Microsoft/Europe : des experts américains mettent en garde

Publié le 12 mai 2007 par Nacer Swivel
Dans la longue, très longue, bataille qui oppose la Commission Européenne à Microsoft, des amendes ont été infligées, des demandes ont été faites et rien ne semble pourtant réellement avancer. La commissaire à la concurrence Neelie Kroes ne cache désormais plus sa frustration et son agacement devant les réactions et le manque de coopération de la firme de Redmond.
Dernièrement, lors d’une conférence aux États-Unis, Neelie Kroes n’a pas caché la possibilité pour la Commission européenne de diviser l’activité de Microsoft en Europe, c’est-à-dire littéralement de briser la firme en plusieurs sociétés. Seulement voilà, les États-Unis ont essayé avant l’élection de Georges W. Bush et n’y sont pas parvenu, car l’élection avait inversé justement la tendance.
Aujourd’hui, c’est un message d’avertissement en provenance des États-Unis qui vient justement chatouiller les oreilles de la Commission. Ce message provient d’un ancien officiel du gouvernement américain qui avait participé il y a sept ans à la grande bataille du procès antitrust contre Microsoft. À cette époque, la firme avait bel et bien risqué le découpage en plusieurs entités indépendantes, jusqu’à ce que les élections viennent tout chambouler.
L’avertissement, appuyé par plusieurs experts légaux américains, est donc destiné à la Commission, non pas pour l’empêcher de poursuivre dans cette voie, mais plutôt pour lui recommander une certaine prudence. En effet, il revient à la Commission de réfléchir exactement à l’impact et l’intérêt d’une telle solution dans le contexte actuel et européen.
Il y a sept ans, cette mesure avait été envisagée car le fonctionnement même de Microsoft causait problème aux États-Unis. En Europe, la situation est quelque peu différente, puisqu’il s’agit d’un problème d’attitude de la firme envers les concurrents et la Commission elle-même. En définitive, puisque Microsoft doit aujourd’hui payer son amende et donner les documents qui lui sont demandés depuis des mois, un éclatement de la structure ne changerait rien selon les experts américains.
Aujourd’hui, la Commission européenne a le pouvoir de faire ce dont Neelie Kroes a menacé Microsoft. La question essentielle est désormais : séparer les activités de Microsoft en plusieurs entités distinctes aura-t-il un impact réel et positif sur ce que la Commission reproche à la firme ?