Pour accompagner sa modernisation, le secteur public a besoin d’experts en finance, informatique, achats, ressources humaines… Des compétences pointues recrutées par voie contractuelle.
Pas besoin de passer obligatoirement un concours administratif pour accéder à la fonction publique. Dans les services de l’État ou les collectivités locales, on fait de plus en plus appel à des «contractuels» qui n’ont pas le statut de fonctionnaire.
Les profils les plus recherchés ? Des informaticiens, logisticiens, acheteurs, financiers, spécialistes du marketing… autant de fonctions pointues auxquelles ne correspond aucun corps de fonctionnaires. «Il existe aussi des besoins pour des consultants qui ont l’habitude de manager des équipes projet, ajoute Charles Pouvreau, directeur du pôle public au sein du cabinet de recrutement Mercuri Urval. Or, ces compétences ne s’acquièrent que dans les grandes entreprises privées.»
De même, la LOLF (loi organique relative à la loi de finance d’août 2001), qui oblige chaque administration à rendre compte de l’utilisation de ses budgets, a créé de nouveaux besoins en managers financiers. Par ailleurs, la généralisation des nouvelles technologies dans les services publics a provoqué un appel d’air pour des experts des systèmes d’information, de l’Internet ou de la sécurité informatique. Des profils que l’on ne trouve guère que dans le privé. « Des spécialistes en ressources humaines, habitués des négociations avec les représentants du personnel, sont également recherchés pour accompagner la réforme de l’État sur le plan social », indique Arnaud Bioul, directeur du département public et parapublic de Michael Page.
Enfin, «les futures agences de service public, chargées d’appuyer les ministères dans l’application de leur politique, vont aussi avoir besoin de compétences issues du privé», estime Charles Pouvreau. La première du genre, l’Agence des achats de l’État, embauche d’ailleurs une vingtaine de personnes essentiellement dans les domaines «des relations clientèles » et des « méthodes, outils et systèmes d’information».
Écarts de rémunérations
Dans les secteurs de l’environnement et de la santé ou de la petite enfance, les collectivités territoriales peinent souvent à trouver les bons profils. D’où de nombreuses opportunités de jobs hors concours. À Suresnes (92), la nouvelle crèche représente à elle seule 25 créations de postes sur les 120 recrutements prévus par la ville en 2009. «Dans un secteur en pénurie comme celui de la petite enfance, nous n’avons pas d’exigence de statut, explique Françoise Devémy, responsable de l’emploi-formation à la Mairie de Suresnes. Nous pouvons recruter des agents sous contrat en fonction de leurs diplômes et de leurs parcours. Puis nous les aidons ensuite à passer des concours administratifs. Ils peuvent ainsi poursuivre leur carrière dans nos services tout en gagnant en compétences.»
Les rémunérations du public, plus faibles que dans le privé à poste équivalent, constituent-elles encore un frein ? Souvent, le candidat devra accepter une baisse de salaire. «Un chef de projet informatique expérimenté peut viser les 80 K-euros par an dans le privé contre 65 K-euros dans la fonction publique, illustre Charles Pouvreau (Mercuri Urval). Les administrations s’ouvrent alors à des profils plus jeunes mais qui ont du potentiel pour monter en compétences très vite.»
Ainsi à la Mairie de Suresnes, on s’adapte à la pénurie d’ingénieurs, d’informaticiens ou de managers spécialisés «en recrutant des jeunes salariés qui n’ont pas les mêmes prétentions salariales que leurs aînés. Nous les sélectionnons sur leur potentiel afin qu’ils puissent prendre rapidement des responsabilités», assure Françoise Devémy. Reste que pour Arnaud Bioul (Michael Page), «avec la crise, l’écart de rémunération tend à diminuer. Par ailleurs, le manque à gagner est souvent compensé dans la fonction publique par des missions à plus haute valeur ajoutée et des niveaux de responsabilité plus importants, comme dans les systèmes d’information».
Pour en savoir plus : Le Figaro