Dans le cadre de la soirée électorale consacrée aux résultats des élections européennes, France 3 a carrément fait son choix contre l’entrée de la Turquie dans l’Europe.
Jusqu’ici TF1 avait essayé de nous préparer, France-Turquie le vendredi soir, le Grand Prix de Formule 1 de Turquie le dimanche après-midi… Mais France 3 martèle le message en programmant le péplum Troie [France 3 ; 20h35] plutôt que deux nobles épisodes de l’Inspecteur Barnaby…
Parce que Troie, c’est quand même une bande d’Européens de cités diverses qui se réunissent pour taper les pauvres gars de l’autre côté du Bosphore (tout ça, dans ce film précisément, pour une Allemande). Mais bon tout le monde connaît l’histoire, et nous n’en dirons pas plus, sur la trame si légère de cette aventure homérique, ni sur le parallèle gros comme moi que France 3 propose aux Stambouliotes et autres Ankariotes.
Troie se dénote des autres péplums sur plusieurs fondamentaux. Déjà, il y a du Brad Pitt dedans, un peu tristoune et ronchonchon, il dynamite l’image habituelle d’Achille qu’on s’imagine plus bourrin et inconséquent. Il y a des Troyens pas si méchants. Eric Bana en tête qui campe un Hector qui passe pour le Monsieur (et aussi le grand couillon) de l’aventure. Il y a un usage de l’imagerie numérique qui repoussait plus loin encore les limites du péplum que ne l’avait fait Gladiator quelques années auparavant.
Mais le point PHENOMENAL de ce film (et peut-être même l’unique), c’est à mon avis, le caractère athée de ce péplum mythologique. Aucune apparition des Dieux, aucun prodige, aucun miracle, aucune prophétie (même pas un bout de Cassandre), du tout rationnalisé au possible, empaqueté pesé, jusqu’à la mort d’Achille (ah mince, je vous ai raconté la fin) à cause de son talon…
Zeus doit s’en retourner dans sa tombe.