Des décors paradisiaques, la plage, les sourires... et une fiche de paie. N’en déplaise aux producteurs et aux chaînes de télévision, la Cour de cassation a tranché en estimant que participer à «l’Ile de la tentation» sur TF1 était un vrai travail pour les participants. La décision juridique, légitime, va bouleverser la téléréalité.
Edouard Boccon-Gibod, le dirigeant de TF1 Production, s’étonne encore de l’arrêt rendu hier mercredi 3 juin par la Cour de cassation. Pour lui « on ne demande aux participants que de draguer et de se marer ». Maître Jérémy Assous, avocat d’anciens candidats de « l’Ile de la tentation », paraissait au contraire soulagé face aux journalistes à qui il a déclaré qu’il ne s’agira plus désormais « d’utiliser des candidats 24 heures sur 24 et de les priver de communiquer, d’aller et venir et même de se nourrir ». Participer à une émission, fut ce bien entouré sur des plages de sable fin, pourra être assimilé à un contrat de travail.
Saisie par TF1, la chambre sociale de la haute juridiction a ainsi confirmé la décision rendue en février 2008 par la cour d’appel de Paris. Les candidats envoyés douze jours sous les cocotiers se verront cependant refuser les indemnités réclamés aux plaignants pour travail dissimulé, la Cour ayant estimé que la société de production n’avait pas contourné la loi "intentionnellement".
Maître Thibault Guillemin, avocat de la Une, prend acte de l’arrêt de la Cour de cassation qui englobe, selon son interprétation « les émissions avec des participants sous l’œil d’une caméra et sous l’autorité d’un producteur, dans un lieu et pendant une durée donnés ». Interrogé par l’AFP, ALP, qui produit notamment "Koh Lanta" ou "Fort Boyard", n’a pas souhaité réagir à la décision prise par la justice. Si les intéressés s’interrogent désormais sur le comportement des candidats face à la nouvelle donne, les chaînes de télévision, et au premier rang TF1, songent en conséquence à la possibilité de créer un statut réel des participants aux émissions de la téléréalité et de jeux. Ces derniers n’en attendent pas moins.