Et la lumière fut…
…enfin elle s’est éteinte.
Ce matin j’ai enfin vu "Terminator Salvation", rebaptisé "Terminator Renaissance" pour nous autres, humbles défenseurs de la langue de Molière.
L’attente fut longue, haletante même. J’appartiens à une génération de trentenaires passionnés qui a grandi en même temps que la saga "Terminator". Une incroyable épopée cinématographique initiée par James Cameron, poursuivie par Jonathan Mostow et achevée très provisoirement par McG.
Au début j’étais très réticent à l’idée que le cinéma américain ose poursuivre, continuer ou même retoucher un monument du cinéma de science-fiction. Puis j’ai radicalement changé d’avis. Le choix du metteur en scène, le casting proposé, l’orientation scénaristique etc.…sont des éléments qui m’ont incité à soutenir ce projet.
J’ai amplement participé à la campagne médiatique sur ce blog et je ne le regrette absolument pas une seule seconde. Nous avons toutes et tous lu, vu ou écrit sur ce nouvel opus mais restait le dernier obstacle à franchir : voir "Terminator Renaissance".
Et le résultat est franchement à la hauteur de mes espérances. Le film de McG est extrêmement divertissant, un pur produit du système certes mais qui en donne pour son argent.
Que demander de plus ?
Nous sommes en 2018. Le feu nucléaire a ravagé en grande partie l’humanité. Les machines contrôlées par Skynet traquent et exterminent les rares humains encore en vie. John Connor (Christian Bale) est devenu le chef de la résistance mais son emprise charismatique est contestée en partie par l’état-major de la résistance.
John Connor se donne pour mission de retrouver le jeune Kyle Reese (Anton Yelchin) avant Skynet. Il fait la connaissance de Marcus Wright (Sam Worthington).
L'homme est amnésique. Son seul souvenir est d’avoir fréquenté autrefois le quartier des condamnés à mort.
John Connor et Marcus Wright vont faire équipe par la force des choses. Leur aventure va les mener au cœur du centre de contrôle ennemi. Mais le danger immédiat est plus proche encore car Marcus Wright est loin d’avoir livré tous ses secrets. Son passé étant intimement lié à Cyberdyne.
Ce qui frappe d’entrée le spectateur est l’ampleur du projet. L’entreprise semble
titanesque. Le long métrage dure 1h48 mais il est clair que nous ne sommes qu’aux prémices d’une nouvelle aventure de "Terminator". Les initiateurs de ce renouveau ne s’arrêteront pas en si bon
chemin. Le long métrage raconte un pan de l’histoire, donne des clés de lecture mais laisse volontairement en retrait des éléments ou des personnages.
Nous faisons par exemple connaissance avec un Kyle Reese adolescent, redoutable guerrier déjà, mais le personnage passe au second plan par rapport au duo John Connor/Marcus Wright. Nous nous attendons certainement à ce que Kyle Reese devienne une figure emblématique de cette nouvelle saga jusqu’au moment où John Connor le renverra en 1984 protéger sa mère Sarah.
"Terminator Renaissance" est un long métrage réussi pour la bonne simple raison qu’il marrie de manière harmonieuse deux approches pas forcément complémentaires de la mythologie Terminatorienne. Soit la nouvelle production suivait aveuglément les traces des mises de scène de James Cameron, soit l’orientation serait radicale et ferait table rase du passé.
McG a choisi de nous proposer sa vision de la terre post nucléaire, sa lecture de la guerre opposant les machines à la race humaine mais a su doter son oeuvre d’un arrière plan riche de références et de renvois. Son approche hybride est à applaudir des deux mains.
Nous croisons ici ou là des éléments qui sonnent comme des piqûres de rappel. La voix de Sarah Connor résonne et accompagne la destinée de son fils John. J’ai eu une montée d’adrénaline en entendant la chanson "You could be mine" de Gun N’ Roses.
"Viens avec moi si tu veux vivre" est devenu avec le temps le leitmotiv de la saga. On s’attend à entendre cette courte phrase prononcée par l’un des personnages mais quand la sentence retentit enfin, le spectateur est enthousiaste et surpris à la fois. Ce qui prouve que notre capacité à nous émerveiller demeure intacte.
Certains décors, certains véhicules ou tout simplement les Terminator en eux-mêmes (déclinés sous des formes diverses et variées), sont autant d’hommages à leurs devanciers.
La séquence la plus jouissive restera indiscutablement le caméo technologique du premier Terminator. Il y a vraiment de l’émotion à voir apparaître sous nos yeux une bête de combat, une figure de proue du 7ème art depuis 1984. Le moment est court mais que le plaisir fut grand.
Sur le fond l’histoire nous est passionnante, captivante. Le trait de génie initial est de nous plonger dans le monde…d’aujourd’hui. Dés le début les projecteurs sont braqués sur l’incroyable et horrible destinée du mystérieux Marcus Wright. Au passage le spectateur est conscient que l’opus de Jonathan Mostow est proprement mis à distance.
McG sait entretenir le suspens. La tension rebondit sans cesse et le long métrage garde un rythme de croisière sans temps mort. Les séquences d’action et les scènes de comédie pure se complètent tout naturellement. On aurait pu croire que ce "Terminator Renaissance" serait axé sur un tout technologique mais il n’en est rien.
Le long métrage est un film d’action mais il laisse une large place à "l’humain". Les comédiens ont de nombreuses occasions pour y développer leur jeu et les nuances d’interprétation.
Ces fameuses séquences sont orchestrées avec un très grand soin. Les images sont percutantes. Les cascades sont réglées au poil et la pyrotechnie n’est pas envahissante. Les explosions sont opportunes et nécessaires.
Mon seul regret : beaucoup de ces moments clés ont été diffusé depuis des mois pour nourrir notre imagination fiévreuse et entretenir notre flamme. Il en résulte que certaines passages du long métrage se dégustent banalement sans que le charme de la nouveauté opère véritablement. La stratégie "Cloverfield" (en dire et en montrer le moins pour susciter l’envie) apparaît comme plus judicieuse.
Les effets spéciaux sont nettement à la hauteur. La gamme des créatures dévastatrices de Skynet est riche et chaque semeur de mort bénéficie d’attributs bien à lui. Nous sommes à l’opposé d’une débauche d’effets visuels gratuits. Chaque élément est clairement dessiné. La technologie employée se fond dans l’ensemble de manière évidente.
Mais l’élément fondamental de la charte graphique mise en place est la crédibilité du monde post apocalyptique proposé au regard du spectateur. On y croit vraiment. Les cités et les paysages ravagés par le feu nucléaire déclenché par Skynet ont juste ce qu’il faut de vraisemblance pour trouver grâce à nos yeux.
Christian Bale est comme à l’accoutumée énorme. Son rôle de chef de la résistance
qui lui confère une aura Christique est joué avec mesure et talent. Anton Yelchin est très prometteur dans le rôle de Kyle Reese jeune. Moon Blooodgood est aussi à ranger au rayon des satisfactions de "Terminator Renaissance". Quel plaisir aussi de revoir Michael Ironside dans une production de premier plan.
Dommage à l’inverse que Bryce Dallas Howard et Helena Bonham Carter soient employées a minima.
Mais la très grande révélation du long métrage est l’acteur Sam Worthington. Il vole littéralement la vedette à l’excellent Christian Bale. Il est à parier que nous reverrons à coup sur la silhouette de Marcus Wright.
"Terminator Renaissance" est un excellent long métrage qui a sa propre identité
tout en adressant des clins d’œil opportuns. Une œuvre riche, pleine et plaisante. Un morceau de mythe seulement. Mais comme les mythes ne meurent jamais.
Le plus frustrant est de se dire qu’il va falloir désormais attendre quelques années pour nous replonger dans cet univers si particulier. Mais comme dirais l’autre :
"Je reviendrai".