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C'est LE film scandale du
festival de Cannes. Et je ne comprends pas pourquoi. Certains se sont
évanouis, d'autres ont quitté la salle, et moi (qui pourtant suis
hypersensible) rien, enfin si un coup de coeur (le fameux passage du
renard qui parle). Bref Antichrist n'est pas un film qui laisse de marbre. Tout d'abord celui ci, s'ouvre sur une magnifique séquence
en noir et blanc où un couple fait l'amour sous la douche, c'est
beau, gracieux, filmé en ralenti, la musique d'Haendel donne presque
la chair de poule et puis plans suivants, on voit un bébé qui sort
de sa chambre, rien ne laisse présager le pire sauf que ce bébé va
se défenestrer. Fin du prologue. Première partie : le deuil,
William Dafoe éclate en sanglots devant le corbillard et Charlotte
Gainsbourg, palote tombe dans les pommes. Elle finira en hôpital.
Ces toutes premières minutes ne laissent pas de doute : Lars Von
Trier a bien écrit ce film en pleine période de dépression. Le
reste de l'histoire va se dérouler quatre chapitres, si mes
souvenirs sont bons. Premier chapitre : le couple décide de se
ressourcer dans un chalet en plein Eden, là encore référence à la
religion. Eden : le jardin d'eden, un homme, une femme : Adam et Eve.
L'homme en question, c'est William Dafoe qui joue -à contre emploi-
le rôle d'un mari attentionné, aux petits oignons à sa femme
Charlotte Gainsbourg qui pète littéralement un boulon dans cette
forêt de l'inconscient. Car avec Lars Von Trier tout est permis :
les interprétations délirantes, c'est son dada. Ici, la forêt
représenterait les peurs primaires, les libérations sexuelles, le
désir de mort. D'ailleurs eros et thanatos sont sans cesse
confrontés du prologue jusqu'à l'épilogue comme pour dire que la
mort serait toujours lié au désir de sexe, théorie à discuter
mais bon. C'est sûr Lars Von Trier signe là un tour de force autant
dans la direction d'acteurs (Charlotte Gainsbourg, magistrale dans ce
rôle de femme sorcière se masturbant comme personne) que dans les
images en faisant au passage référence à Le Miroir réalisé
par Tarkovski (film prise de tête à déconseiller pour ceux qui se
sont essayés à faire un devoir dessus, risque de s'arracher les
cheveux, ça m'est arrivé alors n'essayez pas!!). Bref, Antichrist
est un film qui dérange mais qui se laisse savourer. Oui j'ose
employé le terme. Mais par contre, le coup du renard qui parle pour
le coup : à oublier.