Etant bien entendu que, perso, je voterai dimanche pour la liste socialiste – je n’entends pas tirer sur ma famille politique, tout en restant critique quand il le faut – je n’ai aucune hostilité de principe, bien au contraire, envers le «Front de gauche» et les Verts. Ni même envers François Bayrou et le Modem qui n’a plus rien à voir avec l’ancienne UDF. Il s’agira de «voter utile»…
Quant au NPA, c’est l’exemple parfait du «vote inutile» d’autant qu’il restera toujours un mouvement purement protestataire, Besancenot reprochant d’ailleurs au Front de Gauche d’avoir vocation à gouverner si la gauche l’emporte un jour et il me semble bien, pour avoir connu la LCR de l’intérieur que le NPA n’en est qu’une resucée qui désappointera bien vite les militants venus d’autres horizons : la Ligue a toujours été un parti «passoire» !
Selon cet article, de Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, «il se prépare, pour les lendemains du 7 juin, sur injonction des autorités européennes, des décisions extrêmement négatives, accentuant encore le cours régressif, antisocial, antidémocratique des politiques actuelles».
Il est évidemment absolument faux de prétendre comme le fait Sarkozy ad nauseam que «L’Europe protège»… Je suis certaine que même lui n’y croit pas ! Ou alors si : les intérêts de ses amis multimilliardaires aux commandes des multinationales… L’Europe, telle qu’elle s’est construite, n’a jamais été faite pour protéger les citoyens ni en tant que travailleurs (ou retraités) ni en tant que consommateurs. Elle est faite pour nous faire «casquer» un max !
Et comme le souligne l’article, la Commission euro-péenne prévoit 9 millions de chômeurs supplémentaires dans l’UE… Quid des mesures prises pour les aider, relancer l’emploi et la consommation ? Etant entendu que la consommation, n’en déplaise aux libéraux, favorise la croissance, notamment dans un tel contexte de récession sinon déjà de dépression… Mais chut ! comme dirait Christine Lagarde, il faut se garder d’utiliser «les mots qui font peur» ! Comme si elle évitait le danger…
Cette Europe ultralibérale – surtout depuis le milieu des années 80 - n’a même pas été capable de maintenir un principe pourtant essentiel : le «tarif extérieur commun» en matière de droits de douane, lequel a volé en éclats avec le GATT et plus tard l’OMC…
Serions-nous inondés de merde chinoise, dépossédés de notre industrie si la Commission n’avait pas appliqué les principes du libéralisme économique poussé au maximum : «laisser-faire, laisser-passer» que l’on peut traduire aussi par «le libre renard dans le libre poulailler», étant entendu que nous sommes bien les pauvres poules livrées à sa merci.
Patrick Le Hyaric reproche par ailleurs à la Banque centrale européenne – indépendante des politiques mais en est-il de même des décideurs économiques ? – d’avoir fait de l’euro une monnaie spéculative «surévaluée au point qu’elle pousse aux délocalisations d’entreprises dans les zones dollar. Ceci ne cesse de détruire des emplois et des entreprises».
Mais comment s’en étonner ? Déjà, avant 1981, la politique du «franc fort» voulue par Raymond Barre avait été désastreuse pour l’économie en général et l’emploi en particulier… Jean-Claude Trichet, gouverneur de la Banque de France de 1993 à 2003 n’a eu de cesse d’apprécier le franc, ce qui était aussi dommageable pour l’économie. Comment s’étonner que devenu président de la BCE il ne favorise pas «l’euro fort»… au détriment bien entendu des exportations, et donc de l’emploi !
Cette Europe n’est nullement faite pour nous protéger. Sinon, il y a belle heurette que l’Europe sociale – promise par Jacques Delors pour «l’après Maastricht»… On l’a bien eu dans le cul ! – serait faite et qu’en accordant des délais aux nouveaux Etats, ils seraient obligés de respecter les directives européennes qui tireraient les droits sociaux «vers le haut».
De même que l’Europe fiscale – elle n’existe qu’en matière de TVA, commerce oblige ! – harmoniserait les impôts et taxes dans l’ensemble de l’UE pour interdire tout velléité de «dumping fiscal» qui favorise à l’évidence les délocalisations intra-européennes vers les pays les «moins disant»…
A quelle sauce – ultralibérale en diable - Nicolas Sarkozy prévoit-il de nous manger dès après le 7 juin 2009 pour se mettre en conformité avec les diktats de l’Europe et plus précisément une recommandation du Conseil européen au gouvernement français daté du 28 avril dernier : «Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour améliorer l’assainissement budgétaire».
Ce document, que le pouvoir et sa presse gardent bien secret, demande aussi de respecter scrupuleusement «l’objectif d’encadrement des coûts, annoncé par le gouvernement, à savoir une croissance zéro en volume des dépenses publiques».
Il est évident que pour atteindre cet objectif, le gouvernement accentuera encore la diminution de tous les emplois publics : éducation nationale, universités et recherche, hôpitaux, La Poste, les transports publics, et plus généralement, l’ensemble des services publics. On sait que même la police ne devrait pas y échapper puisque certaines de ses missions – pourtant régaliennes, idem d’ailleurs l’armée – devraient être assurées par des entreprises privées, au nom d’une prétendue «co-production» !
Mais cela n’est pas tout… Nous devons nous attendre, pauvres con…tribuables à mettre encore davantage la main à la poche ! Contrairement à ce que soutenait très dernièrement Xavier Bertrand, mais il est vrai qu’il n’envisageait que la fiscalité des plus riches : l’ISF et le calamiteux «bouclier fiscal» qu’il n’est – bien entendu - pas question de démanteler !
Il est tellement plus facile de faire payer les pauvres puisque nous n’avons qu’un seul tort, dixit Jules Renard : être autrement nombreux que les grosses fortunes ! Certes, les sommes peuvent être moindres mais les petits ruisseaux font les grosses rivières… de diamant ?
Dans une sorte d’inventaire à la Prévert, je cite : réinstaurer une vignette automobile, augmenter la TVA, réduire la retraite des mères de famille, réduire encore les crédits alloués à la recherche – pour la privatiser à terme ? - de nouvelles hausses des tarifs publics, des nouvelles privatisations – celle de La Poste serait prévue pour l’automne – et étrangler un peu plus les collecti-vités locales, ce qui n’est pas difficile : le pouvoir se déchargeant d’un nombre toujours croissant de missions sans donner les subventions nécessaires alors que la suppression de la taxe professionnelle les privera de subsides importants et vitaux pour l’équilibre de leur budget.
Quant à l’Europe sociale et particulièrement sur le droit du travail, elle est effectivement en marche mais absolument dans le mauvais sens !
Il ne s’agit même plus de «détricoter» la réglementation protectrice mais de la supprimer totalement… Vous rêviez de vivre au XIXe siècle, à l’heure bénie de la révolution industrielle et des patrons de droit divin lorsque les syndicats étaient interdits et qu’aucune loi ne protégeait les travailleurs : hommes, femmes et enfants ? Votre voeu sera bientôt exaucé !
Il ne s’agit ni plus ni moins d’en finir avec le Code du travail, de supprimer le contrat de travail à durée indéterminée pour obéir aux injonctions de Bruxelles : créer «le cadre d’une stratégie intégrée en matière de flexicurité, pour adapter (l’emploi…) aux besoins du marché du travail».
Les agriculteurs ne seront guère épargnés. Au démantèlement de la PAC, s’ajoute la libéralisation totale des quotas laitiers et l’alignement des prix sur les cours mondiaux, décidés sous la présidence française Sarkozy-Barnier de l’Union européenne. Drôle de bilan !
La crise actuelle du lait et le bras de fer des producteurs avec l’industrie laitière sur le prix du lait n’en est que l’illustration la plus parfaite. Sans aucun bénéfice pour les consommateurs : les produits laitiers et les fromages n’en augmenteront que davantage… Combien de temps encore accepterons-nous d’engraisser ces porcs ?
Nous voilà, dans tous les sens du terme : «taillables et corvéables à merci»… Je dirais une fois de plus que c’est exactement le retour à l’Ancien Régime.
Citoyen(n)es, consommateurs/trices, contribuables, salarié(e)s, retraité(e)s : rebiffons-nous ! Le 7 mai 2009 nous avons déjà l’occasion de dire «non» à toutes ces politiques qui nous étranglent… Refuser de subir et de se laisser enfumer par la propagande de l’UMP et mettre, à défaut du vrai qu’il mérite, un bon coup de pied moral au cul de Nicolas Sarkozy !
Un «vote sanction» aussi utile pour la France que pour l’Europe…