Le temps d’emprunter pour investir?

Publié le 04 juin 2009 par Fabien Major @fabienmajor

Le moment est-il propice au levier financier? Je le crois bien. J’ai été interrogé à ce sujet par le journaliste Christian Benoit-Lapointe pour l’édition de juin 2009 du mensuel Finance et Investissement. Voici l’opinion que je lui ai exprimé.

Oui, je suis favorable au levier mais, pas de n’importe quelle façon. Je considère qu’il y a une fenêtre dans le temps, car les taux d’intérêt sont dérisoires, et surtout, le marché des actions est encore déprécié par secteurs. C’est un bon moment pour revenir. Quelqu’un qui a un horizon de cinq ans devrait réaliser de très bons rendements. Aussi, je privilégie la formule sans rappel de marge et encore là, ça ne convient pas à tous. Avant de mettre en branle une demande de prêt à l’investissement, on doit s’assurer d’élément essentiel comme la stabilité de l’emploi et revenus, notre niveau d’endettement, notre valeur nette et notre niveau de connaissance des marchés.

Mais le moment de dynamiser le portefeuille avec le levier n’a jamais été si bien choisi. Avec du recul, on constate que 2007, n’était pas la meilleure année pour démarrer ce genre de stratégie. Comme il reste des nuages, inutile de prendre de trop gros risques. Ainsi, un levier avec des fonds communs diversifiés fait très bien l’affaire. À moins que vous ayez une tolérance aux risques très prononcé, j’éviterais les fonds spécialisés ou  100 % en actions. Je trouve cela futile, car nous obtenons des rendements très intéressants avec le levier. Si, par exemple, on réalise un gain de 10 %, l’effet de levier l’augmentera. Pourquoi alors tenter de faire du 60 % et risquer de se retrouver dans le pétrin ?

Un tri sur la base des fonds communs équilibrés dont le rendement surclasse la moyenne sur 10 ans est un bon point de départ.  Acuity revenu élévé, Manuvie à revenu mensuel élevé, CI signature revenu élevé ou Dynamique Power équilibré  ont tous obtenu des rendements annuels moyens supérieurs à 7 %. Avec la débâcle des 12 derniers mois, c’est très enviable. En plus de protection contre les baisses, ces fonds récupèrent très rapidement leurs pertes.

Monsieur Benoit-Lapointe a voulu vérifier si la théorie de deux professeurs de l’Université Yale, Ian Ayres et Barry Nalebuff avait du sens. Dans son article, il raconte “qu’ils ont illustré l’effet accélérateur du levier dans l’intéressante étude Life-Cycle Investing and Leverage: Buying Stock on Margin Can Reduce Retirement Risk. Ils ont pris l’exemple d’un client âgé de 25 ans qui dispose chaque année de 5 000 $ à investir pour sa retraite. Pendant 15 ans, il empruntera le même montant pour investir 10 000 $ dans un indice boursier.

Or, le rendement moyen de la Bourse américaine depuis 1871 a été de 9,1 %. Le coût d’emprunt moyen a été de 5 %, ce qui a donné pour l’investisseur un rendement net de 4,1 % sur les fonds empruntés. Lorsque l’âge officiel de la retraite aura sonné, le portefeuille des investisseurs qui ont utilisé cette stratégie serait 90 % plus élevé que celui de ceux qui ont investi selon une démarche cycle de vie, et 19 % plus élevé qu’un portefeuille investi à 100 % en titres boursiers. Illustrée autrement, l’utilisation du levier financier permettrait à ce client de prendre sa retraite six ans plus tôt ou de maintenir son niveau de vie 27 ans plus longtemps.”