Que fait ce type à la voix de vieux bluesman blasé, cowboy fatigué à qui on ne la fait plus, en a vu d'autres ? Il décrit son job. Comme un autre, ce job, ma foi. « Like a bird on a wire » (comme un oiseau sur un fil). Le vide ne l'affole pas, oiseau-homme. A cheval sur une patte d'hélico, notre surfer d'argent négocie sa vie funambule avec les câbles à haute tension. Cet artiste céleste n'a peur que de trois choses : l'électricité, la hauteur et les femmes. Cherchez le point commun.
Une seule certitude, il a survécu à ce triple affrontement. Tutoyer l'irrationnel donne une sérénité zen. Je dis sans doute une connerie : c'est plutôt parce que ce gars était déjà calme qu'il a nargué le vertige de la peur. Ou les deux mêlés. On fait toujours avant de savoir, donc on n'a pas peur et quand on sait, on n'a plus peur. Ou encore, il a sans arrêt peur et sa voix est celle d'un acteur.
Remarquez que moi, j'ai toujours peur quand j'écris un texte. De celle qui vous tient si bien au monde : le jugement des autres...