« Mon restaurant propose des spécialités Auvergnates. Venez quand vous pourrez ». Etrangement, parfois, on peut ne pas résister à l’appel du pounti (plat à base de blettes et de pruneaux). C’est donc avec un Lozérien sous le coude que l’on part vers cette Auvergne qui nous fait saliver et…déchanter. Sur la carte où les fautes d’orthographe s’empilent, cette belle région côtoie les tagliatelles carbonara ou les linguine aux langoustines qui comme chacun le sait, ne sont pas franchement des spécialités de Clermont-Ferrand ou d’Aurillac et encore moins de Saint-Pourçain sur Sioule. Pourquoi cette multiplication des genres ? Et pourquoi cette carte longue comme un bras qui ne fleure pas franchement le respect des saisons, Saint-Jacques à la provençale ou en carpaccio au citron vert sans oublier le duo de girolles et cèpes en persillade ou en risotto. Le pounti s’en sort avec les honneurs mais nous en avons goûté des meilleurs à deux pas d’ici au Réveil du Xe. Pour le reste, les toasts aux fromages d’Auvergne se sont avachis, l’aligot a préféré se recroqueviller sur lui-même histoire de montrer qu’il était incapable de prendre de la hauteur, la truffade ne semblait pas posséder des papiers Auvergnats et la joue de bœuf braisé au Marcillac est repartie en cuisine avec un goût faisandé. « C’est le vin qui lui donne ce goût et vous savez le monsieur au fond de la salle, il a adoré ». Le Marcillac n’est certes pas le plus grand cru de la terre mais tout de même, ne l’incriminons pas, il n’a pas ce pouvoir de détruire un plat et puis le monsieur au fond de la salle, peut-être fume t-il deux paquets de Gitanes par jour et que son palais a rendu l’âme. Qui sait ?
5, rue des Petits Hôtels. 10e. Tél. : 01 40 22 03 95. Menus : 24 et 30 €. A la carte, compter de 25 à 45 €. Fermé le samedi et le dimanche. M° : Gare de l’Est.