Ces dernières années, la relation privilégiée tissée pendant 50 ans entre France et Allemagne s’était distendue. Cette dernière s’était tournée vers l’Europe centrale et orientale, sa zone d’influence « naturelle », alors que la première cherchait à tisser des liens plus étroits avec d’autres partenaires européens et à développer seule son projet euro-méditerranéen. Mais les difficultés communes dues à la crise économique actuelle ont remis les deux partenaires sur la voie de l’unité. « Il était temps » pensent à haute voix tous ceux qui tiennent le couple franco-allemand pour la pierre angulaire de la construction européenne.
Ainsi, au sommet du G20 en avril dernier, la France et l’Allemagne ont-elles entrepris de dénoncer, ensemble, les dangers d’une économie de marché dérégulée (« anglo-saxonne ») qui a conduit le monde au bord du gouffre. Les deux puissances européennes ont mis en avant leur modèle d’économie régulée par la puissance publique (« continental »), en le présentant comme celui de la garantie d’une stabilité au long cours. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, dont les relations personnelles ne sont pas à la hauteur de celles de leurs prédécesseurs, ont lié leurs destins politiques : ils développent les mêmes thèmes dans la campagne électorale actuelle et savent qu’ils n’ont d’autre solution que de se soutenir mutuellement.
Face aux incertitudes à venir (reprise économique, nouveau référendum irlandais sur le Traité de Lisbonne, poursuite de l’élargissement, question turque, défense européenne, environnement…), seule la bonne entente franco-allemande semble en effet en mesure de garantir le fonctionnement de la fragile mécanique européenne.
–
Chronique publiée dans le quotidien Nice Matin le 4 juin 2009.
–
Posted in Europe, Politique