Fête des mères ... je vais lui souhaiter encore cette année !

J'ai attendu hier 18h30 avant de partir acheter un cadeau pour ma mère ...

Quelle sensation attroce de se dire : je n'achète rien, de peur qu'elle ne meure avant, et que je me trouve devant ce cadeau que je ne pourrai plus donner à personne et qui ne deviendrait plus que le symbole de son absence.

Enfin, hier je me suis décidée à lui acheter son cadeau. Pas facile de trouver ... j'ai opté pour un vase et des fleurs en papier blanc (pliées façon origami) : les vraies sont interdites dans le service des soins intensifs je suppose ! En même temps je ne suis pas sûre de pouvoir non plus lui laisser ce cadeau , mais au moins elle verra que je n'ai pas oublié, parce que même à cette étape de vie, elle est très consciente ... épuisée, à bloc de médicaments et encore pleine d'acite (alors qu'on lui a fait une ponction mercredi). Vendredi on nous parlait de sa fin toute proche, mais depuis deux jours elle va "mieux" (ou plutôt, moins mal), nous parle plus et est plus consciente ... c'est tellement troublant !

Hier matin, les visites n'étant autorisées qu'à partir de 15h, je suis allée chez Monop' pour me faire rembourser des pyjamas achetés pour mes fils ... je suis tellement à l'Ouest en ce moment, que je ne leur ai pris que des tailles qui ne sont absolument pas les leurs !

Bref, j'ai proposé à mon frère de me retrouver et nous sommes allés boire un café tous les deux pour tenter de se retrouver un peu ...

Je n'éprouve ni haine, ni jalousie envers mon frère, mais pas non plus un amour fraternel comme certains peuvent ressentir. En fait, mon frère (qui a 6 ans et demi de moins que moi) est une espèce d'étranger, un peu comme un cousin qu'on croise de temps en temps. Mais la situation étant ce qu'elle est actuellement, j'ai voulu me rapprocher un peu de lui, car je sais que c'est quelqu'un de très sensible, un peu bougnasse, qui se complait dans son rôle d'éternel bébé à ses parents, mais qui veut aussi être un homme viril, un vrai corse (de Bastia) avec la barbe de quelques jours, les cheveux TRES courts, le look de celui qui revient (ou part) de la chasse ... bref, rien à voir avec moi !

Mais mon frère m'a fait, hier, le plus beau cadeau que l'on pouvait me faire, et ça JAMAIS je ne l'oublierai !

Alors que nous venions de nous installer pour boire notre café en terrasse, il m'a dit : "Bon, avant toute chose, il y a une chose que je voudrais que tu saches concernant papa et maman : ils sont emmerveillés par toi. Ils sont éblouis (et ce sont leurs propres mots, a-t-il rajouté !) par la manière dont vous vous défoncez ton mari et toi pour affronter la vie, sans jamais rien leur demander. Ils sont bluffés de voir à quel point ton mari sait te rendre heureuse et à quel point il est un père et un mari exemplaire ..."

Voilà 30 ans que j'ai l'impression que mes parents me méprisent, voilà 12 ans que j'ai l'impression que mes parents méprisent mon mari (l'homme que j'aime et que j'ai choisi, donc une partie de moi-même) ... tout ça mon frère le savait, je lui avait parlé de ça ... et qu'il ait eu ce réflexe de me soulager de ce poids terrible qui m'oppresse depuis tant de temps ... jamais je n'oublierai ce qu'il m'a dit ! Il ne pouvait me faire de plus beau cadeau ... MERCI MON FRERE !!!!