Il est difficile certes de cerner la personnalité de ce prêtre, encore inconnu du grand public voila 10 ans .Deux des plus grandes universités d’Israël, ont décidé simultanément d’honorer le Père Patrick Desbois (1). Ce prêtre catholique français recevra le diplôme de Dr Honoris Causa en philosophie de l'université du Mont Scopus à Jérusalem le 07 juin prochain. Le 12 mai 2009, l’université Bar-Ilan lui a remis déjà le titre de Docteur Honoris Causa pour ses recherches en Europe de l’Est sur les victimes juives des Einsatzgruppen durant la Seconde Guerre mondiale, son action contre le négationnisme et pour la mémoire des victimes de la Shoah et son implication dans le dialogue interreligieux (2).
Le père Patrick Desbois a reçu auparavant de nombreux prix pour son travail sur la Shoah et pour son œuvre dans le dialogue judéo-chrétien. Le 1er mai 2007, l’American Jewish Committee lui avait remis le « Prix Jan Karski » (3).
Loin des projecteurs, le père Desbois est un prêtre actif qui dirige depuis cinq ans une équipe de chercheurs qui va en Ukraine, tous les deux mois, pour mettre en lumière les fosses communes dans lesquelles ont été enterrées à travers tout le pays, les victimes juives du projet d’extermination des Nazis, il y a plus de 62 ans.
De village en village et de ville en ville il fait ressortir de nouvelles preuves sur l’un des chapitres les plus sombres du XXe siècle. Plus d’un million et demi de Juifs sont morts et ont été jetés dans d’immenses fosses par les Nazis, sur les terres conquises à l’URSS. Depuis 2004, le prêtre français aurait localisé en Ukraine plus de 1200 fosses communes, ce qui l’a convaincu que le nombre de Juifs assassinés lors de la Shoah était bien supérieur aux estimations. Plus d’un million et demi de Juifs ont été fusillés et enterrés pendant la seconde guerre mondiale par les Allemands dans les villes et les villages d’Ukraine, Biélorussie, Russie et autres pays de l’ex Urss. Mais ces témoignages ont été gardés secrets jusqu’à la chute de l’ex Urss.
Après cinq ans d’enquête beaucoup d’histoires sur les victimes, dissimilées dans 1200 fosses, sont sorties au grand jour. Le prêtre français consulte aussi les informations sur les victimes dans les rares registres dans lesquels est inscrit le nombre de morts de chaque village. Il va jusqu’à rechercher des personnes âgées ukrainiennes, témoins oculaires ou auditifs de ces années-là.
L’un des principaux projets de l’association Yahad In Unum qu’il dirige consiste en effet à localiser les fosses communes des victimes juives des Einsatzgruppen et de réaliser un enregistrement vidéo des témoins des tueries. Yahad In Unum a à ce jour a localisée plus de 800 sites d’exécution et enregistré près de 800 témoignages.
En juin 1942, les Nazis ont décidé de détruire les preuves de leurs crimes, les fosses ont été ouvertes et les corps brûlés. L’Opération 1005 a consisté à prendre des mesures pour effacer toute trace de l’extermination des Juifs en Europe centrale et orientale
C’est véritablement un miracle que Patrick Desbois ait pu retrouver ses lieux. Cette mission importante qui consiste à chercher des fosses communes est très difficile certes mais nécessaire. Elle permettra d’apaiser les coeurs et consoler les âmes meurtries, car c’est toute l’humanité qui porte la blessure de l’extermination des Juifs uniquement parce qu’ils étaient… juifs.
Grâce à son courage, sa ténacité et sa volonté le père Desbois permet, par ce travail, de restituer la dignité perdue à ces malheureuses victimes de la Shoah , après tant d’années face à ce système d’extermination nazis. Le Père Desbois fait un travail remarquable que peu d’hommes seraient capables de faire. Je suis seulement un peu étonnée qu’on "découvre" seulement maintenant cet homme hors du commun qui mérite un hommage universel et pas seulement en Israël. Il n’ y’a pas de mots pour qualifier ce travail et la valeur de cet homme.
Ressentit au plus profond de moi le martyre que ces hommes, ces femmes, ces enfants ont subis...il est important que des hommes comme le père Desbois, que j’admire beaucoup, donne leur vie à connaitre enfin la vérité sur ce chapitre horrible de l’histoire...pour qu’enfin ces victimes reposent en paix
Le père Patrick Desbois a compris la profondeur de douleur des juifs en tant qu’individus et en tant que peuple, ainsi que l’irréversibilité monstrueuse de ce que les Européens leur ont fait. Et il a trouvé qu’il lui appartenait donc de marquer le lieu où se trouvait la dépouille mortelle des ces pauvres victimes qui ont été humiliés, torturés et jetés comme des déchets dans des fosses communes. Il n’est pas indispensable d’être chrétien ou juif pour cela. Il suffit simplement d’être un être humain, un vrai, dans le plein sens du terme. PERSONNE n’est plus méritant que lui !
Ftouh Souhail
(1) Patrick Desbois est un prêtre catholique qui préside l’association Yahad - In Unum. Il est Directeur du Service National pour les Relations avec le Judaïsme, service rattaché à la Conférence des Évêques de France. Petit-fils d’un prisonnier français du camp de Rawa Ruska (aujourd’hui situé en Ukraine), il mène des recherches sur les victimes juives des Einsatzgruppen en Europe de l’Est à partir de 2004 avec la structure de Yahad - In Unum.
(2) Bar- Illan est la seconde grande université d’Israël avec près de 30 700 étudiants.
(3) Le père Desbois, président de Yahad-In unum, était récemment à Genève où il a participé aux manifestations anti-racistes Pendant la conférence de l’ONU sur le racisme dite « Durban II » (20-24 avril 2009) .Il a participé au symposium « Actualité de l’antisémitisme et de l’intolérance ». Patrick Desbois, s’y est exprimé le jour de la commémoration de la Shoah (21 avril 2009) aux côtés notamment de Bernard-Henri Lévy, Élie Wiesel et Nathan Chtcharansky.
Vous pouvez envoyer un mail à Yahad In Unum ([email protected]) ou vous adresser à cette association, dont le Père Desbois est le Président : YAHAD-IN UNUM, 114 boulevard de Magenta, 75010 PARIS (tél. :33 (0)1.42.88.04.39 ou 33 (0)1.42.88.63.16 (fax)) .Ce serait formidable que vous puissiez l’aider à mener à bien ce travail titanesque mais nécessaire.