Non, je ne parle pas de la ville d’Espagne mais bien du célèbre hôtel-restaurant en bordure de la 20. Endroit mythique s’il en est un, le Madrid à bâti sa réputation sur son poisson pané son club sandwich ses chambres rustiques sa collection de dinosaures en carton pâte défraîchis au soleil, ses véhicules “big foot” qui y font un dernier arrêt avant la cour à scrap, et, bien sûr, le coloré Normand L’Amour qui, j’en suis sûr, y a livré des performances mémorables.
Bref, de retour d’un meeting client en fin d’après-midi, le collègue Michael propose en pleine crampe de cerveau de souper au Madrid, question de démystifier l’endroit une fois pour toutes. Go, tabarnouche. C’est le temps ou jamais.
Ce fut une expérience surréaliste. Après le choc du stationnement ou les dinos jaunis et les vieux pickups rouillés montés sur des roues de bulldozers semblent monter la garde autour du périmètre, nous pénétrons dans l’enceinte. L’espace principal est plein. Sur un sofa installé près de la porte, un trio de mannequins en plastique représentant des fermiers sont confortablement assis en souriant comme dans les films d’horreur cheap des années 80.
- Fuck Michael, celui du centre tourne la tête! Check!
En effet, le mannequin du centre est doté d’un mécanisme qui lui fait tourner la tête toutes les 5 secondes. Creepy.
Heureusement, il y a une grande salle à manger adjacente à l’espace principal. On peut s’installer. La jeune et sympathique serveuse remplit nos verres d’eau, verres multicolores en plastique qui me rappellent ceux de ma jeunesse quand Texaco nous en offrait 6 pour un plein d’essence.
Michael : M’a me laisser tenter par une poutine saucisse.
Je remarque qu’il y a une “poutine chinoise”. Oui, chinoise. Le menu indique qu’il s’agit de frites et fromage garnis d’un mélange de sauce brune et de sauce à spaghetti.
Logique, non? On sait tous que les fondements de la cuisine chinoise reposent sur un mélange subtil de sauce à spag et de grévé brun. Allons-y pour la poutine chinoise. On est au Madrid n’est-ce pas? La bouffe fut as advertised. Honnête. On savait qu’on ferait des bulles lors du trajet restant jusqu’à Québec, mais on assumait.
Juste avant de quitter, Michael lève les yeux et me pousse une remarque qui a certainement contribué au surréalisme du moment. “Hein? Patrick Masbourian est au fond de la salle”. Pardon? Je me retourne et c’est effectivement le cas! On se rend compte que lui et son équipe de radio ont enregistré son émission de la salle de réunion du Madrid.
Ce fut ma première et probablement ma seule visite au Madrid, un 45 minutes tout à fait à la hauteur de mes attentes. Et quatre heures plus tard, je rote toujours ma cuisine chinoise.
Pour les nostalgiques de Normand L’Amour, voici un de ses grands succès, “La poignée de porte”.
Photo : Flickr, photo208cam