Les Ekranoplanes (экраноплан) sont des aéronefs à effet de sols, c’est à dire capable de voler à une faible hauteur au dessus de l’eau ou de n’importe quelle surface plane, imaginé par un ingénieur russe Rotislav Yevgenievich (1916-1980) plus connu sous le pseudonyme d’Alekseyev puis par le bureau d’étude OKB.
Né pendant la guerre froide, au moment ou les deux super puissances rivalisent en créativité afin d’affirmer leur supériorité, l’Ekranoplane est moitié bateau moitié avion, en se déplaçant à quelques mètres de hauteur au dessus de l’eau il est capable de s’affranchir de la trainée hydrodynamique et bénéficie d’un phénomène aérodynamique qui amplifie la portance classique c’est “l’effet de sol”. Les frottements dynamiques sont divisés par deux, ce qui permet de déplacer des véhicules de forts tonnages à haute vitesse.
En 1956 Robert Bartini réalise le Beriev Be-1, un avion prototype à effet de sol de faible taille. Propulsé par un unique réacteur Tumansky RU-19, il réalise une série de vols entre 1961 et 1964. Il est aussi capable de se poser sur l’eau. Ce prototype donnera plus tard naissance au VVA-14.
Le monstre de la Caspienne (каспийский монстр) ou modèle KM est construit en 1966, il fait 100 mètres de long et pèse 550 tonnes, sa propulsion est assurée par dix turbo réacteurs Dobryin VD-7. Il demeure à ce jour l’avion capable de soulever la plus lourde charge en vol, loin devant les avions cargos Antonov. A l’apogée de la guerre froide, l’Union Soviétique avait projeté de construire 100 exemplaires de ces “monstres” , le nombre fut ensuite réduit a 24. Il s’écrasa en 1980 par manque de visibilité dans un épais brouillard, malgré la faible profondeur, il ne sera jamais repêcher à cause de son poids.
En 1972 né l’Orlyonok (Орлёнок), “aiglon” en russse, produit à quatre exemplaires, l’avion plus modeste mesure 58 mètres pour un poids de 125 tonnes. Sa vitesse de croisière approche les 400 km/h son altitude normale varie de 5 à 10 mètres mais il est capable d’atteindre 300 mètres, son autonomie est de 1500 km. Destiné à des missions militaires, il peut transporter dans sa soute, 150 hommes et deux tanks. A l’origine 20 exemplaires devaient être réalisés, aujourd’hui encore une version commerciale de l’Orlyonok est toujours en production, il a été reconvertit en cargo pour le transport de fret et dans des missions de secours.
La même année le Bartini Beriev VVA-14 réalise son premier vol. L’avion fait 26 mètres de long pour un poids total de 52 tonnes (29 tonnes de charge), capable de couvrir 2450 km à une vitesse de 640 km/h. Capable d’utiliser l’effet de sol, c’est aussi un avion amphibie à décollage verticale. A l’origine le VVA devait servir à détruire les missiles sous marin américains Polaris. A la mort de son inventeur Robert Bartini, le projet est abandonné après 107 vols d’une durée totale de 103 heures. Aujourd’hui il est encore possible de voir le VVA-14 numéro 19172 à Monino au musée de l’aviation de la Fédération Russe, son état est assez délabré.
Durant les années 80, un nouveau modèle est mise en chantier, le Lun (Лунь) qui signifie busard en Russe. Plus gros que l’actuel Boeing 747, l’avion fait 74 mètres et transporte des missiles antinavire. Un seul exemplaire sera réalisé et le programme sera abandonné par manque de budget.
En 1989 après l’accident du sous marin Komsomolets au cours duquel42 marins perdirent la vie, les soviétiques mettent en projet le Spasatel (Cпасатель), ou encore “le sauveur”, destiné à des missions de sauvetage, c’est le second Lun qui ne sera jamais achevé qui sert de point de départ du projet. Ce véritable hôpital volant d’une capacité initiale de 500 personnes se verra réduit à 120. Sa réalisation est stoppée alors qu’il ne manque plus que l’aménagement intérieur, il est depuis dans un hangar de Nizhny Novgorod.
Un des derniers projets est celui de la firme Boeing en 2003 avec son Pelican, un gros-porteur pour l’armée Américaine, long de 121 mètres et capable de déplacer 750 tonnes sur une distance de 18500 km en utilisant l’effet de sol ou encore 12 000 km en vol conventionnel. L’appareil disposerait d’un double pont capable d’accueillir 17 tanks et de soulever une charge maximum de 3000 tonnes. La motorisation serait assuré par quatre turbopropulseurs et huit hélices. Sa conception autoriserait aussi les décollage classique à partir d’une piste en répartissant sa charge sur 38 trains d’atterrissage soit 76 roues.
Du coté Français une initiative privée de Serge Pennec et Paul Lucas a débouché sur le “Navion” un petit monomoteur monoplace capable d’atteindre les 100 km/h pouvant tirer profit ou non de l’effet de sol. Les deux ingénieurs ont réalisés l’appareil pour leur propre usage, aucune commercialisation n’est prévue.