Afin de terminer l’article sur la différence entre, pour parler comme Proust, « les deux côtés » des villégiatures nantaises, place au texte de Gracq : dans les dernières pages de la Forme d’une ville, l’auteur parle plus particulièrement de Préfailles, puis, par contraste, de La Baule :
« Ces falaises basses sont bordées de propriétés à l’ancienne, assez vastes, closes de murs qui s’avancent jusqu’à l’à-pic, et auxquelles on n’accède que de l’arrière. Les villas s’eclipsent, jalousement cachées derrière les charmilles et les bosquets de leur petit parc : les scènes qui se jouent ont ici pour seul théâtre un étage de loges spacieuses, juxtaposées, rigidement compartimentées et dont on sent que la préoccupation première est de dérober chacune, ombrageusement, ses allées et venues et son manège intime au regard du voisin...
« (...) Du Pouliguen à
Pornichet, pendant deux mois, tout était mouvement, agitation, fête et changement, foire aux vanités aussi, et où la population d’estivants, le long du remblai en arc de cercle de la plage de
La Baule, se donnait à elle-même en spectacle comme le public d’un théâtre qui joue à bureaux fermés. Ce que je distinguais mal à Nantes, ce qui
restait en suspension à l’état diffus dans le tohu-bohu égalisateur d’une grande ville, se concentrait là l’été, comme si une vitrine des élégances nantaises, triée par le goût de la
villégiature, se fût ouverte pour deux mois autour du casino, entre l’avenue de la Plage et l’avenue des Lilas. »