La semaine dernière je me trouvais au Pays Basque. En discutant avec un garagiste d'Urrugne, petite ville, mais grande commune, située près de Saint Jean-de-Luz, je lui ai appris
qu'en Suisse le diesel était nettement plus cher que le sans plomb 95.
Il ne m'a pas cru. J'étais bien en peine d'ailleurs de lui dire pourquoi, ne m'étant pas sérieusement penché sur la question. Le pire est que, si j'avais raison il y a un an, ce n'est
plus vrai aujourd'hui, du moins momentanément.
En effet, ce matin, je suis tombé sur un article de 24 Heures (ici), signé Anne
Gaudard, illustré de la photo ci-contre, qui donne un début d'explication à cette bonne nouvelle de la baisse ici du diesel.
Anne Gaudard rappelle que d'habitude la différence entre les deux carburants est de 10 à 15 centimes par litre en faveur du sans plomb 95, qui est ici moins cher. La différence était même plus
grande l'été dernier quand les deux carburants avaient franchi la barre des deux francs : le diesel était 30 centimes le litre plus cher que le sans plomb 95.
La baisse relative du diesel par rapport au sans plomb 95 est dû au marché des carburants. Même si ce dernier est faussé par la part importante des taxes qu'ils subissent, ce marché, comme
tout marché, s'ajuste entre offre et demande.
D'après la journaliste du quotidien lausannois trois facteurs ont provoqué cette baisse relative du diesel par rapport au sans plomb 95 :
- un facteur saisonnier : les plus gros consommateurs d'essence que sont les Américains se sont remis à consommer de l'essence sans plomb avec la saison des vacances outre-atlantique, en dépit
de la crise
- un facteur conjoncturel : le diesel est surtout consommé par des professionnels, qui, avec la crise, se sont mis à consommer moins, provoquant la baisse des prix de ce carburant
- un facteur structurel : les carburants ayant d'une manière générale beaucoup baissé avec la crise et la consommation des voitures neuves motorisées à l'essence ayant également techniquement
baissé, la demande de voitures neuves motorisées au diesel a fléchi.
Du coup : Les prix du diesel se révèlent plus bas que ceux de l'essence, voire à égalité selon les distributeurs.
Ces explications ne répondent qu'en partie à la question : pourquoi le diesel était-il plus cher que le sans plomb 95 en Suisse, alors qu'en France le diesel est de toute façon moins
cher ? A l'heure actuelle l'écart peut être de 20 centimes d'euro entre les deux.
La réponse donnée par l'évolution du marché doit en fait être complétée par celle que donne la fiscalité. En Suisse l'Etat ne traite pas mieux le diesel que le sans plomb 95 (voir mon
article du 12.12.08 En Suisse, l'Etat trait l'automobiliste à la pompe du sans plomb 95 ). Ce qui fait que le diesel, étant
beaucoup plus coûteux à raffiner, ne peut être que plus cher que ce dernier. Sauf si la demande baisse fortement. Ce qui est le cas actuellement.
En revanche les taxes infligées au diesel en France sont, encore pour un temps, moindres que celles infligées au sans plomb 95. La TIPP (Taxe intérieure sur les produits
pétroliers) sur le diesel était réduite de 22 centimes d'euro le litre en 2008 par rapport à celle sur le sans plomb 95. Mais cet avantage devrait diminuer comme une peau de
chagrin d'année en année et être nul en 2012. La réduction de la TIPP sur les supers incorporant des alcools éthyliques suivra la même évolution et sera également nulle en
2012.
L'Etat français se moque bien que les véhicules diesel, ou autres, émettent moins de CO2 que les véhicules classiques à essence. L'important, ce n'est pas la rose, mais de faire cracher au
bassinet l'automobiliste qui est la meilleure des vaches à lait...
Francis Richard