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Par Toréador | juin 4, 2009
A las cinco de la manana...
La guerre des clônes
Malgré le bide total enregistré en commentaires lorsque j'ai traité des stratégies croisées de Dupont-Aignant et de Villiers, je réitère cette semaine la gageure avec la Gauche de la gauche, où se joue officiellement un duel similaire entre l'original (Besancenot) et le clône (Mélenchon). Dans les médias, la montée progressive de Mélenchon est mise au crédit de la dynamique d'union de la gauche, par opposition à un NPA qui refuserait de jouer le jeu.
Comme la télévision aime les scénarios, il y a le Besancenot accusé de récupérer la misère des honnêtes travailleurs d'un côté, et de l'autre le gentil Mélenchon libéré de ses chaînes socialistes et accueilli dans les usines comme un social frère (pour schématiser). A se demander si nos chers médias n'auraient pas reçu consigne du château de maltraiter un peu plus le facteur.
C'est surtout un argumentaire qui présuppose que l'électeur de gauche vote en faveur des partis les plus coopératifs et sanctionne les francs-tireurs. Expliquez-moi qui a été la candidate du PS en 2007 ?
Tout ceci est donc, vous l'aurez compris, du vent. En effet, la Gauche n'arrive plus à mobiliser sur des mythes. Il en va ainsi pour le mythe de " l'unification de la Gauche ", mais c'est pareil pour d'autres grands mythes supposément fédérateurs.
Regardons le mythe de mai 68, que la Gauche étudiante a essayé de faire rejouer en 2008 et en 2009. Toute cette mascarade mobilisatrice a fini en eau de boudin. Idem pour le fameux mythe de la " Grève générale ", avec ses grands moments (36, 86, 95). Les cheminots ont bel et bien tenté de réanimer le mythe par massage artificiel, en vain.
Plan d'Occupation du Socialisme (POS)
Donc comment expliquer la montée de Mélenchon ? On voit bien que les stratégies de Besancenot et de Mélenchon sont inversées. Le premier part du radicalisme et va à la pêche de la gauche dure. L'autre part du socialisme et fait le chemin inverse.
Au milieu, on trouve un territoire autrefois occupé par le PCF, mais désormais un peu à l'abandon. Mélenchon a eu l'intelligence d'en acquérir l'usufruit très rapidement. Psychologiquement, cela lui a permis de sublimer son image : non plus le diviseur, mais le rassembleur.
Sauf que ce champ... était désert. Mélenchon n'a pas loué un terrain pour régenter la vie des êtres qui le peuplaient mais pour y installer ses propres colonies. es électeurs de Mélenchon ne viennent pas de la gauche de la gauche mais... du PS.
Le score électoral du parti d'union de Mélenchon n'a donc aucun sens si on le compare au stock de Besancenot, car le premier capte des voix socialistes en déperdition, et le second des radicaux. Il faudra le comparer à celui du PS.
Le PS : suaire de Turbin ou tunique du Christ ?
Mélenchon est donc en train de faire à gauche ce que Dupont-Aignant n'a pas réussi à faire à droite : incarner une alternative idéologiquement plus pure au grand parti hégémonique. Il faut dire que Mélenchon a réussi son pacs avec le PCF, tandis que Villiers a ôté à Dupont-Aignant CPNT et Libertas. Du coup celui qui est resté seul manque d'espace vital, médiatique notamment.
Pour le P.S, le risque est de plus en plus grand en 2012 d'être pris en étau entre le Modem et la Far-Left. Sarkozy, lui, joue une partition plus facile, car le FN est sur la voie descendante et le nouveau- centre reste un cache sexe électoral bien pauvre.
E n même temps, Sarkozy ne devrait pas se réjouir : Bayrou/Sarkozy en 2012, tout sera possible...