Le musée de Cluny, situé dans le cinquième arrondissement de Paris, a la particularité d’abriter les vestiges des thermes ou établissements de bains de la Lutèce Gallo-Romaine. C’est à l’occasion de la réouverture du « frigidarium » restauré des thermes de Cluny que le musée présente cette exposition sous titrée « Soins du corps et cosmétiques de l’Antiquité au Moyen Âge ».
Dans l’antiquité Grecque et Romaine, l’usage du bain est une pratique courante. A l’époque il ne s’agit pas simplement de se plonger dans une baignoire mais de fréquenter des établissements spécialisés offrant des salles chaudes pour transpirer et purifier la peau puis prendre des bains froids dans les piscines du frigidarium. L’usage des thermes fait alors référence à l’idéal de beauté personnifié par la déesse Aphrodite sortant du bain, les salles sont décorées de thèmes marins et de figures mythologiques. Il y a déjà une « industrie » des cosmétiques et des soins du corps pour les hommes et les femmes, elle s’accompagne de nécessaires de toilettes en argent ou en verre moulé et coloré. Le poète latin Ovide écrit alors « Apprenez jeunes beautés, les soins qui embellissent le visage et les moyens de défendre votre beauté ».
La seconde partie de l’exposition consacrée à l’époque médiévale permet de
tordre le cou à l’image selon laquelle les gens ne se lavaient plus. Au contraire les bains romains furent maintenus, Charlemagne en fait construire autour d’une source chaude à côté
de son palais d’Aix-la-Chapelle. Les bains chauds sont alors appelés « étuves », la règle veut qu’il y ait des jours réservés aux hommes, d’autres aux femmes, mais ont sait que
fréquemment les gens se trompaient de jours volontairement ou non. A la maison le bain se prend dans une cuve en bois installée dans la chambre à coucher et près de la cheminée, la chaleur est
maintenue grâce à un système de draperies isolant la baignoire. Idéalement le bain pur est accompagné de solitude, dans la pratique il se prend souvent en couple car faire venir de l’eau et la
chauffer est une opération longue et compliquée.
La dimension érotique de ce bain était alors claire ce qui inquiétait les autorités religieuses, d’ailleurs
l’église n’approuve pas les soins du corps, selon Saint Augustin « Il ne convient pas pourtant que les femmes (…) laissent voir leurs cheveux, l’apôtre veut qu’elles soient voilées. Pour
ce qui est de l’emploi du fard pour se donner plus d’éclat ou de blancheur, c’est une misérable falsification ». Bien sûr ces exhortations restent lettre morte et les élégantes
s’empressent de se farder ou de mettre en valeur leur chevelure. Au moyen âge la coiffure idéale est de couleur blonde, c’est d’ailleurs ainsi que l’on représente la vierge.
Enfin l’exposition nous livre les résultats des recherches effectuées conjointement par le centre de recherche des musées de France et les laboratoires de l’Oréal sur les onguents et les cosmétiques de l’antiquité et du moyen âge. A partir de manuscrits donnant des recettes et de traces de fards retrouvés dans des récipients il a été possible de recréer les « produits de beauté » dont on se rend compte que certains étaient toxiques.
Je termine sur cette petite anecdote, dans la fameuse salle du « frigidarium » restauré j’ai trouvé
cette inscription au sol.
Eh bien je suis allé me promener sur le « sol antique irrégulier » et j’ai réussi à ne pas me casser la figure !