Le moment est-il propice au levier financier? Je le crois bien. J’ai été interrogé à ce sujet par le journaliste Christian Benoit-Lapointe pour l’édition de juin 2009 du mensuel Finance et Investissement. Voici l’opinion que je lui ai exprimé.
Oui, je suis favorable au levier mais, pas de n’importe quelle façon. Je considère qu’il y a une fenêtre dans le temps, car les taux d’intérêt sont dérisoires, et surtout, le marché des actions est encore déprécié par secteurs. C’est un bon moment pour revenir. Quelqu’un qui a un horizon de cinq ans devrait réaliser de très bons rendements. Aussi, je privilégie la formule sans rappel de marge et encore là, ça ne convient pas à tous. Avant de mettre en branle une demande de prêt à l’investissement, on doit s’assurer d’élément essentiel comme la stabilité de l’emploi et revenus, notre niveau d’endettement, notre valeur nette et notre niveau de connaissance des marchés.
Un tri sur la base des fonds communs équilibrés dont le rendement surclasse la moyenne sur 10 ans est un bon point de départ. Acuity revenu élévé, Manuvie à revenu mensuel élevé, CI signature revenu élevé ou Dynamique Power équilibré ont tous obtenu des rendements annuels moyens supérieurs à 7 %. Avec la débâcle des 12 derniers mois, c’est très enviable. En plus de protection contre les baisses, ces fonds récupèrent très rapidement leurs pertes.
Monsieur Benoit-Lapointe a voulu vérifier si la théorie de deux professeurs de l’Université Yale, Ian Ayres et Barry Nalebuff avait du sens. Dans son article, il raconte “qu’ils ont illustré l’effet accélérateur du levier dans l’intéressante étude Life-Cycle Investing and Leverage: Buying Stock on Margin Can Reduce Retirement Risk. Ils ont pris l’exemple d’un client âgé de 25 ans qui dispose chaque année de 5 000 $ à investir pour sa retraite. Pendant 15 ans, il empruntera le même montant pour investir 10 000 $ dans un indice boursier.
Or, le rendement moyen de la Bourse américaine depuis 1871 a été de 9,1 %. Le coût d’emprunt moyen a été de 5 %, ce qui a donné pour l’investisseur un rendement net de 4,1 % sur les fonds empruntés. Lorsque l’âge officiel de la retraite aura sonné, le portefeuille des investisseurs qui ont utilisé cette stratégie serait 90 % plus élevé que celui de ceux qui ont investi selon une démarche cycle de vie, et 19 % plus élevé qu’un portefeuille investi à 100 % en titres boursiers. Illustrée autrement, l’utilisation du levier financier permettrait à ce client de prendre sa retraite six ans plus tôt ou de maintenir son niveau de vie 27 ans plus longtemps.”