A Pâques 2007, j’effectuais en famille un pèlerinage dans la région Nord où nous avions passé quelques unes des plus heureuses années de notre vie. Le soir venu, cherchant en hébergement, je fus très surpris de ne trouver que des hôtels complets. Dans l’un d’entre eux, la réception était pleine d’une cohue joyeuse où quelques jeunes gens s’époumonaient dans des cornemuses. J’appris alors que toute cette affluence était due à la célébration du quatre-vingt-dixième anniversaire de la bataille de Vimy.
Du 9 au 12 avril 1917, les Canadiens étaient parvenus à s’emparer de la crête de Vimy, sacrifiant dans la bataille quelque 3600 soldats. Notre pays avait ensuite cédé ce site au Canada et quatre-vingt-dix ans après, la reine d’Angleterre venait inaugurer le mémorial canadien, après sa restauration. J‘avais été ému à la pensée que la plupart de ces jeunes venus célébrer cet événement étaient peut-être des petits-fils des combattants de cette bataille. Notre premier ministre de l’époque, Dominique de Villepin, représentait notre pays à cette commémoration mais, est-ce un manque d’attention de ma part, je n’en avais pas remarqué l’écho dans nos médias nationaux. Il faut dire qu’à l’époque, ni Sarkozy, ni Obama ne présidaient aux destinées de leurs pays respectifs.
Ce souvenir ne rend que plus lamentable l’affront que notre gouvernement a réservé à nos alliés britanniques. Oser dire que, même si elle n’a pas été invitée, la reine d’Angleterre est la bienvenue témoigne d’une incroyable muflerie. Nous ne devrions pas être surpris, étant donné la distinction naturelle dont notre Président aux nerfs d’acier sait faire preuve en toute circonstance. Quant à ce pauvre Chatel qui croit opportun d’ajouter : « il y aura d’autres 6-juin ! » Ah, il sait porter la parole de son maître dans le registre qu’il affectionne.
Pour une fois, j’adhère à ce que déclarait il y a quelques jours sur une radio François Bayrou. C’est comme un mariage auquel vous n’avez pas été invité mais on vous dit : mais bien sûr, il n’y a pas de problème, vous êtes le bienvenu. Le but, affirme Bayrou, «c'est qu'il n'y ait que Nicolas Sarkozy et Barack Obama de reconnaissables sur la photo». Le maître de l’Europe en compagnie du maître de l'Amérique ! Notre habile Président qui parvient à faire croître à nombre de commentateurs qu’il a sauvé la Géorgie de l’invasion alors qu’il s’y est rendu après que Medvedev eut ordonné un cessez-le-feu, qui assure avoir fait progresser l’Europe alors qu’il a choisi pour ses réunions certains pays de l’Union européenne en en oubliant, et humiliant, d’autres, qui prétend avoir mis à raison les paradis fiscaux alors qu’il n’y a plus aucun d’entre eux sur la fameuse liste noire des réprouvés. Encore un petit effort, nous apprendrons bientôt que c’est lui le libérateur de la France.
Mais quand donc pourrons-nous cesser d’avoir honte de nos dirigeants ?