Psychiatrie : le rapport du sénateur Alain Milon

Publié le 06 juin 2009 par Colbox

Les remèdes contre le malaise de la psychiatrie ne font pas l’unanimité
Par Cécilie Cordier, publié le 05/06/2009 17:59

La psychiatrie manque d’argent, alors qu’elle est amenée à soigner 20 % des Français. Un nouveau rapport sénatorial rendu public le 3 juin préconise de réformer en profondeur la profession. Si des points d’accord existent entre parlementaires et médecins, les solutions proposées par les premiers ne satisfont pas les seconds.
Stigmatisée, cachée, parfois effrayante, la maladie psychiatrique touche un Français sur cinq au cours de sa vie. “Pourtant, seuls 2 % du budget de la recherche lui sont consacrés”, s’indigne Alain Milon, sénateur UMP du Vaucluse et coordinateur du dernier rapport sur la psychiatrie, réalisé sous l’égide de l’Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé (Opeps).

Selon le document, la psychiatrie “est incapable d’assurer la prise en charge des patients”, parce qu’elle détecte les troubles trop tard et ne dispose pas de suffisamment de moyens. Un constat partagé par le Syndicat des psychiatres français, dont le président Jean-Pierre Capitain s’émeut: “Ce rapport est méprisant pour notre profession. Ce n’est pas parce que nous avons besoin de plus de moyens que nous faisons mal notre travail! Il y a des points d’accord, mais des raisons de s’alarmer.”

Le système de “secteurs” en question

Le syndicat est favorable à une meilleure coopération avec les médecins généralistes, ainsi qu’entre le secteur hospitalier et la ville. Mais il s’oppose vigoureusement à la création de groupements locaux qui réuniraient l’ensemble des acteurs, publics, privés, médicaux et sociaux de la santé mentale. L’idée n’est pas nouvelle. Elle avait déjà suscité la réaction des psychiatres en février dernier, lorsque la commission d’Edouard Couty l’avait proposée.

Les psychiatres, organisés en secteurs pour n’intervenir que sur un territoire défini, craignent de voir ce découpage disparaître. Prudent, Alain Milon indique que “la psychiatrie doit être réorganisée. Mais il est seulement question de faire évoluer le secteur”. “Son principe c’est de permettre aux malades de sortir de l’hôpital et d’être suivis en externe”, explique Pierre Paresys, vice-président de l’Union syndicale de la psychiatrie.

Mieux former les infirmiers

“Pour ne pas stigmatiser la maladie mentale, il faut que les patients restent socialisés, assure Alain Milon. Même s’il ne faut plus fermer de places en hôpital psychiatrique, il ne me semble pas nécessaire d’en ouvrir de nouvelles. Mieux vaut développer les cabinets d’infirmiers pour des interventions à domicile.”

“Mais dans ce cas, il faut mieux former les infirmiers”, s’inquiète Jean-Pierre Capitain. Une mesure justement proposée par le rapport qui suggère de “remettre en place la masterisation pour les infirmiers psychiatriques”, rappelle Alain Milon. Solution insuffisante, selon Pierre Paresys, pour qui la formation théorique apporte peu.

Les syndicats devraient se faire entendre au cours d’états généraux de la santé mentale… que le rapport sénatorial préconise d’organiser avant toute réforme.

éé

éé