En avant première :
Robert Dupont contraint de revenir sur Facebook
pour retrouver son ami catalan…
et faire partager ses plaisirs majuscules !
DICOLERIQUES : livraison du 6 juin 2009
SINOPLE
Nom masculin (latin sinopis, terre rouge, de Sinôpê, Sinope (Hérald.) La couleur verte, représentée en gravure par des traits obliques allant de la gauche vers la droite.
Daniel Cohn-Bendit est un visionnaire. En 1968 déjà il voit son avenir. Il déclarait voici quelques années : « Je me souviens avoir pensé alors que les jeunes libertaires finissent en vieux libéraux. » Ce grand chouchou des médias a bien compris que pour faire passer l’idée d’un fédéralisme atlantiste il fallait absolument monter dans le train de l’écologie politique. Dany le rouge passe au vert ! Au vert ? Un vert sinople alors. Il nous fait aujourd’hui la démonstration que le libéralisme est soluble dans l’écologie, et ce précipité chimique nous donnera un résidu sinople. C’est une idée marketing géniale que ce triumvirat CBD/Joly/Bové ! On dirait un cocktail sans alcool. Une larme de révolution de salon, un trait de justice inaltérable et une rasade d’alter ruralité. Mais l’autre soir, face à Bayrou on a vu les Bouvart et Pécuchet de la politique. Concours d’invectives, vieillies casseroles, rengaines usées, ces deux spécialistes du cirque médiatique nous ont brouillé l’écoute. Pourtant ils sont d’accord sur l’essentiel : l’économie libérale. L’autre soir on aurait pu croire qu’ils n’étaient pas d’accord. Enfumage. Du pain béni pour les médias et pour Arlette Chabot la Bernadette Soubirous du PAF. Débats ? Des bas, des très très bas.
ADDICTION
Nom féminin (mot anglais) État de dépendance vis-à-vis d’une drogue.
Si par hasard il vous vient l’idée saugrenue de vous inscrire sur Facebook, méfiez-vous des dangers vous guettent. L’addiction d’abord. On peut difficilement se passer de ce réseau social lorsqu’on y goutte. La liquéfaction du cerveau ensuite si vous n’y prenez pas garde. En effet vous répondrez rapidement à des quiz débiles écrits par des lobotomisés de frais, vous enverrez des bisous avec la bouche à de parfaits inconnus, vous déclarerez au monde entier que vous allez vous coucher pour faire de beaux rêves et vous saurez tout sur le petit dernier d’une famille vivant à 800 kilomètres et à qui vous ne donneriez même pas l’heure dans la vie réelle. Mais le pire et pour finir, c’est que vous vous ferez censurer, voire éliminer si vous êtes trop critique vis-à-vis du pouvoir. Ah vous pouvez publier des pages xénophobes, homophobes, voire légèrement pédophiles, vous ne serez pas trop inquiétés. Mais critiquez Berluskozy un peu trop bruyamment et on vous montre la sortie. C’est ce qui est arrivé à nombre de potes Facebookiens un peu trop subversifs. Et c’est ce qui arrivera peut-être à votre serviteur. Pour autant Facebook est un remarquable vecteur d’information, une formidable plateforme de débat et l’on doit s’en emparer. Et merde aux fanatiques du grand ciseau de la censure.
SÉMANTIQUE
Nom féminin (bas latin semanticus, du grec sêmantikos, qui signifie) Étude du sens des unités linguistiques et de leurs combinaisons. Étude scientifique du sens des mots (la forme et la variation des mots étant la morphologie, la relation entre les mots de l’énoncé étant la syntaxe).Aspect de la logique qui traite de l’interprétation et de la signification des systèmes formels.
À propos de censure, il devient de plus en plus difficile de faire preuve de mauvais esprit dans ce pays. Et Dieu sait si le mauvais esprit est indispensable à la liberté de l’esprit. Voici que Nadine Morano poursuit en justice une pauvre femme de 49 ans pour avoir laissé un commentaire sur Dalymotion d’une violence époustouflante. En effet la dame avait écrit : « hou la menteuse ! » Terrible hein ? La plainte porte sur « injures publiques envers un membre du ministère ». C’est l’article 29 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881 qui définit l’injure comme « toute expression outrageante, terme de mépris ou invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait » (contrairement à la « diffamation » qui allègue un fait). (Source Rue89) Après les poursuites pour avoir crié trop fort « Sarkozy je te vois » après les intimidations sur les porteurs de pancartes avec « casse toi pauv’ con » il va falloir numéroter nos abattis. Ne serait-ce pas là un glissement sémantique ? Une extension progressive de l’insulte ? Sommes nous rentrés dans l’ère de l’indicible ? Faisons un test. Promenons-nous dans la rue avec une pancarte portant ce seul mot : « SARKOZY ». Si nous sentons sur notre tête d’infâme provocateur néoterroriste la contondance brutale d’une trique, si je juge zélateur ponctue d’un coup de maillet vengeur l’amende qui nous sera infligée, alors c’est sur c’est arrivé. Le mot SARKOZY à lui seul sera devenu un gros mot.
Robert Barrero : Dicolériques.
Voir ici les précédentes livraisons :
Opus 1
Opus 2
opus 3