Après le long dessin crêpé des vagues sur la surface délaissée du monde ;
Une apparition.
Une terre se découpe dans les flots ;
On s’y attendait.
Les îles volcaniques nous avaient avertis ;
Tels de petits cailloux parsemés par un Petit Poucet sulfureux ;
Que nous arrivions à destination.
La Sicile surgit.
D’abord île, puis pays.
L’Etna se couche sous l’avion ;
Et de sa bouche piquante nous adresse de parfaits ronds de fumée.
Nous atterrissons.
La lumière chauffe et contredit le fond de l’air ;
Les voix sont chaleureuses mais les gestes impatients.
Sous nos pieds le géant Typhée ;
Accablé et accablant ;
Menace de vomir son feu à tout instant ;
Et de déchirer l’île qui le recouvre.
Etre Sicilien n’est jamais une question ;
Mais une reconnaissance insensée de l’air que l’on respire.
Le spectacle d’un meilleur qui se nourrit de pires ;
Et des humeurs succulentes des jardins pétrifiés.
Là-bas, les eaux douces d’Aréthuse épousent les eaux salées d’un fleuve colérique ;
Dans le secret des fontaines.
Le Temps se fait Lumière, la Lumière est Mer ;
Et la Mer un Miroir, du Temps qui rejoue dans les hautes fenêtres de Syracuse ;
Le passage ancien d’un vol de cailles.
Loïs Falzon.