Le Quai d'Orsay affirme que la France ne prend pas pour elle les reproches du président américain sur les pays occidentaux interdisant le port du voile islamique. Les associations de défense du droit des femmes ont réagi elles aussi.
Le port du voile islamique au coeur d'un imbroglio entre la France et les Etats-Unis (REUTERS)
La France, qui interdit le port du foulard islamique dans les écoles publiques, ne se sent pas concernée par les propos jeudi du président américain Barack Obama en faveur du port du voile pour
les musulmanes en Occident, a précisé vendredi le ministère des Affaires étrangères.
«On ne se sent pas particulièrement concerné par cet élément particulier du discours (car) nous respectons tout à fait la liberté de culte, la liberté vestimentaire», a affirmé le quai d'Orsay. «Il y a un espace, lié à notre histoire, à la Constitution française et au fonctionnement de la France, pour lequel nous considérons que la neutralité doit s'appliquer».
La France joue l'innocente
Le président américain Barack Obama a défendu dans son discours du Caire le port du voile pour les musulmanes en Occident, prenant le contre-pied de la France et d'autres pays européens.
«Il est important pour les pays occidentaux d'éviter de gêner les citoyens musulmans de pratiquer leur religion comme ils le souhaitent, et par exemple en dictant les vêtements qu'une femme doit porter», a notamment lancé le président américain, qui est revenu par toris fois sur le sujet au cours de son intervention.
L'association Ni Putes Ni Soumises a également réagi vendredi, estimant que les propos du président américain «mettent à mal le combat de millions de femmes» qui luttent contre «la violence des fondamentalistes». Dans un communiqué, NPNS affirme «qu'en attaquant la laïcité et en défendant le port du voile, Obama part en croisade contre les femmes».
«Une gifle pour toutes les femmes»
Réactions semblable du côté de la Ligue du Droit international des femmes, pour qui les propos de Barack Obama prenant la défense du voile islamique sont «une gifle» pour toutes les femmes qui luttent pour ne plus le porter, dénonce Anne Sugier, sa présidente.
«Les sociétés humaines, ajoute-t-elle, sont construites sur des symboles. Positifs comme les couleurs d'un drapeau ou un chant de libération. Négatifs comme le costume du bagnard ou le voile sous lequel disparaissent les femmes d'Arabie Saoudite».
Au nom de la laïcité, la France a banni en 2004 dans les écoles les signes religieux ostentatoires avec une loi interprétée comme ciblant surtout le voile slamique. La polémique fait également rage au Canada et en Allemagne alors qu'en Belgique, 90% des écoles le bannissent et il est jugé «discriminatoire» par un décret du Conseil d'Etat.
(source AFP)
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