X 2511 - 25 03 09
En relevant la responsabilité des partis de gauche, non révolutionnaires, dans
la situation désastreuse créée après 1930, puis universellement après les
accords de Munich, Walter Benjamin ne prend pas, comme son ami Bertold Brecht,
le parti du communisme soviétique. Il se réfère à un marxisme, qu’il traite
comme un absolu, inéluctablement voué à la lutte contre toute domination.
Bourdieu le rejoindrait sur ce point, l’ancrage théologique en moins ; la
profession de foi est la même. L’antagonisme n’est pas tolérable, il revendique
sa suppression. Celan ne souscrirait pas moins à ce principe, ne pactisant avec
aucune répression, où qu’elle fût (fût-ce en Israël), et pensant que la culture
était entièrement salie par ces compromissions.
Situant les “biens culturels” dans l’histoire, Benjamin ne parle pas en son nom des objets qui l’occupent, mais en historien et en observateur marxiste. C’est comme un terrible regard qu’il s’impose au nom de vérités théoriques. Il y a eu certes des génies, des Dante ou des Goethe, ils se situent dans une tradition dénaturée, au service des systèmes de domination. Ce serait aussi bien la culture, à laquelle les “génies” se sont rattachés ; celle qu’ils ont propagée ne s’en distingue pas. Tout ce qui est culturel, dans un regard aussi strictement politique de l’histoire, reste marqué négativement par l’inanité. C’est comme s’il fallait qu’un renversement global ait lieu pour que disparaisse la tare. Il n’y a pas dans ces biens de protestation libératrice, où se manifesterait le messianisme.
©Jean Bollack
Contribution de Tristan Hordé
Les X de Jean Bollack