Dans cette médiatique histoire de commémoration du débarquement du 6 juin 1944, Nicolas Sarkozy a joué et il a perdu. Son heure de gloire à laquelle il aspirait tant, face à la mer sur cette plage historique, main dans la main avec le président Obama, chabadabada, chabadabada, et, en arrière plan, les Premiers ministres anglais et canadiens, quelques courtisans et les épouses endimanchées, c’est raté. C’est raté à cause de lui seul et de son fol besoin de paraître comme l’alter ego européen du Président des Etats-Unis. Attitude ridicule qui fait sourire et ricaner en France et en Belgique mais il faut tout de même souligner qu’il est très populaire en Europe et dans le monde, notre petit Bonaparte.
Nicolas Sarkozy ne sera donc pas main dans la main avec un Grand de ce monde comme le furent, dans d’autres circonstances et pour l’Histoire, François Mitterrand et le chancelier Kohl et, plus loin dans le temps, le Général de Gaulle et le chancelier Adenauer. Pire, il va devoir se farcir le prince Charles d’Angleterre au lieu de la reine Elizabeth. L’ado sexagénaire qui fait peine à voir viendra donc a la place de sa maman s’immiscer dans le petit comité. Entre Barack et Nicolas. Imaginez la photo. C’est la réponse de la Bergère de Buckingham au Berger de l’Elysée. Soyons fair-play, c’est bien joué, c’est du grand art digne de la « Perfide Albion ».
Tout ça est arrivé parce que le Président des Etats-Unis a souhaité, à juste titre, la présence de la Reine Elizabeth. La commémoration du Débarquement en Normandie n’est évidemment pas un show franco-français où le Monsieur Loyal s’appellerait Nicolas. Les Américains sont tout de même les héros du Débarquement libérateur avec les Britanniques, les Canadiens et quelques autres. Et Elizabeth n’est rien de moins que le « chef de l’Etat » et de ce qui reste de l’Empire britannique, même si cela fait ricaner la plupart d’entre nous. Le Premier ministre Gordon Brown n’est qu’un sujet de Sa Très Gracieuse Majesté, ne l’oublions pas. Si nous on s’en fout, ce n’est pas le cas chez les Brittons.
Je ne voudrais pas terminer ce billet sans évoquer la belle langue de bois maniée sans complexe de part et d’autre du tunnel sous la Manche. Du côté sarkozien on parle de cafouillage, d’imbroglio (on dit imbroLio - c’est un mot italien - et non pas imbroGlio comme sur la plupart des chaînes radios et télés). Un “oubli involontaire” qui a eu une résonance médiatique exagérée. A Buckingham, on a rétorqué de manière fielleuse en plein incident diplomatique que ni la reine ni aucun membre de la famille royale ne participerait aux commémorations du Jour-J le 6 juin, puisque « nous n’avons reçu d’invitation officielle pour aucun des événements» prévus ». Maintenant l’incident est clos et Nicolas est KO.
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Photo empruntée au site de la Tribune de Genève (www.tdg.ch)
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