Un début de week-end qui s’annonce tranquille, enfin…
Mais c’est sans compter le téléphone et l’appel d’une amie qui me propose de l’accompagner chez celui qui est «bien plus qu’un marchand de meubles».
Il me semble bien que l’entreprise s’annonce périlleuse et que nous ne risquons pas de souffrir de solitude effrénée mais bon pourquoi pas ?
Le parking, vu son taux d’occupation digne d’une veille de Noël, nous permet de bénéficier d’une séance d’entraînement quasi marathonienne. Entre distance conséquente et slalom entre caddies et conducteurs agacés, j’aperçois enfin l’entrée. Victoire ! Fatale erreur…
Comme imaginé, les allées sont bondées, les vendeurs débordés. Une petite table blanche fort sympathique attire mon regard : on la trouve allée 23, casier 12. Je note méticuleusement la référence. L’amie initiatrice de l’expédition jette son dévolu sur un transat au format généreux. Je m’inquiète de notre capacité à transporter l’engin vu la petitesse du véhicule. On me confirme, «Pas de panique, ça rentrera.». Je doute du caractère pliable du fauteuil, constitué d’osier tressé et d’une structure en fer forgé mais soit, admettons. Loin de moi l’idée de lui saper son enthousiasme devant l’objet, que je sais convoité depuis longtemps.
Quelques babioles rigoureusement indispensables du type serviettes en papier, bougies, miroirs, pailles ou couverts en plastique atterrissent dans le sac. Comme à chaque passage je m’interroge sur l’utilité de tels achats et comme à chaque fois je recommence. Un réflexe pavlovien peut-être ? Il faudra creuser cette question à l’occasion.
Nous parvenons, non sans mal à cause de nos achats et de la foule qui se presse, à la zone d’enlèvement. Je cherche l’allée 23 qui bien évidemment ne se trouve pas entre les allées 22 et 24 mais face à la 15 (la numérotation suédoise sans doute ?). Je m’approche du casier 12 qui se reconnaît aisément en raison du vide qui le caractérise, et me mets en quête d’un conseiller qui me confirme que «Oui, malheureusement, la table n’est plus disponible mais sera prochainement remplacée par un modèle équivalent, plus grand et de couleur rouge.». Formidable… Je préfère renoncer plutôt que d’envisager de redécorer mon intérieur dans sa totalité.
La ligne de caisses se profile, derrière une cohorte de cartons de tous formats. Une lueur d’espoir se profile quand nous apercevons une jeune fille qui ouvre un guichet. Une vélocité record nous permet de nous faufiler auprès d’elle, non sans avoir au passage suscité quelques grognements, bien mérités d’ailleurs.
Enfin, la sortie devient une réalité. Ouf…
Mais le plus dur reste à faire. Comment réussir à insérer un meuble de terrasse dans une micro voiture pourvue de deux petites portes ? Heureusement, celle-ci est pourvue d’une capote qui, une fois ouverte, permet de glisser le transat par le toit et d’envisager un retour en zone civilisée en limitant les risques. L’affaire est rendue compliquée par les nombreux fous rires qui ponctuent l’opération. Les clients qui nous croisent ne manquent pas non plus de s’amuser
du spectacle. Sans rancune. Les occasions de rire étant rares, nous partageons bien volontiers !
Ma copilote empoigne les barres métalliques afin d’éviter la perte du graal. J’ai l’impression de conduire affublée d’un Panama, mais c’est plutôt une plaque de rotin bien moins élégante et confortable qui me protège du soleil. Les arrêts au feu rouge sont autant d’occasions de reprendre notre sérieux, enfin d’essayer…
Nous parvenons sans encombre au pied de son immeuble et déchargeons. Je passe sous silence la montée des escaliers, la difficulté à passer le chambranle (ce qui me fait regretter amèrement de ne pas avoir étudié l’ébénisterie) ou encore la dépose de l’objet…
Je rentre chez moi, nantie de mes bricoles made in Sweden et d’une féroce envie de me jeter sur le canapé.
Il est 17h. Le week-end va vraiment commencer et, promis, je ne décroche plus le téléphone.