François Bayrou a perdu gros hier soir. Depuis quelques jours, depuis qu'un sondage l'a fait passer derrière la liste que mène Cohn-Bendit, il semble avoir perdu son sang froid. En s'en prenant de manière répétée aux sondeurs, qu'il accuse d'être au service de l'Elysée, il se donne une allure d'imprécateur qui n'est certainement pas la meilleure manière de prétendre à un rôle de premier plan.
En attaquant sur France 2 Cohn-Bendit qui rappelait que dans une campagne sur les élections européennes il serait bon de parler d'Europe, il a commis une triple erreur :
- il a, d'abord, brouillé son image d'européen qui était l'un de ses meilleurs atouts,
- il a révélé la faiblesse d'un programme qui repose presque exclusivement sur l'anti-sarkozysme, ce qui est un peu court et très bien partagé (en la matière, Cohn-Bendit a d'ailleurs été hier soir plus pertinent et percutant),
- il a, enfin, donné à l'UMP et au PS un bon angle pour l'attaquer.
J'ajouterai qu'il a révélé plusieurs faiblesses de caractère, une faculté à perdre son sang froid qu'il devrait maîtriser, un usage pour le moins peu rigoureux de la vérité (sur les déjeuners à l'Elysée) et une absence de scrupules qui ne l'honore pas (les attaques sur un livre qu'il dit avoir lu quelques jours plus tôt, alors qu'il a été publié il y a 25 ans, qu'il est depuis des années épuisé et certainement complètement dépassé : pourquoi se plonger dans ce livre sinon pour y trouver des armes contre son adversaire?). Plutôt que de persister et signer, comme il semble avoir choisi de faire, il devrait revenir à la seule chose qui devrait compter dans cette campagne : l'Europe.