Message personnel
Chères Lectrices, chers Lecteurs, si vous disposez d'une adresse Email chez Hotmail, alors je suis dans l'incapacité de vous envoyer le moindre courriel, à fortiori ma niouzlêteur que certains d'entres-vous m'ont demandée. Comme toujours chez Microsoft, la raison est hautement technique (cf. "Windows a rencontré une erreur et doit fermer...") et tient de l'incompatibilité entre les atomes de silicium du serveur Hotmerde et la chute des stock-options de Bill Gates. Aussi je vous passe les détails, mais notez que malheureusement, et malgré tous mes efforts, ma niouzlêteur ne peut pas vous être délivrée, comme tout autre message d'ailleurs. C'est pour cette raison que je vous en informe par cet intermédiaire plutôt que par Email personnel.
Bien entendu, je ne peux pas vous demander de changer de provider, mais si vous étiez insatisfaits des services de Hotmail et souhaitiez en changer pour quelque chose de plus... ouvert, de plus compatible, de moins contraignant, de moins Microsoft, bref, de plus mieux, alors je ne saurais que trop vous conseiller GMail (aujourd'hui le top de la boîte de messagerie), sinon LaPoste (certes moins top que son concurrent, cependant il fait son boulot correctement).
Fin du message personnel
Il est comme ça à Prague, des monuments historiques sur lesquels vous ne trouvez pas beaucoup d'information. Ils ne sont pratiquement jamais mentionnés tellement ils semblent être totalement anodins (et parfois même ils le sont réellement), toutefois l'environnement qui les entoure (autour), c'est à dire le contexte historique, le lieu où ils se trouvent, et/ou les gens qui leur sont liés, leur octroient une importance paradoxalement fantastique. Et notre église d'aujourd'hui en est un exemple flagrant. Cette publie est donc consacrée à un petit édifice dans la nouvelle ville de Prague 2, sur l'ancienne route principale qui reliait Prague à "Vyšehrad" en passant par la rue Brûlée devant St Jean sur le roc. Aujourd'hui donc: l'église "Zvěstování Panny Marie Na slupi", également connue sous l'appellation "kostel Panny Marie Na Trávníčku". Alors quelques éléments sur les noms, parce que c'est assez... curieux? Enfin z'allez voir. "Zvěstování Panny Marie" c'est relativement simple: vierge Marie de l'annonciation, no souci. "Na Trávníčku": sur le (auprès du) gazon, no souci non plus sinon que... la vierge Marie jouait au golf? Pique-nique? Qu'est-ce que le gazon vient faire ici? En cette seconde moitié du XIV ème siècle, l'emplacement aujourd'hui bétonné, urbanisé, était un havre de verdure où chantaient les zoiseaux, un paradis champêtre au fond d'un petit vallon calme traversé par la rivière "Botič" (qui existe toujours, du reste). Et de par cette quiétude bucolique, le coin s'appelait "au (sur) gazon". Et maintenant l'expression pure coton "Na slupi" (coton parce que personne ne sait vraiment). Première hypothèse, "slup" viendrait de la colonne (pilier, aujourd'hui "sloup") qui se trouvait encore au XVI ème siècle sous la tribune d'orgue de notre église (cf. "Jaroslav Schaller, Beschreibung der Haupt- und Residenzstadt Prag, I.-IV., 1794-97"). Hypothèse 1-A, Cette colonne viendrait d'un très ancien temple païen, et servait de socle à l'idole (pas hyène) "Svantovít" (cf. "František Ruth, Kronika královské Prahy a obcí sousedních, 1903-1904"). Hypothèse 1-B, elle fut érigée en hommage aux moines trucidés par les hussites en 1420 (cf. "Gelasius Dobner, Annales Hageciani , 1761"). Seconde hypothèse, "Na slupi" serait le nom du domaine d'un certain "Racek při Botiči" vaguement mentionné dans un écrit de 1448 et qui se trouvait céans, le domaine. Troisième hypothèse: selon l'archiviste principal de la ville de Prague "Josef Teige", il y aurait eu là une maison dite "na sloupích". Et finalement la quatrième et sans doute la plus probable des hypothèses: "na slupi" viendrait du mot "slup" ("dřevěná klec k lovu a přechovávání ryb"), nasse à poisson utilisée pour la pêche, et tout particulièrement dans la rivière "Botič" alors copieusement poissonneuse en ces temps d'alors. Bon j'vous laisse choisir, et je passe directement au sujet.
Au tout début, avant même l'arrivée du bon roi Charles IV aux commandes du drone de la Bohême, le terrain où se trouve notre église appartenait au chapitre de "Vyšehrad". Il est même fait mention dans un écrit de 1321 d'une églisette, pas grande, mais propriété du chapitre. Ensuite, lors d'une partie de poker avec le chanoine, le bon roi Charles IV récupéra tous les environs où il y fonda sa nouvelle ville de Prague (8 mars 1348). Et parce qu'il fallait bien quelqu'un pour défricher tout ce maquis végétal, il invita en 1360 l'ordre des servites à venir s'installer à "Na slupi" (il en invita aussi d'autres, des ordres, mais il les sédentarisa ailleurs, tandis que les servites se prêtaient bien à l'environnement champêtre). Par décret du 24 mars 1360 (parfois 28 mars), il commanda pour eux la construction d'un monastère, et la légende raconte que le roi en personne en aurait posé la première pierre. Quelques temps plus tard, mais sans qu'on ne sache réellement quand, naquit notre église gothique Ste Marie de l'annonciation.
Malheureusement, l'édifice naquit sous de bien mauvais auspices, et moins de 60 ans plus tard commencèrent les évènements hussites. Au début de l'année 1420, l'empereur Zikmund (l'enflure) décida qu'il était temps d'en finir avec les insurgés hussites, parce que l'ordre devait régner à Prague. Il organisa donc la première croisade contre les hérétiques praguois, croisade qui se termina par une effroyable branlée de l'empereur et de ses croisés à la bataille dite près de "Vyšehrad" (novembre 1420). Or juste avant, alors que les armées impériales se planquaient dans la forteresse assiégée ("Vyšehrad"), ben les hussites bombardaient allégrement la place forte sans grand dommage pour celle-ci cependant, mais beaucoup plus pour les environs où ils se trouvaient, en particulier pour l'église. En effet la légende raconte que les hussites installèrent carrément dans les ruines de l'église un canon, une bombarde, une catapulte, une baliste, ou un trébuchet, voire même un mélange de tout ça, parce que les sources écrites sont assez confuses. Ce qui est par contre certain, c'est qu'ils dévastèrent copieusement le monastère comme l'église de Marie et trucidèrent comme à l'accoutumée une soixantaine de moines (qu'ils trucidèrent comme à l'accoutumée, pas la soixante à l'accoutumée, parfois c'était plus, parfois moins, selon l'offre du moment. Lecture: "Jan František Beckovský, Poselkyně starých příběhů českých"). Les 2 édifices religieux restèrent en complètes ruines pendant toute la durée des agitations, et ce n'est que vers la mi-XV ème siècle que l'on remit un peu d'ordre dans tout ce foin. D'aucuns pensent que l'église eut alors appartenu à la famille "Šváb z Chvatliny" de part leur blason sur la clé de voûte dans la nef Ouest (mais sans garantie). Puis quelques moines revinrent, ils reconstruisirent un peu, et semblerait-il même retoiturèrent, mais à la mort de l'abbé en 1554, tout retomba en ruine. On refourgua alors le boulet aux augustins de "Karlov" (cf. l'ancien monastère près de l'église Ste Marie de l'assomption et de St Charlemagne) qui, faut quand même bien le dire, n'en avaient rien à fiche, de la ruine. Il fallut alors attendre la bataille de la montagne blanche, pour que cette ordure de Ferdinand II rende "Na Slupi" aux servites. Eh ouais, mais les servites en 1626 s'en foutaient également, parce que justement ils se construisaient à la montagne blanche ("na Bílé Hoře" chytili tchoře :-) un nouveau monastère avec une nouvelle chaplette Ste Marie de la victoire. Sauf que comme c'était 'achement loin du centre, que pour sortir le soir en boîte de nuit... enfin ils ne finirent pas l'édifice, mais finirent par le vendre en 1673 à "Maxmilián Valentin z Martinic". Situé sur la route particulièrement fréquentée en direction de "Karlovy Vary" et de l'aéroport de "Ruzyně", sur la droite, juste avant le terminus des trams, "Max-Val" flaira de suite la bonne attraction touristique et en fit une auberge, fonction que les bâtiments conservèrent durant toutes ces années jusqu'à récemment (notez sur la photomap le bâtiment au milieu, qui devait être la chaplette Ste Marie). Les servites s'installèrent alors en ville, très en ville, en l'église St Michel, où qu'ils restèrent jusqu'à la St Joseph (l'empereur réformateur, Joseph II, qui fit fermer les monastères). Entre-temps (depuis vers 1666) ils retapèrent quand même un peu "Na Slupi", parce qu'en cette période de recatholisation y avait du pognon à la pelle pour les curés. Ils mirent un toit, un peu de chauffage, les basics indispensables genre, et le jour de la Fêt.Nat. 1669 (véridique, le 14 juillet 1669) le monastère vit le retour des moines servites. Ces derniers restaurèrent alors le monastère comme l'église de fond en comble, jusqu'en 1726. Puis les réformes de Joseph II mirent un terme final à l'activité spirituelle des 2 édifices en 1783. Furent également fermés les monastères servites de St Michel, de "Konojedy" pis d'autres, et donc il ne resta plus que "Nové Hrady", seul monastère où les servites sévissent encore aujourd'hui (que je sache). L'église fut vidée de tout son contenu (certains artefacts furent déménagés chez les frangines de Sainte Elisabête, à 20 m de là) quant au monastère, il fut utilisé par l'armée qui y installa ses artilleurs, son trésor (fisc militaire), plus tard un centre d'enseignement, et à partir de 1856, le monastère devint un asilàdébilmentaux (en fait la succursale de Ste Catherine, à 600 m de là). Et justement, dans le cadre de cet établissement psychiatrique, l'on mit à disposition des patients l'église Ste Marie de l'annonciation (z'en étaient plus à ça près, les branques) qui en prit auparavant pour 5 ans de réfection complète. Ainsi entre 1858 et 1863, le professeur "Bernard Grueber" néogothisa notre édifice, lequel fut également regarni des éléments liturgiques auparavant retirés ou volés (enfin des nouveaux, pas des originaux). L'inventaire avant travaux signale par exemple qu'entre 1783 et 1858, plusieurs tableaux de valeur sur les retables des autels disparurent à jamais, alors que les tuyaux d'orgue furent fondus pour en faire des boutons. Bernard regothisa donc les façades, la tribune d'orgue, le portail de la chaplette Ste Marie douloureuse et la tour, dont il retira le bulbe pour le remplacer par une flèche (gothique). Entre 1914 et 1916 l'église subit encore une dernière restauration visuelle, lorsqu'on fit tomber le crépi afin de laisser la pierre brute à nu. A la création de l'Etat tchécoslovaque en 1918, l'église passa sous la gérance de la ville (de Prague), et dans la seconde moitié du XX siècle, l'asilàdébils fut transformé en hospiçàrhumateux (c'est 'achement mieux), fonction qu'il assure encore aujourd'hui partiellement cependant. Finalement le 1 février 1995, l'on refila jouissance de l'église aux curés orthodoxes. Après quelques coups de peinture, l'on y célébra la Pâque (orthodoxe) cette même année 1995, et depuis, Ste Marie de l'annonciation comme le stand à merguez sont sous leur gérance.
D'extérieur, notre édifice ressemble bien à une église. La première chose que vous ne pouvez pas louper, c'est la tour frontale. Elle mesure 38 m de haut, et même si ce n'est pas spécialement visible sans qu'on vous le dise, elle penche fortement d'un côté (apparemment le plus de toutes les tours de la ville aux cent tours) au point qu'il existe une différence de quelques 60 cm entre son sommet et sa base par rapport à la verticale toute droite. La cloche dans la tour fut fondue lors de la première guerre mondiale, et à cause de cette forte inclinaison, il est impossible d'en remettre une autre (ou alors toute petite, en plastique mou, afin de ne pas aggraver la statique). Depuis, le pope joue du clairon pour appeler ses ouailles à la messe. Ensuite la tour se compose de 5 étages asymétriques en hauteur comme en forme, les 3 premiers sont rectangulaires (voire même presque carrés) tandis que les 2 derniers sont octogonaux (complètement octogonaux, pas comme les rectangles carrés d'en-dessous). Notez les corniches des 2 premiers étages qui se prolongent tout autour de l'édifice.
D'intérieur, la première chose qui surprend c'est l'espace, enfin le plan pratiquement carré. Contrairement aux églises classiques rectangulaires, en longueur, avec une croisée de transept parfois, ben cette église possède une disposition unique pour son époque (seconde moitié du XIV ème siècle). Elle aurait été la première église de ce type dans toute l'Europe centrale, et aurait servi de modèle pour les autres qui ont suivi dans ce style (carré). Remarquable est aussi le plafond. Quatre voûtes d'arrêtes soutenues par un unique pilier central, et dont le motif (d'arrête) change devant l'arc d'autel. Ce plafond serait d'entre les années 80 à 90 du XV ème siècle. Notez que certaines clés de voûtes sont décorées d'armoiries (notez également l'armoirie hors clé de voûte mais carrément sur l'arrête). On en ignore les familles (enfin on ne les connait pas toutes), mais l'on présume fortement qu'elles auraient contribué financièrement à la réfection de l'édifice après les guerres hussites.
Parmi les décorations, vous ne pouvez pas louper l'iconostase. Elle provient de Ruthénie subcarpatique (aujourd'hui en Ukraine), territoire qui entre les 2 guerres appartenait à la République tchécoslovaque. L'objet est en bois de tilleul (calmant mais diarrhéique à forte dose) et sépare l'abside (le choeur) de la nef. De nombreuses icônes y sont incrustées: une croix, une sainte trinité, des saints orthodoxes et un sticker Coca Collé... Notez les splendides personnages sur les portes tsariennes: la vierge Marie, l'archange Gaby, St Jean, St Matthieu, St Luc, St Marc et St Ménage. Par "tsariennes", comprenez non pas "tsar" dans le sens empereur de toutes les Russies, mais chef, souverain, supérieur. En fait seul le protojerej peut franchir ces portes qui séparent le séculier du sacré, et surtout pas une femme, qu'elle soit prêtre, de ménage ou même plombier de bénitier. Derrière les portes tsariennes n'accèdent que les mâles, et encore habillés de façon appropriée car le protocole vestimentaire est poussé à l'extrême chez les orthodoxes. Protojerej? Du grec "protos" (premier) et "jerej" (hiereus - prêtre, a donné "hiératique" en Français), prêtre principal (protoprêtre) parfois appelé protopope (ou prototype), genre de primocuré à l'instar des zoaires (proto...), mais orthodoxe. A noter que "protojerej" est un titre ecclésiastique (comme doyen ou vicaire, car on peut être doyen et vicaire) et non pas un rang (curé ou vêque, car on ne peut pas être curé et vêque, abbé non, pas possib'). Ainsi le protojerej peut être un métropolite, un exarque, un higoumène ou un pope (music). Lorsque de surcroît il est en droit de porter la mitre, alors on dit qu'il est "mitré", ce qui est linguistiquement incorrect puisqu'il peut porter la mitre, mais n'est point obligé: il peut se coiffer d'un béret basque, d'une cloche à fromage, voire d'une crêpe s'il est maladroit en cuisine. On devrait donc dire "mitrable" ("able": suffixe formateur d'adjectifs exprimant la possibilité passive, cf. ministrable, papable...) et non mitré lorsque justement il ne la porte pas, sa mitre. Bref, à gauche des portes à nouveau Marie, à droite son fils. Puis encore à côté d'eux, deux portes plus petites que les tsariennes. Elles sont dites "(arch) angéliques" d'abord parce qu'y sont représentés Gaby et Mickélé, ensuite parce que c'est par ces portes que déambules les diacres qui représentent les anges, acolytes du premier rôle (le prêtre) qui représente Jésus (le tsar). Contre les murs se trouvent plusieurs gonfanons tissés d'icônes saintes. Ils doivent sans doute servir lors des processions du 14 juillet? Et vous ne pourrez pas louper l'icônophoto du grand patriarche Alexey II qui fait une tête de père fouettard à faire chialer les gosses. Il fut tout juste remplacé (début 2009) par Kirill 1er (Cyril) puisqu'Alexey fut rappelé aux cieux par le seigneur fin 2008, aussi vous verrez fort probablement une autre photo que vous pourrez comparer avec la mienne, genre si l'orthodoxie se décrispe. En terme de tableaux pur style byzantin, vous trouverez St Cyril et St Méthode, St Boris et St Gleb, St Georges et St Dragon, et plein d'autres St Encore (cf. mes photos)...
Quelques éléments lapidaires. Derrière l'iconostase se trouverait la pierre tombale d'un certain "Deym ze Stříteže", mais je ne me souviens plus duquel, et je n'ai pas de photo non plus (Strogoff = hérétique = vade retro Satana). Sous le tapis, si l'on vous le soulève, vous pourrez apercevoir la pierre tombale d'entrée dans la crypte des moines servites. Elle porte la mention "Fratrum Ordinis Servori Beatate Mariae Virginis" (signifiant "faites gaffe à pas vous prendre les pieds dans l'tapis"), au milieu se trouve une couronne (de lauriers?) où s'entrelacent la lettres S dans un M ("Servus Mariae" ou "Sados Maseum"?) et encore en dessous "Requiescat In Pace" (RIP = Relevé d'identité postale). Pis dans la nef, juste entre cette pierre tombale des servites et le pilier central, se trouve la sépulture d'un certain Jean-Michel "Schönebeck". Alors je n'vous mets pas tout le laïus en latin, mais en gros, parce que c'est dingue comme histoire, ça raconte que le gars voulait devenir servite, qu'il avait tout fait pour, les études, appris la langue, reçu la green card, mais juste avant la signature du contrat, il mourut à l'âge de 38 ans. Alors afin quand même qu'on ne dise pas que non plus, les servites le firent reposer en leur église comme l'un des leurs. Sympas les gars. Derrière le stand à bondieuseries (particulièrement fourni, qu'il est impossible de m'ôter de la tête que la religion est un vrai business), à droite en entrant, se trouve une stèle mentionnant une certaine "Magdalena Premerovová" archi bondieusarde totalement inconnue et qui n'aurait vécu que pour la religion (sans commentaire). En face, une certaine "Jakobína z Greifenfelsu" totalement inconnue itou, dont je ne sais rien de rien. Ensuite et surtout par contre, notez l'inscription de 1995 qui se trouve dehors, devant l'entrée dans l'église: "the announceation of the blest Virgin Mary" qui comporte 3 fautes énormes (correct is "the annunciation of the blessed Virgin Megastore"). C'est fort quand même moi j'dis, qu'ils fassent graver des trucs aussi importants sans vérifier les xactitudes?
Et maintenant une histoire véridique à la limite de la légende et pour laquelle on manque réellement d'éléments concrets mais qui se rapporte d'une certaine façon à notre église quand même. Tout commence par les écrits d'un illuminé nommé "Zachariáš Theobald" publiés en 1609, et qui affirment qu'il existe dans le cimetière près de l'église de la décapitation de St Jean-Baptiste à "Vyšehrad" (aujourd'hui en ruine car phagocytée par les casemates de la forteresse) une colonne rapportée par le diable en personne depuis Rome. Il y a fort longtemps, lorsqu'on mit en chantier l'église St Pierre et Paul à "Vyšehrad" (toujours debout, vous ne pouvez pas la louper), eh bien St Pierre en personne ordonna au diable de mettre la main à la tâche plutôt que de tenter les faibles, et il dut transporter sur son dos les caillasses desquelles fut édifiée notre église. Et comme le diable ne pouvait s'empêcher de faire le con et de tenter tout son monde, il fit un pari avec le curé local, comme quoi il (le diable) rapporterait de Rome et sur son dos une colonne pour la nouvelle église, et ce avant même que le curé ne termine sa messe. Le prêtre mit son âme en jeu, tandis que le diable mit du pognon, plein de pognon, parce que l'ecclésiastique croulait sous les dettes de poker (il jouait avec Charles IV). Le jour de la messe-course venu, le malin décolla sur les chapeaux de roues, et arriva sur Rome en quelques minutes alors que le curé avait à peine entamé son confiteor. Et tandis que le moine en était seulement au "orare pro me ad Dominum Deum nostrum", le diable récupérait déjà sa colonne d'une église St Marie (parfois St Pierre) en périphérie de la ville de Rome (pour gagner du temps, forcément, avec les bouchons du centre-ville...) et hop, s'en retournait fissa-fissa sur Prague. Evidemment, le moine était plutôt mal barré et c'est pour cette raison que St Pierre intervint fielleusement dans la course. Il précipita le diable avec sa colonne sur le dos dans la lagune de Venise, et même 3 fois selon la légende, pour bien le retarder proprement, et lorsque le pauv' boug' arriva dégoulinant de sueur au dessus de Prague, il put alors entendre l'ite missa est de la bouche du prête. "Crénom di diou!" hurla le diable. Puis il jeta de rage la colonne sur l'église, laquelle (colonne) se fracassa en 3 morceaux. Bon, on passe les quelques paralogismes et impossibilités de la légende, et l'on se retrouve un jour de l'an 1655, lorsque le secrétaire du consistoire de Rome à Prague reçu entre les mains une missive en provenance de Suisse. Celle-ci fut rédigée par un exorciste local lequel affirmait qu'en pleine extirpation du diantre malicieux du corps de sa victime possédée, il aurait réussi à chasser un certain malin "Zardan" lequel aurait, juste avant son éradication du corps, avoué par la bouche de sa victime être à l'origine de l'anecdote de "Vyšehrad". Parenthèse: le nom "Zardan" n'est pas anodin. Il vient de "zardění, záře denní" (clarté, extrême brillance du jour) que l'on peut aisément rapprocher de Lucifer (lat. "ferre" apporter, amener et "lux, lucis" lumière, jour). Bref, l'histoire fut prise très au sérieux, à tel point que l'on peignit des fresques représentant cette légende au dessus de l'entrée dans la sacristie de l'église St Pierrépaul (les fresques s'y trouvent toujours). Entre les années 1610 et 1630, les bouts de colonne furent transportés dans la nef de l'église (St Pierre et Paul), et lorsque l'empereur Joseph II en personne la visita en 1782, et qu'on lui raconta l'origine des colonnes, il en ordonna le déplacement (mais on ne sait pas pourquoi). En 1787, une dizaine de solides gaillards déplacèrent tout ce fourbi derrière l'église, et lors de sa (église) réfection en 1888, on le déplaça à nouveau jusque là qu'il se trouve encore maintenant. Eh oui braves gens, parce que ce que beaucoup de touristes considèrent comme une sculpture moderne avant-gardiste, lorsque seulement ils se rendent compte de l'existence des objets, n'est autre que les 3 bouts de la colonne du diable ("Čertův sloup").
Alors bien sûr, pour les non-croyants, il est d'autres histoires qui expliqueraient l'origine des 3 bouts de colonnes. On pensa à un menhir païen d'avant la chrétienté, voire une sorte de cadran solaire permettant aux tribus slaves d'à l'âge du mammouth de mesurer les solstices. Pis l'on parla d'une borne routière moyenâgeuse, d'un pilori, de la colonne d'une église disparue qui aurait été catapultée par les hussites lors du siège de "Vyšehrad", du socle de l'idole "Svantovít" qui aurait donné son nom à "Na slupi". Sauf que quelle que soit l'hypothèse, il existe toujours un contre-argument à l'encontre. Alors que sait-on réellement? Il s'agit de 3 morceaux cylindriques de taille respective 150, 160 et 220 cm et de circonférence 151, 156 à 162 cm. Le poids total des 3 éléments serait de quelques 2500 Kg, et leur surface aurait été taillée, abrasée et polie. La forme curieusement arrondie des pointes pourrait laisser supposer une volonté d'aérodynamisme (projectiles?). L'analyse structurelle des pierres a confirmé une matière granitoïde provenant sans doute des carrières de Kamenný Přívoz ("Krhanice") éloignées de quelques 25 km de Prague. Le transport aurait pu se faire sur des radeaux le long des rivières "Sázava" puis "Vltava" jusqu'à "Vyšehrad". De plus l'analyse confirma qu'il ne s'agit pas d'un seul bloc, mais au minimum de 2, voire 3 blocs différents, ainsi ces 3 bouts n'ont jamais été une seule et unique colonne. Et maintenant une surprise de plus. Les 3 pierres sont disposées en pyramide triangulaire, s'appuyant les unes aux autres à l'instar des fusils dans un bivouac de campagne. Et si vous regardez à l'intérieur de cet ensemble, alors vous pourrez y apercevoir un texte gravé sur l'une des 3 colonnes. La lecture est peu aisée, d'autant plus qu'un bout de colonne repose dessus, mais l'on peut interpréter S M M(A)_[R]IE MW. Le S semble être plus grand que les autres lettres et déborde en dessous de la ligne d'écriture. Le premier M possède un zigouigoui vers le haut. Dans le second M semble être incrusté un A, et ce M semble être lié au R par un tiret-bas (underscore). Le R est nettement en dessous de la ligne d'écriture, quant au dernier M il est collé au W. Il semble évident que l'on est en présence d'un cryptogramme, mais pour l'instant, personne n'a rien déchiffré. Au mieux, l'on peut interpréter quelque chose comme S M MARIE ("Sancta Mater" Marie, ou "Sanctae Matris" Marie), auquel cas le cryptogramme pourrait indiquer la provenance des colonnes: l'église Ste Marie de l'annonciation sur gazon. Et justement, des écrits mentionnent que les hussites bombardaient "Vyšehrad" depuis les ruines de l'église à l'aide de trébuchets. Y a juste que la forme et le poids des colonnes, le bout volontairement arrondi... enfin c'est pas très plausible tout ça. Une autre chose semble relativement déconcertante. Polir ainsi les extrémités des colonnes devait être un travail conséquent compte tenu du matériau (granit), et il semble indéniable que ce travail entamé resta inachevé. Et justement le granit tendrait également à réfuter une origine (trop) ancienne des artefacts: nos ancêtres travaillaient la crotte de chèvre ou le grès, mais pas le granit. Concernant la mesure des solstices par les païens, ouais, sauf que pour l'instant on n'a pas trouvé d'équivalent, et qu'on n'est même pas sûr que nos païens mesuraient les solstices (la trompe des mammouths oui, mais les solstices non). L'idole sur la colonne, le pilori? On sait qu'il ne s'agit pas d'une seule, mais de plusieurs colonnes (2 au moins). Une borne routière moyenâgeuse? On en a retrouvé plein, mais ça ne ressemblait pas à ça, c'était plutôt polyforme coloré à angle convexe et ça faisait pouêt-pouêt quand on appuyait dessus avec le doigt. Mais à quoi donc devait servir ces 3 colonnes? Quel est leur âge? Quid du texte? Les questions restent toujours d'actualité.
Pis dans la série hasard ou coïncidence, y a la fameuse croix des 5 églises. Vous vous souvenez de l'architectinconnu qui avait formé des figures géométriques pour "Vratislav II" avec (entres-autres) la rotonde St Longin? Lorsque le bon roi Charles IV fonda la nouvelle ville, il se dit qu'il n'était pas plus c... que l'autre, le "Vratislav II", et qu'il allait créer lui aussi quelque chose de grand, d'énorme, et qui ferait qu'on s'en souviendrait "in perpetua ad vitam aeternam" (rien qu'ça), lui aussi, genre. Ainsi en 1347, Charles mit en route l'église St Côme et St Damien ("sv. Kosmy a Damiána") du monastère d'Emmaüs, en 1350 l'église de Ste Marie de l'Assomption et de St Charlemagne ("Panny Marie a sv. Karla Velikého"), en 1355 Ste Catherine ("sv. Kateřiny"), en 1360 notre église sur gazon, et en 1362 St Apollinaire ("sv. Apolináře"). Ca semble anodin et pourtant. Prenez une carte de Prague, puis joignez d'un trait St Côme et St Damien avec Marie et Charlemagne, ensuite joignez St Catherine avec Ste Marie sur gazon. Eh bien vous obtenez une croix. Hasard ou coïncidence? Et si vous remarquez de plus que St Apollinaire, dernière église mise en chantier par notre bon roi (il me semble fortement), se trouve à l'intersection de la croix, alors croyez-vous toujours au hasard ou à la coïncidence? OK, ce n'est pas parfait (cf. ma démo), mais considérez qu'en ce temps ni Charles ni ses urbanistes n'avaient l'Internet, encore moins la vue d'en vol d'au dessus d'un nid de coucou. Du coup tiré à la ficelle de chanvre, tracé au sang de boeuf caillé, et mesuré le doigt mouillé au vent à cheval sur la branche d'un platane, moi j'dis que ça l'fait bien quand même. Non?
Et pour terminer, l'église Ste Marie de l'annonciation fait partie d'un roman de "Miloš Urban", genre d'à Vinchi code, mais comme je ne l'ai pas lu, je ne vous en dis pas plus. Pis je n'vous en dis pas plus sur rien d'autre non plus, vu que j'ai fini. A signaler quand même que le brave bonhomme blanc-barbu à la bonne bouille (cf. mes photos) nous a fait visiter l'église en compagnie de la dame du PIS (eh ouais, à nouveau, heureusement qu'on les a pour rentrer dans les lieux généralement fermés), qu'il était extrêmement affable et hospitalier. Pas sûr qu'il fut le protojerej mitrable du lieu, plutôt son vicaire (ou sa bignolle?) mais quoi qu'il fut et quoi qu'il en soit, il était fort sympathique puisqu'il nous a montré plein de choses hypra-intéressantes. Merci mon bon sieur. Sur le gazon: 50°4'3.067"N, 14°25'17.661"E.