La Sioule

Publié le 06 juin 2009 par Gérard Charbonnel @gcharbonnel
Une ligne de vie

Avec ses paysages tellement pittoresques, ses gorges sauvages, ses eaux parfois tumultueuses et la richesse de ses édifices médiévaux, la Sioule est bien plus qu'une rivière. Du viaduc des Fades aux rives de Saint-Pourçain, la Sioule est un trait d'union, une ligne de vie entre Auvergne et Bourbonnais.

Sioule et presqu'île de Murat depuis le belvédère de Queuille ( Puy de Dôme )

La Sioule, rivière de caractère, serpente depuis le viaduc des Fades jusqu'aux berges de Saint-Pourçain où elle vient gonfler le cours de l'Allier. Tantôt bouillonnante, tantôt apaisée, la Sioule invite au dépaysement avec ce relent d'énigmatique qui nous renvoie à ses origines. Paradis des pêcheurs, la Sioule coule de méandres en falaises de granit rose, de profondes gorges en retenues.

Sur son parcours, la Sioule décline les impressions. Celle de l'étonnement au viaduc des Fades où le colosse, lors des matins brumeux, prend des allures de sphinx ou celle de l'attachement au méandre de Queuille où depuis le belvédère, Sioule et presqu'île de Murat semblent être enlacées faisant fi du temps qui passe.

A Châteauneuf-les-Bains, petite station où l'on vient ici soigner ses rhumatismes et ses articulations rouillées, la Sioule devient plus familière. Une activité originale, aujourd'hui révolue, animait les prairies des bords de la rivière : le blanchiment de la toile de chanvre. L'action conjuguée de l'oxygène produit par la chlorophylle de l'herbe et du soleil faisait le bonheur des blanchisseurs qui obtenaient ainsi des toiles d'un blanc si pur que l'on n'hésitait pas à y apporter des ballots d'étoffes depuis la Limagne.

La Sioule nous conduit ensuite aux pied de Château-Rocher, vaisseau de ruines et de pierres surgissant tel un phare. Cette forteresse a beaucoup moins résisté aux ravages du temps et de l'histoire que le vieux pont de Menat qu'elle avait pour tache de protéger.

Tout près de là, en aval, la Sioule s'engouffre donc sous le pont de Menat. Ce point de passage fut l'objet de tenaces querelles entre les maîtres de Château-Rocher et les moines de l'abbaye de Menat. Un jugement intervint : les châtelains obtinrent le droit de pêche et de justice en amont du pont et les moines, en aval.

Ici, à Menat, le Menatotherium a laissé sa trace et les spécialistes sont formels. Cette petite bÍte poilue longue d'une vingtaine de centimètres est l'un des mammifères les plus ancien d'Europe : 56 millions d'années ! Si le Menatotherium a trouvé place au Museum d'histoire naturelle, le site de Menat, un ancien lac de cratère comblé par les sédiments, vestige de l'un des premiers volcans d'Auvergne, a livré ici d'innombrables fossiles de toutes natures. Depuis le début des années 1980 les fouilles ont repris et un musée de paléontologie local présente des échantillons de fougères, d'insectes et de poissons du début du tertiaire.

Le petit village de Menat fut jadis le siège d'un monastère bénédictin fondé au VIe siècle. Joyau d'art religieux où se côtoient les influences auvergnates, limousines et bourbonnaises, il devint rapidement l'un des hauts lieux culturels de l'Auvergne. De ce monastère subsistent l'abbatiale du XIIe siècle, les restes du cloître du XVe siècle ainsi que les bâtiments abritant la mairie et le musée de paléontologie.

Pont romain sur la Sioule à Menat ( Puy de Dôme )

Et la Sioule poursuit son cours dans les gorges de Chouvigny, étirant sa silhouette aux pieds du château du même nom qui fut la propriété de la famille Lafayette.

Ancien castrum gallo-romain de Calvianicum, le château a été entièrement remanié dans les années 1960 perdant probablement ses allures martiales du XIIIe siècle. Juché sur son éperon rocheux qui domine la Sioule, cette demeure vaut le détour pour la vue qu'elle offre sur les gorges et pour le souvenir de ses plus prestigieux propriétaires. Marie-Madeleine Pioche de la Vergne, comtesse de La Fayette, auteur de la Princesse de Clèves et le duc de Morny, demi-frère de Napoléon III séjournèrent en ces lieux.

Les gorges de Chouvigny sont le trait d'union et la frontière entre Auvergne sur la rive droite et Bourbonnais sur la rive gauche. Ces impressionnants canyons, nous conduisent sur quelques kilomètres, d'un espace rural constitué d'imposantes fermes montagnardes dans les Combrailles aux immenses métairies de l'Allier.

Et puis, dans un dernier soubresaut en forme d'adieu aux montagnes, la Sioule termine sa course vers le bassin d'Ebreuil où elle ira se noyer dans les eaux de l'Allier, du côté de Saint-Pourçain.

➥ Galerie photos " Sioule "

➥ Galerie photos " Menat "


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