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Européennes : Nicolas Dupont Aignan revendique sa différence

Publié le 05 juin 2009 par Hmoreigne

 Gaulliste mais pas souverainiste selon ses propres propos, Nicolas Dupont Aignan (NDA), président fondateur de Debout la République est porteur, non sans panache, dans une très morne campagne des européennes, d’un des rares discours à la tonalité différente.

NDA assume ses choix. Et pour commencer sa campagne contre le référendum sur la constitution européenne il y a 4 ans. “Si on avait écouté ce NON, on n’en serait pas là aujourd’hui”.

NDA réfute toute hostilité à l’égard de l’idée européenne, il aspire simplement à un autre modèle évoquant un changement radical du logiciel européen. La question primordiale jamais posée est de savoir quelle Europe on veut construire. A l’occasion d’un chat sur Le Monde.fr, le député souverainiste a précisé sa vision.

“En vérité, il y a deux façons de construire l’Europe. L’Europe supranationale fédérale, qui nie les nations et leur vie démocratique et qui veut créer une nation européenne.  C’est la tentation d’aujourd’hui, avec le traité de Lisbonne, qui n’est que la copie conforme du traité constitutionnel européen, rejeté par les peuples. Et il y a la seconde façon de construire l’Europe, qui est l’Europe confédérale des nations et des projets. Si l’on regarde les quarante dernières années, on s’aperçoit que l’Europe supranationale ne marche pas, et l’on constate que l’Europe des projets est la seule qui marche (Airbus, Ariane).” “L’enjeu, c’est de parler de l’avenir. La question n’est plus le conflit entre les euro-béats et les euro-ronchons ; le défi, c’est d’inventer une Europe utile qui s’appuie sur des nations libres de conserver leur modèle propre.

Le député de l’Essonne aspire à un coup de balai au niveau des institutions européennes : “Aujourd’hui, je défends une Europe qui justement s’appuie sur les nations, ne veut pas tout uniformiser, et s’occuperait des vrais enjeux du XXIe siècle : scientifiques, industriels, environnementaux. C’est pourquoi je propose une révolution des institutions, avec la suppression de la Commission, la création d’agences de coopération à la carte, secteur par secteur”.

Pour le Président de Debout la République qui prône la suppression de la Commission, la question des institutions est essentielle. “J’ai constaté que l’Europe ne fonctionnait pas et s’éloignait des peuples car les trois principales institutions de l’Union (Commission, Banque centrale et Cour de justice) sont des organismes hors sol, illégitimes, qui se sont arrogé des pouvoirs exorbitants du droit commun. Il faut donc remettre du lien démocratique dans le système. C’est pourquoi je propose de remplacer la Commission par, d’une part, un secrétariat allégé auprès du Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement, et d’autre part, des agences de coopération qui pourraient tout à fait réunir de deux à vingt-sept Etats en fonction du volontariat. Bien sûr, le Parlement européen continuerait de jouer son rôle, même si je propose parallèlement le renforcement des pouvoirs des Parlements nationaux et la réduction des compétences de l’Union.

Pour Nicolas Dupont-Aignan le respect des intérêts nationaux passe par le rétablissement du système originel de la préférence communautaire. “En un mot, des droits de douane aux frontières de l’Union européenne en fonction des produits et des modes de production des pays d’origine. Je prends un exemple concret : aujourd’hui, la Chine a décidé de s’emparer du marché des panneaux solaires, elle organise un vrai dumping sur ce produit. Si l’on continue comme ça, il n’y aura plus un producteur de panneaux solaires en Europe, alors même que nous allons investir des milliards d’euros dans cette énergie renouvelable. Est-ce acceptable ? Non, bien sûr, car un ensemble de 450 millions d’habitants ne peut pas durablement se laisser déposséder de ses forces productives.

Sur la question Turque habilement réinjectée dans le débat par l’UMP, NDA est droit dans ses bottes. “Sur la Turquie, je n’ai jamais changé d’avis : faire entrer la Turquie dans l’Union européenne, c’est définitivement faire exploser l’Union. Je pense que l’avenir est à un vrai partenariat avec les grandes nations qui entourent l’Union européenne : Russie, Turquie, Maghreb. Par ailleurs, sur l’affaire turque, le président de la République est d’une hypocrise incroyable puisque, ne l’oubliez pas, il a supprimé le référendum obligatoire qu’avait mis en œuvre Jacques Chirac et il a laissé l’Union européenne, sans mettre le veto de la France, ouvrir huit chapitres de négociation avec la Turquie depuis qu’il est président !

Rejetant le clivage traditionnel droite-gauche, NDA, ex-UMP fait appel aux valeurs du Gaullisme. “On est gaullistes. Etre gaulliste, c’est être au delà de la droite et de la gauche quand l’intérêt national est en jeu.” A ce titre le député indique que les listes de Debout la République rassemblent à la fois des républicains gaullistes de droite et des chevénementistes républicains de gauche.

Réfutant de rouler pour Nicolas Sarkozy, Nicolas Dupont-Aignan revendique sa différence et son indépendance : “je ne serai jamais, à la différence de Philippe de Villiers qui le revendique, le flotteur droit de Nicolas Sarkozy“.


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