Deux expositions vues à quelques jours d’intervalle et des correspondances qui se créent entre deux endroits si dissemblables, le Centre Culturel Suisse et l’Espace Louis Vuitton.
Heureusement on retrouve Claude Closky qui nous offre un Alphabet avec 74 lettres supplémentaires, conçues selon un modèle quasi scientifique et bien évidemment incompréhensible, aussi mystérieuses que le
Rongo Rongo; l’alphabet complet de 100 lettres est sur un mur courbe, l’oeil ne peut l’appréhender en entier. Charles Sandison, que j’avais admiré à Orsay face aux Nymphéas, se mesure ici au mot dans une installation nommée Cryptozoologie où les mots prolifèrent, grouillent, envahissent l’espace : leur sens est perdu, seule compte leur beauté visuelle, colorée, dansante. Et puis il y a ce mur de livres, de morceaux de livres taillés au carré, mais surmonté d’une bande moins clean, rajoutée sans doute, plus vraie. Il bloque un coin d’une salle, on en fait le tour et là une vidéo est projetée sur ce mur-écran, vidéo montrant des lignes de signes étranges, mathématiques peut-être mais difficilement reconnaissables et qu’une main efface. C’est Xeno-writings, les écritures étrangères, de Ni Haifeng. Bien sûr ça évoque des souvenirs, Estefania Peñafiel effaçant Ecuador d’Henri Michaux, un autre mur de livres que j’ai vu je ne sais plus où. Mais cette pièce d’un Chinois vivant à Amsterdam, à la confluence de deux langues aussi incompréhensibles l’une que l’autre pour la majorité d’entre nous, de deux écritures, de deux cultures, et inventant ce nouvel univers de signe, est sans doute la plus forte de toute l’exposition, en tout cas la plus pertinente.Charles Sandison étant représenté par l’ADAGP, la photo de son installation sera ôtée du blog à la fin de l’exposition.