Chères Lectrices, chers Lecteurs, si vous disposez d'une adresse Email chez Hotmail, alors je suis dans l'incapacité de vous envoyer le moindre courriel, à fortiori ma niouzlêteur que certains d'entres-vous m'ont demandée. Comme toujours chez Microsoft, la raison est hautement technique (cf. "Windows a rencontré une erreur et doit fermer...") et tient de l'incompatibilité entre les atomes de silicium du serveur Hotmerde et la chute des stock-options de Bill Gates.
Bien entendu, je ne peux pas vous demander de changer de provider, mais si vous étiez insatisfaits des services de Hotmail et souhaitiez en changer pour quelque chose de plus... ouvert, de plus compatible, de moins contraignant, de moins Microsoft, bref, de plus mieux, alors je ne saurais que trop vous conseiller GMail (aujourd'hui le top de la boîte de messagerie), sinon LaPoste (certes moins top que son concurrent, cependant il fait son boulot correctement).
Fin du message personnel
Il est comme ça à Prague, des monuments historiques sur lesquels vous ne trouvez pas beaucoup d'information. Ils ne sont pratiquement jamais mentionnés tellement ils semblent être totalement anodins (et parfois même ils le sont réellement), toutefois l'environnement qui les entoure (autour), c'est à dire le contexte historique, le lieu où ils se trouvent, et/ou les gens qui leur sont liés, leur octroient une importance paradoxalement fantastique. Et notre église d'aujourd'hui en est un exemple flagrant. Cette publie est donc consacrée à un petit édifice dans la nouvelle ville de Prague 2, sur l'ancienne route principale qui reliait Prague à "Vyšehrad" en passant par la rue Brûlée devant St Jean sur le roc.
Au tout début, avant même l'arrivée du bon roi Charles IV aux commandes du drone de la Bohême, le terrain où se trouve notre église appartenait au chapitre de "Vyšehrad". Il est même fait mention dans un écrit de 1321 d'une églisette, pas grande, mais propriété du chapitre. Ensuite, lors d'une partie de poker avec le chanoine, le bon roi Charles IV récupéra tous les environs où il y fonda sa nouvelle ville de Prague (8 mars 1348).
D'extérieur, notre édifice ressemble bien à une église. La première chose que vous ne pouvez pas louper, c'est la tour frontale. Elle mesure 38 m de haut, et même si ce n'est pas spécialement visible sans qu'on vous le dise, elle penche fortement d'un côté (apparemment le plus de toutes les tours de la ville aux cent tours) au point qu'il existe une différence de quelques 60 cm entre son sommet et sa base par rapport à la verticale toute droite.
D'intérieur, la première chose qui surprend c'est l'espace, enfin le plan pratiquement carré.
Parmi les décorations, vous ne pouvez pas louper l'iconostase. Elle provient de Ruthénie subcarpatique (aujourd'hui en Ukraine), territoire qui entre les 2 guerres appartenait à la République tchécoslovaque. L'objet est en bois de tilleul (calmant mais diarrhéique à forte dose) et sépare l'abside (le choeur) de la nef. De nombreuses icônes y sont incrustées: une croix, une sainte trinité, des saints orthodoxes et un sticker Coca Collé... Notez les splendides personnages sur les portes tsariennes: la vierge Marie, l'archange Gaby, St Jean, St Matthieu, St Luc, St Marc et St Ménage. Par "tsariennes", comprenez non pas "tsar" dans le sens empereur de toutes les Russies, mais chef, souverain, supérieur.
Quelques éléments lapidaires. Derrière l'iconostase se trouverait la pierre tombale d'un certain "Deym ze Stříteže", mais je ne me souviens plus duquel, et je n'ai pas de photo non plus (Strogoff = hérétique = vade retro Satana). Sous le tapis, si l'on vous le soulève, vous pourrez apercevoir la pierre tombale d'entrée dans la crypte des moines servites. Elle porte la mention "Fratrum Ordinis Servori Beatate Mariae Virginis" (signifiant "faites gaffe à pas vous prendre les pieds dans l'tapis"), au milieu se trouve une couronne (de lauriers?) où s'entrelacent la lettres S dans un M ("Servus Mariae" ou "Sados Maseum"?) et encore en dessous "Requiescat In Pace" (RIP = Relevé d'identité postale).
Et maintenant une histoire véridique à la limite de la légende et pour laquelle on manque réellement d'éléments concrets mais qui se rapporte d'une certaine façon à notre église quand même. Tout commence par les écrits d'un illuminé nommé "Zachariáš Theobald" publiés en 1609, et qui affirment qu'il existe dans le cimetière près de l'église de la décapitation de St Jean-Baptiste à "Vyšehrad" (aujourd'hui en ruine car phagocytée par les casemates de la forteresse) une colonne rapportée par le diable en personne depuis Rome.
Alors bien sûr, pour les non-croyants, il est d'autres histoires qui expliqueraient l'origine des 3 bouts de colonnes. On pensa à un menhir païen d'avant la chrétienté, voire une sorte de cadran solaire permettant aux tribus slaves d'à l'âge du mammouth de mesurer les solstices. Pis l'on parla d'une borne routière moyenâgeuse, d'un pilori, de la colonne d'une église disparue qui aurait été catapultée par les hussites lors du siège de "Vyšehrad", du socle de l'idole "Svantovít" qui aurait donné son nom à "Na slupi". Sauf que quelle que soit l'hypothèse, il existe toujours un contre-argument à l'encontre. Alors que sait-on réellement?
Pis dans la série hasard ou coïncidence, y a la fameuse croix des 5 églises. Vous vous souvenez de l'architectinconnu qui avait formé des figures géométriques pour "Vratislav II" avec (entres-autres) la rotonde St Longin? Lorsque le bon roi Charles IV fonda la nouvelle ville, il se dit qu'il n'était pas plus c... que l'autre, le "Vratislav II", et qu'il allait créer lui aussi quelque chose de grand, d'énorme, et qui ferait qu'on s'en souviendrait "in perpetua ad vitam aeternam" (rien qu'ça), lui aussi, genre. Ainsi en 1347, Charles mit en route l'église St Côme et St Damien ("sv. Kosmy a Damiána") du monastère d'Emmaüs, en 1350 l'église de Ste Marie de l'Assomption et de St Charlemagne ("Panny Marie a sv. Karla Velikého"), en 1355 Ste Catherine ("sv. Kateřiny"), en 1360 notre église sur gazon, et en 1362 St Apollinaire ("sv. Apolináře"). Ca semble anodin et pourtant. Prenez une carte de Prague, puis joignez d'un trait St Côme et St Damien avec Marie et Charlemagne, ensuite joignez St Catherine avec Ste Marie sur gazon.
Et pour terminer, l'église Ste Marie de l'annonciation fait partie d'un roman de "Miloš Urban", genre d'à Vinchi code, mais comme je ne l'ai pas lu, je ne vous en dis pas plus. Pis je n'vous en dis pas plus sur rien d'autre non plus, vu que j'ai fini. A signaler quand même que le brave bonhomme blanc-barbu à la bonne bouille (cf. mes photos) nous a fait visiter l'église en compagnie de la dame du PIS (eh ouais, à nouveau, heureusement qu'on les a pour rentrer dans les lieux généralement fermés), qu'il était extrêmement affable et hospitalier. Pas sûr qu'il fut le protojerej mitrable du lieu, plutôt son vicaire (ou sa bignolle?) mais quoi qu'il fut et quoi qu'il en soit, il était fort sympathique puisqu'il nous a montré plein de choses hypra-intéressantes. Merci mon bon sieur. Sur le gazon: 50°4'3.067"N, 14°25'17.661"E.