C'est curieux comment certains aliments sont attachés à un classement dans notre petite échelle affective, par exemple pour moi casse-croûtes riment avec bons moments. Avec ces moments d'échanges autour du pain et du pâté étalé à grands coups d'opinel où les bières s'ouvraient avec le cul d'un briquet, et même si ces moments se sont passés dans une cave avant de retourner démonter une colonne d'eau en fonte, même, ils restent uniques… parce que dans ces moment on partage bien plus qu'un bout de pain… Et pas que ça…
Aussi ceux de ces sandwichs géants à la tortilla achetés dans les petits bouibouis barcelonais, que même un alligator bâilleur ne pourrait pas attaquer de front, et les regards complices échangés qui se demandent mutuellement, et toi comment tu vas l'attaquer, face nord, face sud ?
Et ceux d'un petit matin où affamé de n'avoir pas mangé depuis… longtemps… parce qu'on avait tellement mieux à faire, tellement plus envie de profiter l'un de l'autre… Ces petits matin où on se retrouve dans un petit bistro de pas loin à commander des jambons beurre avant de ne plus tenir debout… Mais visiblement c'est pas la bonne heure, 8h07 du matin… Des casse-croûtes que le garçon, d'abord étonné, prépare ensuite en mettant un peu plus de beurre et de jambon que d'habitude, parce qu'il a vu vos yeux se perdre l'un dans l'autre…
Dans ma petite échelle affective les casse-croûtes tiennent donc une petite place bien particulière… Et curieusement pour leur cousine la tartine, en fait un casse-croûte ce n'est finalement que deux tartines amoureuses… pour les tartines donc, c'est une tout autre paire de manches ! Elles, elles ne sont même pas sur l'échelle.
Tartines, chez moi ça rime forcément avec catastrophes… petites et régulières parce qu'elles se cassent, s'effritent, se désintègrent à chaque fois quand elles sont grillées, me faisant découvrir le bonheur de me retrouver avec une crème pour main composée d'un mélange de beurre de confiture et de miettes… et forcément dans ce cas là, le sopalin… petites et tout aussi régulières parce qu'elles tombent dans votre café du matin, celui qui justement décide de votre humeur de la journée, celui que vous regardiez avec amour avant que la tartine que vous croyiez encore votre amie, le transforme en marécage où une méduse de pain gonfle tranquillement… et après on vous reproche d'être de mauvaise humeur ce jour-là…
Et je ne compte plus les chutes diverses et variées, celles qui ont ruiné le petit polo qui a déjà failli vous coûter un mariage la veille quand vous avez lancé vers 23h45, dis au fait Chouchou tu m'as bien repassé mon p'tit polo pour demain… mais si je te l'ai dit ! Parce qu'il faut le savoir, la tartine a une âme, elle est noire et sournoise ! Elle sait le regard qu'aura Chouchou le lendemain matin quand elle verra la tartine descendre doucement, en étalant bien la confiture qui la couvrait sur le p'tit polo qu'elle a repassé la veille vers trois heures du matin après quelques mots et explications de textes…
La tartine sait aussi, mauvaise fille qu'elle est, qu'elle peut transformer une petite attention matinale en une sorte de naufrage où vous n'avez qu'une envie, couler plus vite encore ! Elle sait qu'en glissant du plateau que vous tendez à votre dulcinée encore endormie et pourtant déjà papillonnante, touchée par l'intention, elle sait, la tartine, que vous allez essayer de la rattraper avec la même main qui tient ce foutu plateau… tout comme elle sait que Chouchou déguisée en petit déjeuné papillonne beaucoup moins…
Il faut le savoir la tartine est un loup pour l'homme, elle n'attend qu'une chose pouvoir frapper de face confiturée, parce que jamais, jamais une tartine ne tombe côté pain !
Du coup forcément aujourd'hui pas de tartines au menu mais des casse-croûtes, encore des casse-croûtes, toujours des casse-croûtes !
L'étrange et redoutable pizza casse-croûte… Une idée attrapée dans le livre Le vrai goût de New York de J.-L. André et J.-F. Mallet chez Aubanel
Ingrédients :
Pour la pizza : 400g de pâte à pain (vous pouvez faire votre pâte) – 1càs de double concentré de tomate – 4 càs de coulis de tomate (vous pouvez bien sûr utiliser du coulis maison) – 1 mozzarella – 20g de parmesan - 2branches de basilic – poivre – huile pimentée
Pour le sandwich : 8 tranches de jambon ultra fines (à l'italienne) – 2 poignées de mesclun et de petites feuilles de laitue mélangées – 1 mozzarella – huile d'olive – sel
Commencez par faire la pizza. Etalez la pâte sur un plaque couverte de papier sulfurisé et badigeonnez-la avec le double concentré et le coulis. Coupez la mozzarella et répartissez-la, faites de même avec le parmesan. Effeuillez le basilic sur la pizza. Poivrez.
Mettez dans un four préchauffé à 180° pendant 20minutes.
Quand la pizza est prête laissez-la tiédir.
Assaisonnez la salade avec un peu d'huile d'olive et de sel.
Coupez-la en deux. Etalez les tranches de jambon sur une moitié, puis la mozzarella coupez en fines tranches, puis la salade. Posez la deuxième moitié de la pizza, découpez la tranche pour la faire bien net, puis coupez la moitié en quatre.
Il n'y a plus qu'à mettre les parts de pizza par deux et ouvrir une bouche de crocodile bâilleur.
Si vous voulez les recettes des autres casse-croûtes cliquez simplement sur les photos et vous tomberez directement sur les recettes qui sont dans ma deuxième maison… Et si vous vous avez aussi un sandwich qui vous a marqué, une petite madeleine entre deux tranches de pain… n'hésitez pas à participer au concours de sandwiches lancé par le site www.recettespourtous et Sodeb'O (pour tous les détails du jeu c'est là : Grand concours sandwiches) ! Et surtout n'hésitez pas sur la moutarde comme ça je saurai peut-être si j'aime finalement ça…
Mais pourquoi, au fait je n'ai pas un pique-nique du côté de Soissons sur le feu moi… est-ce que je vous raconte ça…