Pas de quoi en faire tout un plat, quand bien même serait-il de gigot d'agneau à la menthe… D'autant que sur le stade de la porte d'Auteuil, Mister Nelson, c'est quelqu'un ! Souvent plus populaire que les joueurs, hélé par ses admirateurs du haut des tribunes au point de devoir parfois se cacher pour faire ses interviews sans perturber les matches en cours, le corsaire Monfort récolte tous les jours les fruits d'une gloire médiatique méritée. Une machine de guerre le bonhomme, l'archétype même du journaliste communiquant multicartes, aussi à l'aise sur un plateau de télévision que dans ces improbables rassemblements de vedettes dont le microcosme du PAF a le secret.
Après des débuts à l'antenne, rendus possibles par sa parfaite maîtrise de l'anglais, qualité hélas fort peu répandue chez ses confrères, Nelson Monfort est même devenu une sorte de méridien de Greenwich du journalisme sportif, façon service public à l'ancienne. Un maître ès brosse à reluire, obséquieux en diable auprès des grands de ce monde et des champions qui trônent au sommet, au point de ridiculiser les plus gagas des groupies. Nelson, c'est la classe et l'accent so british garanti duffle coat et patate chaude dans la bouche. Même ses fautes de goût sont faites avec style : par exemple lorsqu'il fait une interview de Mickey en direct à Roland-Garros et que l'exaspérante souris en profite, comme il se doit, pour faire la promotion du parc attracte-cons de Marne-la-Vallée. Émus, les dangereux gauchistes du Syndicat national des journalistes ont beau en profiter pour l'éreinter, "Sir" Montfort - il ne l'est pas, mais au train où va la monarchie anglaise…- reste de marbre. Avant que l'un de ces excités de la déontologie ne soit capable de dire "Disneyland Resort" avec ce détachement tout britannique qui sied au gentleman, la terre battue du court central aura viré au vert pomme. C'est un combat perdu les gars, ou bien changez de média : on a les stars que l'on mérite !