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Troisième et dernier épisode du festival espagnol aux 80.000 spectateurs (leur record d’affluence, ils étaient 8.000 en 2001), nous allons enfin voir le bout du tunnel. Nous commençons avec la belle Alela Diane (cheveux courts) que l’on ne présente plus, et qui joue en fin d’après-midi dans la majestueuse salle fermée de l’auditorium (3.200 places assises). Parcourant essentiellement To Be Still son dernier album, c’est encore une fois un bonheur pour les oreilles, dans le sens du poil certes, mais avec la certitude de se tenir (assis) devant l’une des plus belles voix féminines américaines du moment.
Cette journée a tout pour me plaire puisque nous enchaînons avec Jonathan Meiburg et son projet Shearwater. Alors que je m’attendais à un concert plan-plan de fin d’après-midi et à de douces mélopées aériennes, les texans ont livré un spectacle dantesque, Jonathan poussant sa voix (phénoménale) dans ses derniers retranchements sur des titres qui au final sont déjà des classiques, alors que je n’en avais pas tant l’impression. De plus, ses musiciens (et lui-même) se livrent tout au long de la représentation à un impressionnant jeu de chaises musicales, à l’aise quelque soit l’instrument. Mention spéciale au batteur (par défaut), au physique à la Mickey Rourke et au doigté si délicat au xylophone. L’un de mes meilleurs moments du festival.
Un peu plus tôt, hors site, au parc Miro, petit îlot de verdure au milieu d’immeubles, deux groupes allaient nous en donner pour notre après-midi. Bowerbirds dans un premier temps, trio de Caroline du Nord au folk simple mais racé, et Crystal Stilts (photo) from Brooklyn, fort sympathique groupe anachronique (lunettes noires, voix monocorde, palmiers). Alight Of Night ressort vraiment bien, et l’impression de voir jouer le Velvet est prégnante. Avec Crystal Antlers et The Pain Of Being Pure At Heart, c’est la troisième confirmation de talent des buzz médiatiques de cette année.
Suit un peu plus tard l’enchainement de trois groupes légèrement plus anciens : Deerhunter, à l’instrumentation un peu simple alors que je m’attendais à du bidouillage informatique, Gang Gang Dance, avec une voix que je n’ai pas pu supporter, et Liars, qui malgré leur côté "poseur" restent vraiment très intéressants. Je ne vous parlerai pas de The Jayhawks, classique mais sans plus, pour passer directement aux deux poids lourds de ce festival.
30.000 personnes se sont tassées pour voir jouer le canadien le plus célèbre du monde. Cela fait vingt ans que Neil Young (photo) n’a pas joué à Barcelone, et le Monsieur se fait assez rare (et cher surtout). Eh bien force est de constater qu’à 64 ans, le musiciens a gardé une sacré présence sur scène. Il nous offre un concert "Best Of" où il est étonnant de constater à quel point les espagnols (et les autres) connaissent les paroles du répertoire sans fond de Neil, et surtout que de très nombreux artistes du festival sont dans le public pour voir jouer leur idole. Point de dernier album, le public n’est pas venu pour ça, c’est principalement à Harvest, Zuma et After The Gold Rush que l’on a droit. Encore mieux, même si certains se demandent encore pourquoi, Neil Young termine son set (1h30 seulement) sur "A day in the life", une cover des Beatles qui lui va comme un gant et sur laquelle il achève sa guitare, laissant la caméra s’attarder sur l’objet encore fumant.
Rien d’autre à dire sur Sonic Youth, qui au contraire joue essentiellement son nouvel album, et qui m’a beaucoup moins convaincu. Mettons ça sur le dos de la fatigue. 31 concerts en 3 jours, plus de 5 litres d’Estrella Damm ingurgités, c’est mon bilan personnel d’un festival où je placerai sur le podium Neil Young, Yo La Tengo et Shearwater. Là où je commence à avoir le vertige, c’est quand je regarde tout ce que j’ai manqué : Phoenix, Aphex Twin, Squarepusher, The Jesus Lizard (impardonnable mais c’était ça ou Yo La Tengo), Wavves, Art Brut, Sunn O))), The Drones, Shellac (aïe), Damien Jurado, Vivian Girls, Michaël Mayer, Tokyo Sex destruction, A Certain Ratio, Majhongg, Simian Mobile Disco, Jeremy Jay, Black Lips, Zombie Zombie et j’en passe encore… Tout est question de choix, et celui qui m’a mené ici fut tout-à-fait justifié. Hasta luego Barcelona.
Le site officiel du festival
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Crédits photos : Dani Canto ©, Inma Varandela ©, Cristina Delbarco ©