Chez Belfond, les traductions sont privilégiées. Mais la tradition d'une rentrée littéraire française est préservée avec deux titres dont le premier paraît d'ailleurs très tôt...
Fabrice Lardreau, Nord absolu (13 août)
Paul Janüs, journaliste, suit le deuxième tour d’une campagne présidentielle à l’issue de laquelle un tyran populiste, Stalitlën, pourrait être élu. Il s’interroge, remet en question une vie mensongère et cède peu à peu à ses penchants xénophobes.
Philip Niels, un paraplégique considéré comme un héros de la nation, mène l’enquête sur la disparition de son voisin, Charles Ringsen. Des banlieues nord de la capitale aux grandes étendues nordiques, son investigation nous fait découvrir un pays asservi par une dictature où la communauté Norda, issue d’une ancienne colonie, la République du Nord, est mise au ban de la société. Sous le regard bienveillant des citoyens, l’État pratique une politique mêlant pureté ethnique et écologie radicale.
Quels liens entretiennent Paul Janüs et Philip Niels ? Pour se faire élire, Stalitlën a-t-il commis l’attentat nucléaire de Vaïbos?
Nord absolu est un roman sur l’après colonialisme, l’hyperterrorisme, la montée de la xénophobie dans les pays occidentaux, mais aussi le portrait d’êtres fuyants cherchant une impossible rédemption.
Fabrice Lardreau est né en 1965. Il est l’auteur de cinq romans dont Une fuite ordinaire (Denoël, 1997), salué par Michel Houellebecq, et Contretemps (Flammarion, 2004), remarqué par la critique et traduit en plusieurs langues. Membre du blog collectif «Les sept mains», il collabore au magazine Transfuge.
Liliane Roskopf, Un siècle dans la vie d'une femme (3 septembre)
Anaïs, l’aïeule, a passé l’essentiel de sa vie dans l’attente. Fiancée à Jean-François, elle est bonne dans une famille bourgeoise pendant qu’il fait son service au Tonkin. Après son mariage, elle l’attend durant toute la Grande Guerre, dont il ne reviendra que pour mourir.
Sa fille Louise, aurait voulu faire des études mais se marie – puisque c’est le seul destin d’une femme dans les années 1930 – avec Léon. La guerre finie, Léon fait fortune, et Louise devient une femme riche mais abondamment trompée, avant d’être veuve…
Anne, la fille de Louise, veut mener de front sa carrière de journaliste et sa vie de femme indépendante, «abandonnant» son bébé Lola à sa mère Louise dans l’espoir de décrocher un poste à la rubrique internationale du journal où elle travaille. Elle perdra plus ou moins sur tous les terrains, quittée par son compagnon qui rêve d’une épouse plus traditionnelle, et reléguée à la rubrique «vie quotidienne» de son journal parce qu’elle n’est pas aussi disponible qu’un homme.
Lola enfin, une adolescente mal dans sa peau avec ses kilos en trop, devient une femme d’affaires sans état d’âme apparent, fait du business et de l’argent en Chine, jusqu’au jour où son compagnon, la quitte sans hésité parce qu’il a été engagé dans une société concurrente de la sienne.
La maison de famille mise en vente, Anne découvre un secret de famille alors qu’elle trie les affaires de sa mère. Au fil du récit, une voix mêle les destins d’Anaïs, de Louise, d’Anne et de Lola comme si elles n’étaient qu’une seule et même personne dans laquelle circule le même sang. À travers ces quatre générations de femmes, l’auteur nous fait ainsi traverser le XXe siècle et l’histoire de la condition féminine, mais de façon extrêmement discrète et subtile, sans jamais le moindre didactisme ni le parti pris appuyé qui caricaturerait le propos. Avec des personnages qui vivent et sonnent toujours juste, ce roman extrêmement émouvant, servi par une écriture sobre et une construction originale, se lit comme une saga familiale dont la force évocatrice ne cesse de nous habiter aussitôt le livre refermé.
Descendante d’une prestigieuse famille d’horlogers, Liliane Roskopf est née à Genève, où elle vit toujours. Après des études de lettres, elle a mené une carrière de journaliste à la Télévision suisse romande. Elle a publié trois romans, Le pasteur vous accompagne toujours à l’échafaud (Zoé, 1991), Histoire de famille (Métropolis, 2002), Crève ou rêve (Métropolis, 2004), et un essai sur la télévision de l’intimité, Je t’ai vu à la télé (Slatkine, 2000). Un siècle dans la vie d’une femme a obtenu le prix du roman 2007, qui couronne un manuscrit. Il est offert par la ville de Genève et est décerné par la Société genevoise des écrivains.