Hier soir, sur la télévision publique sans publicité, se déroulait le seul et unique débat politique axé sur les prochaines élections européennes. Son but, selon Arlette Chabot, directrice de l'information de France 2, était d'encourager les français à aller voter après les avoir aidé à mieux comprendre les tenants et les aboutissants de ces élections.
Opération manquée. C'est le moins que l'on puisse dire. Les blogueurs de divers horizons s'attardent aujourd'hui à réagir sur la polémique lancée par François Bayrou à destination de Daniel Cohn-Bendit. A mon sens, ce n'est pas tant les acteurs qui sont en cause mais plutôt la chaîne publique qui, ne consentant un effort de pédagogie européenne que le temps d'une seule et unique soirée, s'est forcément plantée.
A vrai dire, l'émission n'avait pas encore débutée qu'elle faisait déjà l'objet de critiques politiques. Nicolas Dupont-Aignant, aboyeur de service et en enfant prodigue du Gaullisme agitait déjà sa mèche rebelle dans les médias pour critiquer cette méthode qui consistait à n'inviter que les "principaux partis". Sur ce point, la critique me paraît plus que juste. Bref, fin des débats, ce sera les 8 principaux partis. UMP, PS, Modem, Europe Ecologie, Front de Gauche, les mass spammeurs de Libertas, le NPA du facteur en Audi et le FN.
Huit partis, 2h15 d'émission soit, en respectant les normes CSA, 16 minutes chacun pour aborder des thèmes aussi peu importants que l’avenir de l’Union Européenne. 16 minutes… et deux tables, bien distinctes, entre lesquelles se balade la directrice de cérémonie. En termes de communication et de gestion des acteurs, on a fait mieux. En management, cela ressemble fort à une réunionite. Et, comme dans une classe dissipée, nos gamins de politiques se sont apostrophés, comment pouvait-il en être autrement en associant, le temps d’une soirée sprint, des partis classiques, extrêmes, pro et anti-européens ? Des responsables politiques en dangers ? Pour la plupart têtes d’affiches de leurs mouvements politiques en France (et donc inévitablement mis en face de questions franco-françaises) ?
Alors forcément, dans ce mic-mac désordonné, Arlette Chabot n’a strictement rien contrôlé, se laissant aller à la polémique avec Marine Le Pen, apostrophée par le gentleman Mélenchon, laissant voler les insultes entre Bayrou et Cohn-Bendit etc... Une claque à chacun et au lit...
Bayrou justement, agressif comme jamais, plus que jamais revigoré par le cirage quotidien des médias qui l’ont porté et qui le porte toujours au rang de meilleur opposant à Nicolas Sarkozy. François Bayrou, tête d’affiche de l’extrême centre, qui voit son avance sur Europe Ecologie fondre comme neige au soleil et qui, dans un dernier coup de collier, espère défendre la dernière raison d’être politique du Modem et, surtout, sa propre place en 2012.
Au final, cette soirée ratée a du faire mouche auprès du peu de téléspectateurs qui l’auront suivi… (Quatrième position des audiences : 2,4 millions de téléspectateurs). Ils y auront vu un superbe condensé de toute l’Europe d’aujourd’hui, incohérente, désorganisée, lourde et au carrefour de débats et d’opinions de plus en plus tranchées, le tout très largement incontrôlable.
PS: Bayrou et Chabot invités au Grand Journal de Canal + ce soir...