Il existe toujours en France un petit village d'irréductibles qui pense, contre vents et marrées, qu'il faut continuer à privatiser à tour de bras et que la notion de solidarité, notamment dans les domaines de la santé et de la retraite, est dépassée et qu'il faut tout remettre tout en question.
Ces irréductibles continuent à porter, qui qu'il arrive, un message : Le système économique actuel est le meilleur et ne doit pas céder un pouce de terrain. La crise financière n'est pour eux qu'un simple avatar et la crise économique permettra de faire disparaître du marché les entreprises qui ne sont pas assez fortes ou ne pourront s'adapter.
Afin de permettre au système de perdurer, malgré les "monstruosités" qu'il a généré, il n'existe qu'une seule variable d'ajustement : Les hommes
Attention, pas tous les hommes. Non, uniquement ceux qui existent par leur force de travail : Les salariés.
Les salariés vous avez du le remarquer, sont toujours, la première variable d'ajustement. Que l'entreprise ait fait de mauvais choix : financiers, technologiques ou commerciaux ce sont eux qui sont montrés du doigt (salaires, avantages sociaux, congés) et payent les premiers.
Dans un premier temps, on licencie pour préserver l'emploi de ceux qui restent, puis on ferme ou on délocalise pour préserver ... l'outil de travail.
Autre problème de nos irréductibles : Les cotisations retraites des salariés français qui échappent aux entreprises financières. Et oui, en France, la capitalisation est facultative puisque le régime est basé sur la répartition (solidarité inter générationnelle)
L'un des membres les important du fameux"village d'irréductibles" se nomme : L'Institut Montaigne
Peu connue de la majorité des français, l'Institut Montaigne est un "Think tank" libéral dirigé par Claude BEBEAR.
Ce nom vous dit quelque chose ?
Mais oui, le fondateur du Groupe AXA et depuis peu le Président de la commission des sages AFEP-MEDEF qui doit vérifier si les rémunérations des patrons sont conformes à l'éthique ... du patronat.
Claude BEBEAR dont les revenus et le patrimoine (rendus publics) sont les suivants :
- sa retraite annuelle AXA s’élève à 438 000 € (2008),
- ses jetons de présence Mutuelles AXA, BNP-Paribas, Schneider et Vivendi représentent 360 000 € (2008),
- son patrimoine s’élève à 106 millions d’euros (déclaration ISF 2007),
Par ailleurs, il détient 3 340 000 stocks options AXA dont la plus-value potentielle au cours d’aujourd’hui (13 €) est de 660 000 €. Source Blog Le Monde
ça y est, ça vous revient ? Mais oui, c'est lui qu'on surnomme le "parrain du capitalisme français" !!!
Pour en revenir à l'Institut Montaigne, lisons leur présentation sur leur site
Influencer utilement le débat public en apportant des idées pragmatiques et originales
Le débat public étant souvent le monopole des partis politiques et de l'administration, nous voulons donner la parole à des acteurs de la société civile venus de divers horizons et qui cherchent à s'affranchir des schémas de pensée préexistants. Ils formulent leurs propositions en toute indépendance en s'appuyant sur leur recherche personnelle, mais aussi en s'inspirant d'exemples étrangers pertinents.
Aider à la définition des politiques publiques dans le but d'améliorer l'environnement économique et social français
En aval de la phase de recherche, nous faisons une promotion active des résultats de nos travaux en cherchant à faire endosser par les décideurs publics les prescriptions opérationnelles sur lesquelles se concluent toutes nos publications. Nous entretenons à cette fin des relations régulières avec les pouvoirs publics (gouvernement, parlement…) quelle que soit la couleur politique de l'équipe en place.
Ceux qui ont lu notre article d'hier sur les lobbies reconnaîtront aisément dans cette présentation l'approche du "groupe de pression" qui compte nombre d'amis dans les assemblées et lui fournit du "grain à moudre"
Pour faire court, l'Institut Montaigne est LE Think tank libéral français qui fournit à une grande majorité d'élus de droite et au gouvernement leurs projets de "réformes".
Pour être honnête, dans un pays démocratique, toutes les idées ont droit de cité. Mais, lorsque l'Institut Montaigne, dont le Président, qui n'a pas coupé les liens avec AXA, son ex entreprise (voir description du patrimoine), propose d'instaurer la retraite par points (capitalisation) on se dit que des idées au tiroir caisse ... il n'y a pas loin !
En effet, AXA fait partie des assureurs qui lorgnent depuis des décennies sur le "marché" de la retraite. S'il est possible pour chacun de nous de souscrire un contrat individuel de capitalisation retraite (juteux marché de l'assurance vie) les versements des clients sont une goutte d'eau à côté de l'ensemble des cotisants à la retraite par répartition en France.
Nul n'ignore que depuis le début de la crise financière, beaucoup de retraités américains (régime par capitalisation) sont en grande difficulté. Et pour cause, le montant de leurs pensions est lié aux performances des marchés financiers. Pour ceux qui ont suivit l'affaire ENRON qui a précédé de quelques années la crise, il ont pu constater qu'une faillite pouvait priver totalement de retraite des gens qui ont économisé pendant toute leur vie de travail.
Fort de tous ces éléments, que propose l'Institut Montaigne au travers d'une publication de Jacques Bichot : Mathématicien devenu économiste comme l'indique la courte biographie de fin du résumé de la publication.
Inéquitable, complexe, morcelé, chroniquement déficitaire, le système de retraite français souffre depuis longtemps de nombreux maux. Une remise à plat et une restructuration en profondeur, autrement dit un "big-bang", sont nécessaires pour y remédier. Dans quel sens et suivant quelle méthode ?
L’examen des réalisations à l'étranger permet de mieux répondre à cette question. Des pays aussi différents que l’Allemagne, la Suède, l’Italie ou le Chili se sont emparés du sujet avec détermination. Autant de cas dont la France pourrait s’inspirer afin de mettre en œuvre "la" réforme tant attendue.
Réforme des retraites : vers un big-bang ?
Dans cette nouvelle étude publiée par l’Institut Montaigne, Jacques Bichot s'appuie sur ces expériences pour formuler six principes directeurs propres à inspirer une profonde réforme des retraites, adaptée à notre pays. Parmi ceux-ci figurent l’instauration d’un système franchement contributif et l’adoption d’un fonctionnement "à cotisations définies".
L’enjeu est crucial : garantir l’équilibre et, partant, la pérennité de notre système de retraite, tout en assurant à travers lui l’équité entre les cotisants et entre les générations.
L'auteur : Jacques Bichot est un mathématicien devenu économiste. Professeur des Universités, il enseigne à l'Institut d'administration des entreprises de l'Université Jean Moulin (Lyon 3). Ses spécialités sont l'organisation monétaire et financière de la vie en société, et la protection sociale. Son Économie de la protection sociale (Armand Colin, 1992) a posé les bases d'une problématique nouvelle. Il a rédigé le chapitre "retraites" de l'ouvrage collectif dirigé par Claude Bébéar : Le courage de réformer (Odile Jacob, 2002) ainsi que la note Comment financer la protection sociale (Institut Montaigne, mai 2006). - Intégralité du document
En ne se contentant pas de ce simple résumé, qu'apprend t-on, à la lecture de ce document de "complaisance", qui serait un prélude à l'arrivée des acteurs de la finance sur ce marché ?
Comme l'explique l'UFAL
Selon l’auteur, la réforme des retraites devrait donner naissance à un système contributif : les pensions sont attribuées « en proportion des efforts réalisés ». L’équilibre budgétaire des retraites est un principe de base. C’est -à-dire que chacun reçoit en fonction de ce qu’il a cotisé. Ceux qui n’ont pas assez cotisé recevront « les secours requis pour échapper à la grande pauvreté ». Le tout serait organisé en un système unique par points remplaçant les régimes par répartition. A la mise en place du système les droits acquis seront convertis en points du nouveau système avec basculement immédiat de tous les salariés.
Ces propositions de réformes tendent à en finir avec la solidarité nationale qui compense de fait les accidents de la vie et permet à chacun de toucher une pension minimum dès lors qu’il a cotisé suffisamment longtemps. Avec les "réformes" ainsi dessinées, le calcul des pensions se ferait en fait sur la durée d’une vie et chaque accident de la vie (chômage, accidents du travail...) ou chaque période hors travail (étude, grossesse...) ne rapporterait pas de point, abaissant ainsi la pension finale.
En clair un succédané du système américain pour le plus grand profit des assureurs, banquiers et organismes financiers qui pourraient engranger des sommes colossales. En voila une bonne idée "durable" pour renflouer les caisses vides pour cause de spéculation et de bricolage financier.
Car, pour continuer à verser des dividendes à deux chiffres aux actionnaires et retrouver le bonheur de l'argent à flots, il est nécessaire de mettre la main sur un magot quasi éternel : l'argent des salariés cotisant en vue d'une retraite
Pour ceux qui seraient tentés par cette expérience, que dit en ce moment de le retraite des salariés aux Etats Unis ?
Les Etats-Unis disposent depuis 1935 d'un régime général de retraites, qui constitue la source principale de pensions pour la plupart de la population. Ce régime est financé par les cotisations salariales et patronales. Mais, comme le précise Lucy apRoberts, auteure d'un livre sur les retraites aux Etats-Unis et experte auprès du Conseil d'Orientation des Retraites, ces pensions ne procurent pas un revenu suffisant. La pension moyenne équivaut ainsi à environ 37% du salaire moyen tous secteurs confondus. C'est pourquoi les salariés qui le peuvent complètent par une assurance.
Une partie seulement des salariés bénéficie d'un régime employeur, qui n'est pas obligatoire (mais néanmoins encadré par une réglementation fédérale). Cette proportion a reculé dans le secteur privé depuis les années 80, les entreprises fermant leurs programmes petit à petit. « Entre 1975 et aujourd'hui, le pourcentage de salariés du privé couverts par un régime employeur à prestations définies est passé de 40% à 20% », explique Lucy apRoberts. L'économie américaine ayant subi les assauts de plusieurs crises, les régimes à prestations définies (l'employeur promet une certaine pension) sont devenus plus difficiles à assumer pour les entreprises, qui ont préféré s'en remettre aux plans d'épargne retraite, basés sur un abondement de l'employeur et qui versent un capital, non des pensions. Beaucoup de salariés ont aussi investi dans l'immobilier.
Chômage, crise financière et crise de l'immobilier ont donc touché de plein fouet l'écosystème des retraites.
Un cas d'école : GM
Si GM met la clé sous la porte (ce qui vient d'arriver), un instance fédérale, la Pension Benefit Guaranty Corporation (PBGC), prendrait le relais. A hauteur d'un certain plafond seulement, assez élevé cependant pour couvrir les engagements vis à vis des salaires bas et moyens. La PBGC est financée par des prélèvements obligatoires sur les régimes de retraite privés. Pour l'instant, elle peut encore faire face aux défaillances d'entreprises, mais si la crise perdure, elle pourrait dégonfler cette bouée de sauvetage. « L'Etat ne veut pas augmenter les cotisations malgré les menaces liées au nombre de faillites, pour ne pas pénaliser davantage les entreprises. Par conséquent, il est possible de voir augmenter les impôts pour financer les retraites », analyse Lucy apRoberts.
Cette même instance, la PBGC, a évalué récemment le déficit de financement du fonds de pension de General Motors à 20 milliards de dollars à la fin 2008 (12,4 milliards selon GM). Alors que le système disposait de 20 milliards de surplus un an plus tôt ! Mais la crise financière, qui est passée par là, aurait effacé à elle seule plus de 10 milliards de disponibilités. En outre, GM avait pris la mauvaise habitude de piocher dans ce fonds pour financer ses plans de départs volontaires. 2,3 milliards de dollars ont ainsi été engloutis dans ces programmes l'année dernière.
Aujourd'hui, de nombreux salariés qui ont cru leur retraite protégée sont écœurés. Même s'ils bénéficient de la garantie de la PBGC, la crise a en fait éclater une autre, une crise de confiance envers le système. - Source l'Usine Nouvelle du 26/05/2009
Après les tentatives de contrôler notre alimentation ou notre santé en brevetant le vivant (génétique), quoi de plus naturel que d'envisager d'asservir des générations de salariés en récupérant leur argent sans pour autant leur promettre ... la moindre garantie de versement.
Il ne fait nul aucun doute que plusieurs députés et sénateurs se feront dans les mois qui viennent l'écho de de document et le brandiront bien haut en nous expliquant qu'il s'agit d'une étude particulièrement documentée. Le MEDEF, dont la présidente siège, comme Monsieur BEBEAR au conseil d'administration de BNP Paribas trouvera le trouvera "intéressant" et probablement que Frédéric Lefebvre proposera de le mettre en place le plus vite possible pour "le plus grand profit" des français ....
Vous laisserez-vous faire cette fois-ci ?
Libellés : assurances, banques, capitalisation, capitalisme, retraites