient à ceux qui voulaient passer les barrages de prononcer le mot tomate, afin de déterminer selon l’accent s’ils étaient libanais ou palestiniens”. (…) Yasmine est née à Beyrouth, en 1976. “Je ne sais pas dans quel hôpital, car ma mère a dû changer au dernier moment à cause des combats.” Fille d’un ingénieur civil, enfant de la guerre, elle déménage, d’Abu Dhabi en Grèce, puis au Koweït, où sa famille est surprise par l’invasion irakienne en 1991. Le tout entrecoupé d’allers-retours au Liban selon les périodes de trêve. Pour renouer le lien panarabe, Yasmine écoute des musiques plus anciennes, Mohamed Abdel Wahab, Oum Kalsoum, Asmahan, Nour Elhouda. “Ils m’ont donné petit à petit envie de chanter en arabe”. “Cette langue possède une charge émotionnelle énorme, dit Mirwais. Mais une charge négative s’est imprimée depuis la révolution iranienne - alors qu’en Iran on parle le farsi. Et il est temps d’en finir. En Occident, on oscille trop souvent entre cette vision ultranégative - misère, pauvreté, dictature, fanatisme - et la vision orientaliste, exotique, du XIXe siècle.”(…) Les amateurs de musique arabe n’auront pas à être convaincus. Mais les jeunes issus de la culture pop, oui, dit Mirwais. “Là, il y a un trou béant. La culture arabe n’est absolument pas représentée.” C’est pourquoi Arabology est important : replaçant le monde arabe au centre de la création contemporaine, c’est un disque géopolitique.

Plus que le site des Soap Kills (inactivé depuis septembre 2008), c’est ce site de musique underground libanaise qui mérite d’être visité. On y annonce en particulier, les 17 et 18  juin, un concert gratuit à Paris.  Avec le soutien de l’Office du tourisme du Liban, se produiront Lumi, Scrambled Eggs, Rayyess Beck et… The New Government !

Un nouveau gouvernment au Liban ? La chose n’est pas impossible après les élections législatives de ce dimanche.  En tout cas, et quels que soient les très probables commentaires sur les “risques de radicalisation” dont on va sans doute nous abreuver à la lecture des résultats, Yasmine Hamdan, et les autres jeunes créateurs du monde arabe, ont déjà voté, pour une “mondialisation et une modernité vécue corps et âme” (قلبا وقالبا) comme le dit cet article en arabe sur un blog qui offre un très bon suivi de la musique arabe alternative.

Il faut ABSOLUMENT aller sur le site de YAS / pour visionner la vidéo évoquée dans l’article du Monde et réalisée par Philippe Sidnaoui. Le photograhe français s’est amusé à citer son nom, en arabe, dans le clip : à vous de le découvrir avec cette vision décoiffante d’un Caire ultracontemporain, authentiquement mondialisé !…