KARI
J'ai l'honneur de présenter ma seule et unique acquisition au Salon du livre à Paris cette année! (ouioui, il y a bien une certaine fierté dans cet exploit car je sais que nombre de gens sont repartis du salon les bras chargés, voire les valises chargées
C'est le hasard qui m'a mise sur le chemin de cette auteure de BD indienne, Amruta Patil, qui faisait des dédicaces sur le stand des éditions Au Diable Vauvert.
Un roman graphique indien? Intéressant je me suis dit alors, ça manquait dans ma bibliothèque!
Déjà la couverture ne m'inspirait pas trop, cette tête un peu antipathique au regard vampiro-diabolique qui ne présage rien de bon, en gros plan comme ça, sans rien d'autres pour alimenter mon imagination, bon déjà ça va pas être une histoire rigolote que je me dis alors... Mais en même temps, de ne pas savoir quoi en penser, j'étais très intriguée. Qu'est ce qui se cachait derrière ce personnage, une Lisbeth indienne? De quoi pouvait traiter ce récit?
Rapide coup d'oeil à la présentation de l'éditeur:
"Elles étaient inséparables... Jusqu'au jour où elles ont fait ensemble le grand saut. Sauvée par un filet de sécurité, Ruth quitte la ville. Sauvée par les égouts, Kari se fond dans la mêlée urbaine. Accompagnée par les voix d'Angel, de Lazarus et des filles du Crystal Palace, qui forment le chœur de sa chanson intérieure, elle sonde le cœur meurtri de Smog City, s'acoquine avec la solitude, le cloaque, le succès inopiné, la mort, et s'abandonne au souvenir de l'Autre, disparue.
Illustrations sensuelles et commentaires grinçants sur la vie et l'amour: Kari donne une nouvelle identité au roman graphique made in India."
J'avoue, j'avais beau lire et relire cette présentation, je n'étais toujours pas plus avancée et je n'arrivais pas à cerner de quoi pouvait parler le livre. Pire même, ça me semblait encore plus inquiétant que la couverture! Cette fois j'imaginais un truc très sombre, voire même déprimant, un truc un peu fantastique, à la Sin City, une histoire des grandes villes dans des ambiances glauques... Smog City... brrrr....
Mais non en fait, rien de tout cela, ce roman graphique est au final une très belle surprise et une chouette découverte.
Kari est une jeune femme quelque peu singulière certes, inquiétante au premier abord, mais relativement "normale" (non c'est important ça parce que vraiment j'imaginais une junkie particulièrement zarbie
Cynique de nature, rebelle sur les bords, observatrice et sensible à ce qui l'entoure, son quotidien et ses rencontres l'amènent à diverses réflexions lucides et légèrement grinçantes sur la vie, l'amour et la mort (j'ai particulièrement aimé sa rencontre avec cette femme malade d'un cancer et l'évolution de leur relation). Un peu comme beaucoup de gens de sa génération, elle est à la recherche d'elle-même, "lost in translation" dans une société qui part un peu à la dérive, surtout depuis qu'elle a perdu celle qu'elle aime et qui était son modèle.
C'est un récit qui illustre des thèmes de notre époque, ancré dans une réalité identifiable, le ton est résolument moderne, le style très contemporain, ça m'a assez étonnée en fin de compte mais beaucoup plu.
Pour en revenir au graphisme, c'est vrai que la couverture ne m'inspirait pas, j'imaginais des dessins angulaires, un peu secs, mais BUUUZZZZ!, encore tout faux, Amruta Patil a un coup de crayon créatif et esthétique et mêle parfois des couleurs chaleureuses à une dominante de noir et blanc. L'ensemble est original et assez inattendu par moments.
J'ai découvert aussi qu'Amruta Patil avait étudié avec l'excellent Nicolas Wild aux Etats-Unis, ce dernier lui fait d'ailleurs une chouette promo ICI !
L'auteure
Amruta Patil est auteure et illustratrice diplômée de l'école du musée des Beaux-Arts de Boston, où elle a obtenu une maîtrise d'art (Master of Fine Arts). Elle prépare un roman graphique fondé sur une épopée conjuguant mythe et histoire.
A voir également: le blog d'Amruta Patil.
Et pour finir, la chouette dédicace qu'elle m'a faite au salon du livre. C'était vraiment impressionnant de la voir dessiner en live! (bon ça s'est un peu estompé... le fusain...)