Magazine France
Deux ans après le début de l’épidémie des « subprimes », les multiples incendies qui s’allument dans la maison du capitalisme a changé de nature.
Après la débandade des banques et des marchés, a succédé la pénible mécanique de la récession qui déroule ses enchaînements implacables d’un bout à l’autre de la planète : effondrement du crédit, contraction du commerce mondial, chute de la production industrielle et inévitable montée du chômage.
Le 19 mars 2009, le fonds monétaire international a donné le tempo : les pays développés devront affronter un recul de leur PIB de 3% !
Anachronique, le 1 avril 2009, les chefs d’états du G20 se sont réuni à Londres avec une mission : repenser la régulation financière, c’est-à-dire une partie de l’avenir du capitalisme.
Peut-on sérieusement rebâtir les fondations d’une maison qui brûle ?
La question est loin d’être anecdotique car force est de constater que, malgré les 1652 milliards d’euros de plan de relance des Etats-Unis, de l’Europe et de la Chine, rien n'y fait.
Dans une large mesure, cette crise historique reste non pensée, dépourvue des analyses nécessaires à la construction d’un corpus intellectuel qui permettrait d’en sortir par le haut.
Certains espèrent encore que le terme « sortir par le haut » veut dire « adaptation » et/ou « inventons un nouveau capitalisme » alors que même Alain Greensman considère qu’il faut changer de modèle de société.
Car la crise que nous subissons n’est pas uniquement financière et économique, elle est également écologique et énergétique. Elle est également la résultante d’une perte de SENS avec l’immense sensation que la citation de Paul Valéry « voici venir le temps du monde fini » entre dans sa phase active. Alors les peurs de régression, de frustration, de manque d’avenir surgissent.
Mais on peut lire autrement cette crise, y voir un catalyseur pour l’humanité qui est conduit à une remise en question salutaire afin que LES progrès induisent LE progrès
Alors tous les espoirs sont permis de reconstruire un autre modèle de société où on replacerait le PIB par d’autres critères d’évaluation de la richesse, où la croissance verte à un sens : le sens de la solidarité spatiale et temporelle.
Mais la France n’y arrivera pas seule et elle a plus que jamais besoin d’une Europe forte et rayonnante qui fait entendre sa voix et donne de l’impulsion.
Dominique Lemoine