Les incertaines frontières de l'humour

Publié le 04 juin 2009 par Didier Vincent
Peut-on réellement rire de tout ?



Le site moqué ici est "make a wich foundation", site caritatif canadien qui jongle avec les bons sentiments dits "populaires" de la compassion. Exhausser les vœux d'enfants qui vont mourir, comme lancer une bouée à quelqu'un qui, de toute façon, va se noyer.
En marge, cet humour, plus que corrosif, incorrect et qui, sans doute, est hors du territoire à jamais indéfini de l'humour si tant est que sourire, c'est se moquer.
Je suis des deux : choqué et aussi intrigué. Choqué qu'on puissse ainsi faire l'espiègle devant le malheur absolu de parents brisés, anéantis par ces petits destins broyés par la vie. Et c'est indescriptible ça, insoutenable.
Il est vrai que des organismes de bon ton, avec des sites étourdissants d'opulence et des sentiments au kilomètre ont pris la chose en main, instrumentalisé le désarroi. C'est donc vers ces organismes que cet "humour" se dirige.
Mon cœur dit qu'on aurait pu s'en passer. Que ces rires surajoutés sont autant de coups de poignard dans un cerveau comme le mien.
Ma raison dit qu'on peut critiquer ces organismes avec d'autres armes, plus rationnelles ; ces sociétés qui sont comme des bouées factices, très médiatiques, très génératives de bénéfices et avec cette indéboulonnable impunité morale.
Ce n'est pas une raison.
Je ne souris pas. J'ai honte.
Si on peut rire de tout, entre copains, en privé ; sur la place publique, devant les victimes d'un drame assourdissant, on ne le peut pas.
C'est ma croyance.