Magazine

Devenir prof indépendant (I) : étude et analyse de la demande et du marché du soutien scolaire et des cours particuliers

Publié le 07 juin 2009 par Didierk

Vraisemblablement suite au (relatif…) succès de ce blog, je suis souvent contacté par des personnes qui me demandent des conseils pour devenir prof indépendant.

J’ai par conséquent décidé d’écrire une série de billets qui seront consacrés à cette activité professionnelle : le marché des cours particuliers et du soutien scolaire, quel statut choisir, comment se faire connaître pour trouver des élèves,…

Ce billet, premier de cette série, va tenter d’apporter quelques données factuelles et éléments chiffrés relatifs au marché du soutien scolaire : quelle demande, et quel marché en terme de chiffre d’affaires global.

Les attentes des parents

La réussite scolaire, première préoccupation des parents

C’est en tout cas ce que montre une enquête TNS-Sofres de 2004(1) : 53% des parents d’enfants de 10 à 16 ans citent la réussite scolaire comme première de leur préoccupation.

La situation a-t-elle évolué depuis 2004 ?

Chômage de masse, précarité grandissante, crise écologique, “diplômite” voire “sur-diplômite”,…, et plus généralement un sentiment diffus de perte de confiance dans l’avenir restent au cœur des préoccupations.

Face à ce constat, force est de constater que pour beaucoup de parents, la réussite scolaire et sa conséquence première, à savoir un “bon” diplôme, semble la meilleure solution pour assurer à leurs enfants un avenir sinon radieux du moins pas trop sombre.

Le soutien scolaire, solution pour déjà près d’un parent sur deux ?

Que ce soit la suite de l’enquête TNS-Sofres(2), ou un sondage CSA/La Croix/UNAPEL de 2005(3), plus de 40% des personnes interrogées déclarent avoir déjà fait appel à du soutien privé.

Et ces mêmes enquêtes montrent que 75% des personnes interrogées sont prêtes à y recourir si leur enfant rencontre des difficultés scolaires.

On notera qu’une enquête IFOP(4) fait quant à elle état de 15% de parents ayant déjà eu recours au soutien scolaire.

Le secteur économique du soutien scolaire manque de données fiables; ainsi, on évalue entre 850.000 et deux millions le nombre d’élèves concernés.

Le soutien scolaire, en quelles classes, dans quelles matières, pour quel objectif ?

Le rapport du sociologue Dominique Glasman “Le travail des élèves pour l’école en dehors de l’école”(6) établi en 2004, l’avis du Haut conseil de l’évaluation de l’école(7) à propos de ce rapport, ainsi que la Lettre de l’Institut National de Recherche Pédagogique “Le soutien scolaire entre éducation populaire et industrie de service”(5) établissent que la demande de cours particuliers est d’autant plus importante que l’on se rapproche des niveaux où se décident les examens et les grandes orientations.

Combinés avec l’enquête IFOP(4), on peut estimer que le soutien scolaire concerne d’abord les lycéens (50%), puis les collégiens (40%) et enfin le primaire (10%).

En ce qui concerne les disciplines pour lesquelles les élèves prennent des cours, les maths se taillent la part du lion (la moitié des cours), puis les sciences physiques et les langues vivantes.

Le français reste néanmoins important au collège.

Quant aux attentes des parents, l’amélioration des notes, la préparation aux examens (bac) et la recherche de l’excellence tiennent le haut du pavé.

L’aide aux devoirs

Il existe une demande forte des parents, peu ou pas soulignée dans les enquêtes, en terme d’aide aux devoirs, c’est d’ailleurs dans ce sens qu’il convient à mon avis d’analyser les chiffres relatifs au soutien scolaire à l’école primaire.

L’objectif est moins d’enseigner à domicile une matière précise que d’aider l’enfant (en primaire ou jeune collégien) à faire ses devoirs, voire d’aller le chercher à la sortie de la classe.

En résumé : une demande forte en maths et en langues étrangères dans l’objectif du bac

En synthétisant les données disponibles, la demande la plus forte se situe au lycée (bac et dossiers d’admission dans les filières post-bac obligent), et ce pour les matières réputées les plus sélectives, à savoir les maths, les sciences physiques et les langues étrangères.

Le marché du soutien scolaire

Un marché annuel de 2,5 milliards d’euros dont 80% d’économie souterraine

On trouve ce chiffre dans le rapport 2007 du groupe Xerfi(8) consacré au marché du soutien scolaire; d’autres études font état d’un marché qui ne serait “que” de un milliard d’euros.

Si il semble que l’on éprouve des difficultés à estimer le montant annuel global de ce marché, toutes les études et tous les rapports, qu’ils soient consacrés au soutien scolaire ou plus généralement aux services à la personne, s’accordent pour estimer à 80% la part d’économie dite “souterraine” - en clair, le paiement en espèces non déclaré des prestations.

Qui bénéficie des 20% déclarés ? Rapports et études se focalisent sur les organismes de soutien scolaire, ignorant les “indépendants” (salariés en CESU, autoentrepreneurs, gérants de sociétés unipersonelles, professions libérales,…), qui, il est vrai, sont assez peu nombreux à exercer la profession de “Prof particulier indépendant”.

Certains articles de presse qui reprennent ces études sans connaissance particulière du marché, certains dossiers de presse d’organismes de soutien scolaire, font d’ailleurs de douteux amalgames entre “payé au noir” et “particulier”.

Les SAP (Services À la Personne) dopés par l’État

La loi du 26 juillet 2005 relative au développement des services à la personne comportait plusieurs dispositions qui ont donné un considérable coup de fouet à ce secteur économique : création du

nouvelle fenêtre
CESU (extension du système “chèque emploi service”), et dispositions fiscales intéressantes (taux réduit de TVA à 5,5 % et réduction d’impôt égale à 50 % des dépenses engagées pour l’emploi d’un salarié à domicile).

On pourra consulter à propos des SAP deux imposantes et extrêmement intéressantes études sur les services à la personne : un rapport de 2005 du Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale(9) et un rapport de 2007 du Conseil Économique et Social(10).

Les multiples données que l’on peut trouver sur le site de l’

nouvelle fenêtre
Agence Nationale des Services à la Personne conduisent à une estimation d’un chiffre d’affaires 2008 de 16 milliards d’euros réalisé par 15.000 structures agréées.

Il ne faut pas se leurrer à propos de cet “agrément par l’État” : l’agrément simple qui concerne entre autres les entreprises de soutien scolaire est délivré a minima, a priori, purement déclaratif, et ne peut renseigner en rien sur la qualité du service rendu - voir mon billet relatif au Soutien scolaire agréé par l’État.

Un marché en croissance régulière

Les études s’accordent sur un chiffre de croissance annuelle globale du marché de l’ordre de quelques pour cent par an, de 2 à 5, selon les sources; les organismes de soutien scolaire connaissant eux une croissance à deux chiffres.

On peut expliquer aisément ce phénomène par l’augmentation des prestations déclarées au détriment des cours payés “au noir”.

Références

  1. nouvelle fenêtre
    Enquête TNS-Sofres de 2004 : Les Français et le soutien scolaire (1ère partie)
  2. nouvelle fenêtre
    Enquête TNS-Sofres de 2004 : Les Français et le soutien scolaire (2ème partie)
  3. pdf
    Sondage CSA/La Croix/UNAPEL de 2005 : L’accompagnement scolaire
  4. pdf
    Étude IFOP/Acadomia de 2005 sur le soutien scolaire
  5. pdf
    Le soutien scolaire entre éducation populaire et industrie de service
  6. pdf
    Le travail des élèves pour l’école en dehors de l’école
  7. Avis du Haut conseil de l’évaluation de l’école : Non disponible
  8. pdf
    Le marché du soutien scolaire
  9. pdf
    Les services à la personne
  10. pdf
    Le développement des services à la personne

Lien vers tous les billets de la série “Devenir prof indépendant”


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Didierk 110 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte