Poursuivant l'exploration littéraire de cette époque de troubles et d'exactions que connut l'Egypte à la fin de l'Ancien Empire et durant la Première
Période intermédiaire, je voudrais aujourd'hui, ami lecteur, comme promis la semaine dernière, vous donner à lire une autre façon d'aborder le "Carpe diem" cher au poète
latin Horace et qui, souvenez-vous, transparaissait déjà dans le chant du harpiste que je vous avais proposé le samedi 23 mai.
Et le texte ci-après constitue aussi, en quelque sorte, la réponse du "Bâ" qui refuse cette mort qui serait délivrance aux yeux du "Désespéré" (dont nous avons lu
quelques stances samedi dernier), préférant l'exhorter à oublier ...
Si tu songes à la tombe, c'est amertume de coeur;
C'est ce qui fait venir les larmes, et qui accable l'homme.
C'est arracher un homme de sa maison, l'abandonner sur la
montagne.
Tu ne sortiras plus au jour, pour voir le
soleil.
Ceux qui ont bâti en granit rose et ouvré
dans une pyramide
De belles salles en beau travail,
Une fois que de constructeurs ils sont devenus dieux,
Leurs tables d'offrandes sont vides.
Ils sont comme des misérables morts sur la berge,
Sans héritiers, à la merci du flot et de l'ardeur du soleil,
A qui parlent les poissons du bord de l'eau.
Ecoute-moi donc; vois, il est bon pour l'homme d'écouter.
Obéis au beau jour et oublie le souci.
(Traduction : Pierre Gilbert : 1949, 87)